November 5, 2024
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Opinion

L’île Maurice se relance et l’opposition s’englue davantage

Rien ne va plus pour l’opposition, aucun argument ne semble leur donner des arguments fiables pour prétendre offrir une alternance à la population. Fragilisée par cette impuissance, elle est aussi minée par des divisions qui, à coup sûr, vont devenir plus pressantes.

Dès l’année dernière, à l’annonce de la formation d’une plateforme d’opposition incluant Roshi Bhadain, mais excluant le Parti travailliste (P. Tr), il était clair que cette idée allait rencontrer des difficultés pour se donner une dynamique, étant minée par des contradictions internes. Cette plateforme, formée, assuraient ses dirigeants, pour affronter le gouvernement en cas d’élections municipales, doit maintenant compter avec un pouvoir bien parti pour gagner la bataille sanitaire et pour relancer l’économie. Car ce sont bien là les deux grands défis du gouvernement. Même les voix urbaines qui se font entendre sur les radios commerciales et dans la presse, pour s’opposer à la politique du gouvernement, sont en train de se raréfier. Car c’est à sa capacité d’enrayer la propagation de la pandémie et de redonner confiance aux secteurs d’activité pour relancer l’économie que le gouvernement sera jugé. Dans l’immédiat, et même s’ils ne reconnaissent pas publiquement, les esprits critiques avouent que la tache de l’opposition risque de se révéler compliquer pour chercher la petite bête à Pravind Jugnauth.

les années 80

Car cette pandémie et ses conséquences sur l’économie sont en train d’étoffer le Premier ministre, confronté à une situation extrêmement difficile. Dans les années 80, c’est une situation économique sombre conjuguée à la fragilisation de son gouvernement par l’affaire des Amsterdam Boys qui avait donné de l’étoffe à Sir Anerood Jugnauth, lui permettant de chercher en lui-même les capacités de Premier ministre.

La situation est encore plus difficile pour Pravind Jugnauth puisqu’il est confronté à une pandémie qui a mis à genoux l’économie mondiale. Donc, à l’urgence de prendre de bonnes initiatives pour relancer l’économie, il doit aussi sécuriser l’état sanitaire de l’ile Maurice. S’il y arrive, il pourra certainement avec une certaine sérénité l’échéance des prochaines législatives générales. Mais, déjà et sans risque de se tromper, on peut affirmer qu’il peut compter sur une opposition anémique et incapable d’imagination. Ce facteur devait lui permettre de se pencher sur la reprise avec tout le temps nécessaire. Son intervention, ce dimanche 25 avril 2021, indique le nécessaire bon sens indispensable à une relance prudente et surtout en se gardant de tout élan triomphaliste. Toutes les mesures prises depuis l’apparition de la Covid-19 et le premier confinement au début de 2019 ont été marquées par la prudence.

Circonspection

Cette année, après une période plutôt angoissante, le gouvernement a fait preuve de la même circonspection afin de sécuriser la population et aussi garder toutes les chances intactes pour amorcer la reprise des activités dans les meilleures conditions possibles. Mais le plus dur n’est pas passé, car le défi économique va se poser avec acuité au gouvernement. Mais le gouvernement ne gagnera la bataille seule et avec ses seules armes et, ne serait-ce que dans le secteur touristique, il faudra compter sur le sens civique de la population pour que Maurice retrouve son activité. Tout indique que les touristes recommenceront à voyager que s’ils ont la certitude que leurs destinations privilégiées leur promettent la sécurité, des tarifs compétitifs et un environnement sain. À ce jour, les meilleurs endroits de l’ile Maurice ont toujours été les localités et les rues situées dans le littoral, là où les hôtels s’assurent quotidiennement que les rues sont propres et les espaces verts entretenus.

Conseils de Districts

Il implique à l’ensemble des opérateurs engagés dans le tourisme de repenser cette activité afin qu’il ne reste pas confiné sur le littoral et offrant l’image d’une industrie repliée sur elle-même. Pour ce faire, ces opérateurs doivent engager un dialogue clair et honnête avec les Conseils de Districts pour que les petites localités des sites balnéaires se sentent concernées par la reconstruction de cette industrie terrassée par la Covid-19 et qui fournit plus de 100 000 emplois directs et indirects. Ce sont les hôteliers qui sont à même de cerner cet enjeu en raison de leur expérience et non pas les élus locaux, trop politisés et ne connaissant pas ce secteur. Ainsi, il appartient à ces opérateurs de faire le premier pas, l’État étant responsable de s’engager dans des décisions politiques.

Environnement et accueil

En quoi consistent celles-ci ? D’abord d’environnement et d’accueil. Car il n’est plus permis que le service de voirie des Conseils de Districts ne prend le service qu’après le début des activités professionnelles et l’ouverture des commerces dans les grands centres comme Triolet ou Centre de Flacq. Il faut aussi que ces collectivités fassent le ménage dans le trafic de leurs routes principales en interdit, entre autres, le parking sauvage. Dans le même temps, il n’est essentiel que les infrastructures publiques, comme les trottoirs et les canalisations, soient remis à neuf. Mais les commerçants aussi doivent faire leur part du boulot en rénovant leurs commerces et les entretenant en permanence. À cela, il faut que les citoyens accomplissent leurs devoirs civiques en maintenant la propreté des lieux publics pour peu que ceux-ci munis de poubelles régulièrement vidées.

Toutes ces suggestions risquent de rester des vœux pieux si les opérateurs touristiques et les collectivités locales continuent à se regarder en chiens de faïence. Il faudrait peut-être établir des assises générales du secteur du tourisme pour cerner les enjeux dans ce secteur et proposer des réponses, mais il est certain que la solution n’est plus de faire comme avant compte tenu de l’ampleur du défi.

Cassam Dhunny