Un brillant coup de Navin Ramgoolam en faisant ouvrir une ambassade au Japon. Ce n’est pas peu dire quand on connaît la force de frappe économique de ce pays riche. Certes, cette initiative ne comptera certainement pas pour du beurre, compte tenu des aides importantes (financières, technologiques et stratégiques) que les Japonais consentent en faveur de Maurice. D’ailleurs, Navin Ramgoolam n’a pas hésité longtemps. Dès la première session de travail avec les Japonais, il a fait part de la nécessité d’un accord entre les deux gouvernements sur la transition énergétique, afin de surmonter les défis inquiétants de la production et de la distribution d’électricité.

Les Japonais exploitant légalement nos eaux pour la pêche aux thons, des détracteurs insisteraient sur l’argument que notre immense superficie maritime est dépouillée de ses réserves. Un seul thon rouge (considéré comme une chair de luxe au pays du Soleil Levant) se marchande à quelques centaines de milliers de dollars. Mais, avec un poste diplomatique, Maurice serait en meilleure position pour apporter de la légitimité à ces interrogations et inquiétudes.
Globalement, Maurice active sa diplo- matie par le biais d’une vingtaine d’ambas- sades à travers le monde, sauf en Amérique du Sud. Si l’on tient compte que des chancelleries nous coûtent des dizaines de millions, sans que leur fonctionnement n’ait que très peu d’efficacité en termes de concrétisation économique, il est déplo- rable qu’elles soient maintenues, juste par tradition ou par affiliations particulières.
L’exigence de ces temps-ci impulse une diplomatie économique, celle qui est privilégiée et qui galvanise les relations internationales. Après tout, le fondement premier pour l’établissement des relations diplomatiques entre deux pays est la justi- fication par les activités commerciales réciproques.
Dans cette optique, Maurice avait ouvert une ambassade en Arabie Saoudite, sans qu’au départ les échanges commerciaux soient convaincants. Mais le pèlerinage a affirmé et justifié des conditions de déploiement structurel. Toutefois, ne nous empressons pas en nous restreignant à ce seul aspect religieux. Depuis, le royaume saoudien nous a gratifiés de quelques dons et emprunts d’envergure pour la construction de l’hôpital de Flacq et de celui spécialisé dans le traitement du cancer. Voilà un excellent exemple de diplomatie économique, mais qui profite largement à Maurice.
L’initiative du PM n’a d’égale que sa décision de fermer l’ambassade de Maurice auprès de l’UNESCO (Paris), il y a un peu plus d’une dizaine d’années. C’était une action concrète pour diminuer des dépenses presque inutiles, avec une ambassade “showpiece”. Cette démarche de N. Ramgoolam pourrait lui donner d’autres idées aussi percutantes : pourquoi pas des chancelleries au Canada et au Brésil ? It’s long overdue!