November 11, 2024
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Opinion Politique

L’ombre de la Covid-19 : la menace pourla réouverture

Tous les pays le savent : aucune promesse de relance n’est acquise tant que planeront la menace de la Covid-19 et ses variants. À Maurice, au moment de rouvrir par étapes nos frontières voilà que la pandémie commence à se répandre, occasionnant de véritables mouvements de psychose parmi la population. Encore une fois, parmi les origines de cette recrudescence se trouvent deux regroupements familiaux. Ici même, nous avons, à maintes reprises et récemment, en citant l’exemple des pays comme la Chine et l’Arabie Saoudite, interpellé le gouvernement afin que la loi soit mise en vigueur sans complaisance.

Dangerosité de la pandémie

Ce n’est pas une bonne nouvelle que l’augmentation quotidienne des cas de contamination à la Covid-19 intervienne au moment où des étrangers peuvent refouler le sol mauricien depuis le jeudi 15 juillet. Certes, ni le gouvernement ni la population n’avaient la certitude que la pandémie était éradiquée, car chaque jour, les nouvelles de l’étranger nous rapportent des tristes chiffres de contamination par milliers, avec déjà le chiffre effrayant de 4 millions de morts. Les Mauriciens sont donc très conscients de la dangerosité de la pandémie, surtout de son variant Delta. Selon le magazine Le Point, des pays déjà violemment touchés l’an dernier subissent une année 2021 encore plus mortelle, principalement en raison de l’apparition des variants. On compte ainsi plus de 284 000 morts au Brésil depuis janvier, contre 195 000 en 2020. Mais depuis mi-avril, le nombre quotidien de morts brésiliens diminue. La même tendance est observée au Pérou jusqu’au 2 juin, où un conseil technique a réévalué les critères de décompte des morts, triplant le bilan et faisant des Péruviens la population la plus touchée par la pandémie. En Argentine, en revanche, la mortalité est encore sur une pente ascendante. En Inde, enfin, le mois de mai avait été deux fois plus mortel qu’avril. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime même, en prenant en compte la surmortalité directement et indirectement liée de la Covid-19, que le bilan de la pandémie pourrait être deux à trois fois plus élevé que celui officiellement recensé. Une part importante des cas les moins graves où asymptomatiques reste aussi non détectée malgré l’intensification du dépistage dans de nombreux pays, comme c’est le cas à Maurice.

Facteur X

C’est ce facteur X qui fait craindre le pire à la population à l’arrivée des premiers touristes, même si le gouvernement et les opérateurs touristiques ont donné l’assurance d’avoir mobilisé tous les moyens pour les accueillir et les héberger. La première étape de la réouverture de nos frontières devrait nous livrer une série d’enseignements tant au niveau des touristes eu égard à leurs attentes et leur état d’esprit qu’en matière de notre capacité à gérer l’épidémie dans la perspective de la deuxième phase de la réouverture. Ici, encore, la grande inconnue dans l’équation touristes-hôtels-pouvoirs publics reste le comportement civique des Mauriciens. Les deux récents rassemblements familiaux ont mis en évidence la légèreté dont faisaient montre certaines familles, peu soucieuses de la gravité de la pandémie, et la rapidité avec laquelle elle se répand.

Moyens colossaux

Dans de telles circonstances, et en tenant compte de la mobilisation par l’État des moyens colossaux, certains de nos citoyens en sont réduits à un état de fatalisme, alors que d’autres réclament l’application sévère de la loi. Ni l’un ni l’autre ne doivent prévaloir — encore que la deuxième ne doit pas compter pour du beurre — mais tout simplement un véritable sursaut de nos compatriotes.

L’année dernière, au moment où l’épidémie se répandait dangereusement à travers le monde, la population mauricienne avait été exemplaire, si bien que l’île Maurice s’était vu décerner le label ‘Covid-safe’. Certes, la seule conformité aux mesures barrières et le port du masque n’expliquaient pas ce bon point : la topographie de l’île et sa relative densité démographique y ont contribué. Ni les régions rurales ni les villes ne sont surpeuplées et conjuguées à ces faits, le fort taux d’alphabétisation de la population et la pénétration de la communication partout dans l’île ont permis aux familles mauriciennes de suivre les informations concernant l’évolution du virus et d’adopter les mesures barrières indispensables pour se protéger.

Modes de transmission

Les études centrées sur les virus et leur origine ont traité de leurs modes de transmission pour démontrer que les virus se propageaient grâce aux moyens de locomotion moderne et rapide et surtout favorisés par l’apparition des grands centres urbains. Certes, comme Maurice est une petite île, il n’y a pas de zones inhabitables qui servent de frontières entre les villes et les milieux ruraux, la mixité rurale et urbaine est une réalité, permettant une mobilité dynamique et incessante entre elles. C’est cette réalité qui permet au pays de se développer de manière homogène et d’être ‘arrosé’ par un système de communication de bon niveau, tant en infrastructures routières qu’en télécoms.

L’étape que connaît l’île Maurice avec le retour d’une poignée de touristes à Plaisance ce jeudi est un gage d’espoir qui doit faire preuve d’abstraction de partisanerie. Dans les années 80, ce sont les Mauriciens qui ont su se retrousser les manches pour sortir l’île du marasme des économies 70. Seuls les Mauriciens, à tous les niveaux de leurs entreprises et dans tous les coins de l’île, peuvent faire de ce ballon d’essai une réussite.