April 26, 2024
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Opinion

L’interminable partie de quitte ou double

Notre microcosme politique est en ébullition. On n’a jamais rien vu de tel depuis les élections générales de 2014. Le déclencheur a été le “sniffing saga”, cause de tant de maux pour Pravind Jugnauth et son gouvernement qui subissent la pire bourrasque depuis leur installation à l’hôtel du gouvernement alors que jusqu’ici, ils avaient affaire à une opposition disparate et affaiblie. Faut-il vraiment s’en étonner ? Tout le tohu-bohu auquel nous assistons en ce moment était prévisible. Nous avions été prévenus de l’avènement d’un “tsunami politique”. Nous n’en sommes pas loin.

Ce que de nombreux Mauriciens appelaient de tous leurs voeux est sans doute en train de se réaliser sans qu’ils s’en rendent compte. Il s’agit du regroupement sans précédent des forces de l’opposition tant au Parlement qu’à l’extérieur. Ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi, à tout le moins pour la santé démocratique de notre pays. Ce mouvement est-il appelé à durer ? C’est la suite des événements qui nous le dira. Toujours est-il que les partis de l’opposition ne semblent pas lâcher prise alors que Pravind Jugnauth résiste aux attaques frontales de ses adversaires. Ce ‘tug of war’ est tout à fait compréhensible tant l’enjeu est grand. La question qui importe, c’est qui l’emportera ?

Au-delà des coups que s’échangent les deux camps, ce qui mérite attention, c’est ce regroupement inespéré des trois principales formations politiques de l’opposition soutenues par les Bodha, Badhain, Laurette et consorts. Jamais a-t-on vu autant de conférences de presse conjointes pour parler d’un même sujet et d’une même voix. Il y a eu mieux : les députés des trois formations de l’opposition sont descendus dans la rue, mercredi, scandant des slogans pour réclamer la démission du Premier ministre et de son gouvernement allant même jusqu’à défier la police en s’arrêtant momentanément devant le bureau de ce dernier.

Une situation inédite et inimaginable il y a encore quelques semaines. De là à parler de dynamique de l’opposition, il vaut mieux faire preuve de prudence d’autant que pour certains au sein ce regroupement, Navin Ramgoolam est toujours considéré comme un paria par une partie de l’opinion publique. Il n’en demeure pas moins cependant que ceux-là même qui veulent tenir le leader du Parti Travailliste à distance, sont conscients qu’ils ne pourront se passer de la force de frappe et de la machinerie des rouges en cas d’élections qu’elles soient municipales ou générales.

Dans un tel contexte les élections municipales, que l’on prévoyait pour cette année, risquent fort d’être renvoyées aux calendes grecques. Autant dire que la partie de quitte ou double autour de la ‘‘sniffing saga’’ risque de durer encore de longs mois.

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