November 15, 2024
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MMM : DESCENTE AUX ENFERS

On peut se réclamer en perma- nence du socialisme ou de la démocratie sans faille et ne pas toujours donner dans la grandeur. Eh bien, la dictature de parti se porte bien à Maurice, ces temps-ci, prospérant en particulier chez ceux qui donnent toujours des leçons de tolérance et de liberté d’expression. Quel est ce mauricien qui ne soit pas ulcéré de voir à quel niveau abyssal fonctionne (dysfonctionne) le MMM, pour à ce point refuser tout crédit aux voix discordantes, tenter de les museler et à défaut les vouer aux gémonies des militants ?

Où est passé ce MMM réputé d’avoir la sagesse de saluer l’inflexion, quitte à en pointer les insuffisances (qui sont aujourd’hui réelles) et à critiquer durement le leader historique s’il se dégonflait ? Las ! Pour d’autres, la confrérie du « j’ai toujours raison et les autres ont toujours tort » ne doit pas être contestée ou remise à sa place. Les récents renoncements des principes pour s’allier au PTR auraient dû pourtant inciter à plus de modestie. Plus important que tout le reste. Mais non, pour eux, la fronde, la contestation est responsable de tout.

L’écrivain La Fontaine persiflait : « le bien, nous le faisons, le mal, c’est la fortune. On a toujours raison, le destin toujours tort ». Voilà à peu près où nous en sommes avec les mauves. Ceux-ci n’ont certes pas le monopole de l’aigreur, mais il y a un bon quota, notamment chez ceux, qui considèrent encore que tout ce qui peut convenir à tous ces militants osant lever la tête, est intrinsèquement dangereux. A quand l’inversion de la courbe ? Cela tombe sous le sens : le MMM se portera sûrement mieux, le jour où tous les militants se dépêtreront de leur mutisme et de leur peur.

Confidences interdites : ces militants vivent dans la peur, la colère sournoise et le mal du parti. Ce coup d’œil angoissé nous amène même à évoquer le paranoïa. Ils ont peur, peur de se signaler, d’être repérés comme des traîtres. Si les militants d’aujourd’hui en avaient le pouvoir, ils se rendraient invisibles. Impossible d’ouvrir la bouche, sinon que de se réfugier dans l’anonymat le plus absolu. Il y a une obsession sans partage : se faire oublier. Mais leur sourire triste démontre à quel point le MMM est devenu désespérant. Ils ne vont pas se barrer, car ils ne connaissent pas une autre culture.

La tentation totalitaire du MMM refait surface à intervalles régulières… la liste est longue des démissions et d’expulsions du parti et telle une hémor- ragie les défections ne s’arrêteront pas.. Les sacrifiés appartiennent à tous les bords et affiliations ethniques.

Ainsi l’affaire ST LOUIS où le nom du Leader MMM Paul Bérenger a été cité dans un document de la BAD, l’occasion refait surface pour remettre l’accent sur le phénomène de rejet qui met en branle inéluctablement le parti du MMM. Qu’un député ou un simple militant ne faisant pas partie de la clique dirigeante ose élever la voix, et il fait l’objet des mesures dictatoriales. Il est atomisé voué aux gémonies [des militants].

En ce qui concerne le leader du parti on n’a pas le droit de lui opposer aucune motion, aucune voix discordante, pas même à l’agenda du Polit bureau. Nous avons été temoin de la dégradation du MMM après les élections 82. Les évènements des derniers jours ont fait jeter le masque du MMM. C’est un parti bloqué au sommet et qui compte essentiellement sur la dictature et les mesures répressives pour étouffer la liberté de la pense et la parole.

Des grands éditorialistes n’oseront pas écrire contre le MMM, encore moins contre PRB. Les Mauriciens attachent une fidélité sans prix à la liberté, la longue lutte menée par les anciens membres du parti, lesquels pour avoir soutenu la liberté d’expression ont été expulsés du Parti. Aujourd’hui il ne reste plus grand chose au MMM, ce qui le réduit à une portion congrue, et ainsi il fait l’objet d’une impopularité jamais connue durant sin histoire.

Sept mois après les élections générales de décembre 2019, le peuple ayant rejeté les aspirations de conquête du pouvoir des mauves, on constate que le MMM n’est plus qu’un parti d’attrape-nigauds. Le message qu’on a véhiculé tout au long de l’existence du MMM n’était que pour leurrer des mécontents et de les utiliser comme marche- pieds pour prendre le pouvoir à tout prix.

La « ST LOUIS Gate » démontre que des petits copains jouissant de la protection de certains dirigeants peuvent se livrer à des incartades, sans faire l’objet d’aucun <>. Bérenger n’a fait l’objet d’aucune critique ou de désaveu pour avoir été mêlé au scandale. Lui qui crie sur tous les toits, à chaque fois qu’un scandale éclate, que celui qui est incriminé doit « step down » [le temps de la conclusion d’une enquête], pourquoi ne suit-il pas ce qu’il prêche, professe avec hargne ?

Le MMM est condamné à faire de l’opposition. L’affaire ST LOUIS n’est que le ‘tip of the iceberg’. Tous le membres qui ont osé s’élever contre la dictature que prône le parti ou contre Bérenger directement ont été mis sur la touche ou carrément expulsés du parti. Le MMM fait figure de parti contre nature. Son destin est désormais connu, il est voué aux poubelles de l’histoire. La descente aux enfers a commencé.

CASSAM DHUNNY