April 26, 2024
Hennessy Court 3rd floor Sir John Pope Hennessy street Port-Louis
Opinion

LA SANTÉ DE NOS PREMIER MINISTRABLES EST DU DOMAINE PUBLIC

Si la constitution américaine a des règles très stricte sur les conditions d’exercice des Présidents,qui encouragent la transparence sur leur santé,la plupart des chefs d’Etat (et ceux qui sont en course pour prendre sa relève) dans le monde entier ne révèlent leurs maladies que contraints par la pression médiatique. Faut-il dire la vérité sur la santé de nos Premier ministrables? Sans doute, se sentent-ils tenu à une obligation de transparence, mais aucune loi ne leur impose de dire la vérité. Et, surtout, leurs médecins, comme tous les autres, sont tenus au secret médical. Ce qui limite par définition toute « opération vérité »dans ce domaine.La seule information légitime que l’on doit aux Mauriciens à propos de la santé de leur Premier Ministre et de celui ou ceux, qui aspirent à le succéder, c’est de leur dire s’il est en état physique et mental de gouverner ou d’accéder au fauteuil de PM; et de prendre en toute lucidité les grandes décisions politiques, économiques, internationales,qui s’imposent et qui vont influencer la vie d’un peuple. Là où les choses se compliquent et prêtent à des interprétations de toutes sortes, c’est quand on entreprend de fréquents voyages,payés des fonds publics, sans que la population n’en sache les vrais motifs et elle laisse ainsi libre cours à des rumeurs. Oui, nous admettons que nos dirigeants en vue, s’ils ont sans doute un mental particulier, sont biologiquement des hommes comme les autres, souffrant de petits maux souvent, parfois de plus graves. Mais est-il illusoire que d’exiger une transparence totale sur leur santé?L’Amérique, traumatisée après les mensonges de Roosevelt, qui souffrait d’une poliomyélite sans le dire, et ceux de Kennedy atteint en secret d’un syndrome d’Addison (une maladie endocrinienne rare), a imposé des règles absolues de vérité sur l’état physique des présidents, impossibles à transgresser. À l’inverse, nous avons une longue tradition de mensonges d’État sur ces questions, mensonges que les différents peuples considèrent avec une certaine indulgence. En tous cas, à Maurice il s’avère, plus périlleux, lorsqu’on est un leader politique et un peu fragilisé par des ennuis de santé, même minimes.Au-delà de ces considérations, on peut aussi se dire que la vie privée de ces hommes doit être nécessairement cantonnée dans un cadre étroit. Ainsi, l’état de santé, qui relève normalement de la vie privée d’une personne, nous semble rentrer dans le champ de la vie publique s’il risque d’avoir des incidences sur la gestion des affaires publiques. Dans cet ordre d’idées, la question de la santé de Pravind Jugnauth et de ceux qui ont la prétention de le faire choir de son piédestal, en particulier NAVIN RAMGOOLAM ne doit pas rester un sujet privé, elle nécessite d’être traitée dans le débat public. D’abord, évoquons la santé de notre Premier Ministre. À 57 ans, il n’a pas l’âge de ses artères et les années qui passent semblent lui faire du bien.C’est certes la conséquence d’une vie d’hygiène impeccable et comble de pratique sportive régulière,il répond à toutes les exigences qui dictent le poste. Dans son cas, le peuple ne peut être que pleinement rassuré. Cet état de santé est aussi relié autant à la volonté de la Providence (qu’on sous-estime trop dans ce monde matériel) qu’au facteur génétique. Sous ce dernier registre, retenons que malgré l’âge avancé de son père SAJ, celui-ci avait conduit les affaires du pays sans anicroche,grâce à une existence saine. Tel père, tel fils! Peut-on en dire autant pour celui qui se pose comme le rival direct de P. Jugnauth ? À vue d’oeil,il va sans dire que Navin Ramgoolam a régressé
physiquement et son visage est définitivement marqué (fatigue ou pas, on en sait peu). Mais,on connait son train de vie effréné, au fil de son cheminement politique et qui porte des traces.D’une certaine façon, cela révèle les difficultés qu’il pourrait avoir à concilier son état de santé, élément de vie privée, et les intérêts de la nation.
A. Raschid MEERUN