April 25, 2024
Hennessy Court 3rd floor Sir John Pope Hennessy street Port-Louis
Politique

Le harcèlement des médias sous le régime PTr.

La liberté de la presse est le poumon de toutes les démocraties qui se respectent. Cette maxime s’appuie sur les principes fondamentaux que son la liberté d’expression et d’opinion. Le Parti Travailliste (PTr), qui s’autoproclame défenseur des journalistes semble avoir la mémoire courte. Tous se souviennent des sorties virulentes de Navin Ramgoolam lors de son règne de 2005 à 2014. La parole s’envole, mais les écrits restent.
Par Cassam Dhunny

C’est connu de tous ! Navin Ramgoolam digère mal les critiques. Le leader des rouges n’a pas été tendre envers les membres de la presse durant son mandat.

Pour rappel, en 2007, trois journalistes sont arrêtés par la police pour diffusion de fausses nouvelles. Il s’agit Gérard Cateaux, ancien rédacteur en chef de Week-End, et d’Anabelle Volbert et Josian Valère, deux anciens membres de la rédaction de Radio Plus. Ces arrestations avaient choqué l’opinion publique. Selon les informations disponibles à l’époque, l’ordre d’arrêter ces journalistes avait été pris en haut lieu. Week-End avait publié un article faisant état d’une importante somme d’argent découverte dans le bureau d’un ancien Surintendant de Police, qui était affecté à la région des hautes Plaines-Wilhems. Cette information avait par la suite été diffusée sur les ondes de Radio Plus. A l’époque Josian Valère déclarait dans les médias que son arrestation était « arbitraire, illégale et injuste »

En 2008, le directeur des poursuites publiques (DPP) décide de rayer la charge de diffamation criminelle qui pesait sur les trois journalistes ainsi que et l’interdiction de quitter le pays. Les relations entre Paul Bérenger et Navin Ramgoolam n’étaient au beau fix en ce temps-là. Et le leader des mauves n’a pas cessé de dénoncer ces arrestations et de les qualifier de « répressions contre la presse ». L’Histoire retiendra que c’est ce même Paul Bérenger qui contracta une alliance avec le PTr lors des législatives de 2014.Ramgoolam n’est pas tendre envers les journalistes. Il fait le procès de la presse sur la place publique et n’hésite pas à qualifier certains journalistes de « semi-intellectuels » en ajoutant également que ces journalistes « n’ont aucune humilité et écrivent sur des sujets qu’ils ne connaissent pas. »

La réponse de Navin Ramgoolam ? Il fait le procès de ces journalistes que se « se croient plus intelligents que d’autres ». Il accuse certains journalistes de n’être que des semi-intellectuels qui écrivent sur des sujets qu’ils ne connaissent pas. Il trouve aussi que ces journalistes n’ont aucune humilité et écrivent sur des sujets qu’ils ne connaissent pas. Le leader des rouges s’est indigné du fait que certains journalistes donnent leurs interprétations d’une information au lieu d’en donner uniquement les informations nécessaires. L’arrestation des trois journalistes est également relayée par les médias étrangers. Reporters sans frontières évoque l’arrestation de ces trois journalistes sur son site avec comme titre : « Île Maurice : premières arrestations de journalistes depuis 13 ans. » Cet organisme écrit également que « bien placée dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2007 (25e), l’Île Maurice n’avait pas connu d’arrestation de journalistes depuis 1994.

En 2010, Navin Ramgoolam s’attaque personnellement à la presse plus précisément à Rabin Bhujun, qui était alors rédacteur en chef de l’Express Dimanche. Ce dernier a interrogé Navin Ramgoolam sur le boycott gouvernemental d’une section de la presse. La réplique du leader du PTr fut cinglante et demanda au journaliste d’arrêter de se plaindre et d’ajouter : « Dites-moi une chose. Ou ena lespri ? Ou ena lespri ? Si vous n’êtes pas content vous pouvez partir bonhomme. C’est ridicule. Al aprann inpe bonom. » Face à cette hargne et attitude dédaigneuse de l’ancien PM, Rabin Bhujun proteste, se lève et quitte la conférence de presse. Raj Meetarbhan, ancien rédacteur en chef de L’Express avait aussi pris pour son grade, et cela même s’il n’était pas présent à ladite conférence de presse.

Nous sommes toujours en 2010, Navin Ramgoolam n’a toujours pas changé, idem de son attitude envers les médias. Le leader des rouges va même plus loin ne menaçant qu’il prendra des mesures pour que les journalistes marchent au pas. Celui, qui s’est aujourd’hui autoproclamé défenseur de la liberté d’expression, avait déclaré que les journaux publiaient que des mensonges et des faussetés, et que le public ne devrait pas prendre au sérieux tout ce qui est écrit dans les journaux ou diffusés sur les ondes des radios privées.
Quelques mois plus tard, soit en 2011, Navin Ramgoolam fait une sortie contre le journal Week-End. Il accuse les journalistes d’être à la solde du Mouvement Militant Mauricien (MMM). A cette époque les critiques et attaques fusent entre le MMM et le PTr. Certaines sections subissent toujours le boycott en termes de publicité gouvernementale.
Les actions de Navin Ramgoolam ne sont passées inaperçues. A l’étranger, Reporters sans frontières dénonce ces actes : « Nous condamnons l’attitude du Premier ministre, Navin Ramgoolam, qui met régulièrement en avant la modernité de Maurice, mais réagit en l’occurrence de façon rétrograde. »
Aujourd’hui Navin Ramgoolam s’indigne et se veut le protecteur de la liberté d’expression.

LES JOURNALISTES ARRÊTÉS sous NAVIN RAMGOOLAM

2005
La journaliste Sarah Persand, le caméraman Sadeck Moco et le chauffeur Ravind Boodhoo ont été suspendus par la MBC pour n’avoir pas couvert la visite de Satyanarayan Rao au bureau de Navin Ramgoolam. Ce dernier aurait téléphoné à la MBC pour réclamer des sanctions.

2009
Irfaad Olitte et Deven Anacootee, deux journalistes de Radio Plus, sont arrêtés et jugés coupables après avoir pénétré dans une zone interdite proche de la résidence de Navin Ramgoolam à St-Paul. Le verdict a été annulé vu que la zone interdite dans cette affaire signifie priver la liberté de mouvement des citoyens dans un lieu culte, ce qui va à l’encontre de ce que garantit la constitution. L’ancien journaliste de la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC) Nadarajen Pillay a été interpellé par la police le lundi 5 janvier. Il est accusé d’avoir tenu des propos déplacés à l’encontre du Premier ministre, le 1er janvier 2009. Le journaliste aurait téléphoné à la résidence de Navin Ramgoolam dans la soirée du 1er janvier pour lui exprimer son désaccord sur son discours de fin d’année à la nation mauricienne. Il reprocherait au chef du gouvernement de ne pas avoir fait mention des affaires ayant trait au travail social dans son discours du Nouvel an. Il s’avère que Nadarajen Pillay aurait tenu des propos pas très flatteurs à l’encontre de Navin Ramgoolam. Des propos qui ont été par la suite rapportés au Premier ministre.

2011
Le journaliste Dharmanand Dhooharika est condamné à 3 mois de prison. Il devra aussi payer une amende de Rs 300 000. La directrice de Contact Press Ltd avait écopé d’une amende de Rs 300 000. Ehshan Kodarbux, alors directeur du Défi Media Group, a été condamné à une amende de Rs 200 000. Le DPP leur reprochait d’avoir “publicly scandalised the Supreme Court and brought the administration of justice into disrepute en 2010 “

2012
Bam Fareedhun et Jimmy Jean-Louis avaient été convoqués un 24 décembre dans le cadre d’une enquête policière lié à une déclaration politique.L’ancien directeur du journal Sunday Times, Imran Hosany, refuse de divulguer la source à l’origine de la fuite des photos du cadavre de Michaela Harte. Il passera une nuit à Alcatraz et sera trouvé coupable d’Outrage against public and religious morality.