April 24, 2024
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Post-confinement : Grand-Baie, une station balnéaire à l’arrêt

Les parties de Domino demeurent le passe-temps préféré de beaucoup de gens

Grand-Baie, village du littoral nord de Maurice qui attire touristes et locaux pour ses plages, ses centres commerciaux et sa nightlife n’est plus ce lieu vibrant, grouillant de monde depuis la fermeture de nos frontières. Rencontre avec ces habitants et autres acteurs économiques affectés par cet état de fait.

Nous avons rencontré Michael, un employé d’un des restaurants le plus prisés de Grand-Baie, une « prestataire de services de charme », un chauffeur de taxi, un marchand de fruits et un pêcheur. Le premier nommé se prélassait sur un banc de l’aire de stationnement sur le front de mer de Grand-Baie quand nous sommes venus à sa hauteur.

Michael, employé de restaurant : « Nous servons que quatre ou cinq couverts par jours »

Agé de 35 ans, marié et père de famille, Michael ne perçoit désormais que Rs 10 200 par mois. Avant la Covid-19, il explique que « tous les 42 couverts du restaurant étaient servis. Aujourd’hui, nous ne servons que quatre ou cinq couverts. Durant le confinement, nous avons travaillé sur les commandes obtenues mais avec la fermeture des frontières, c’est difficile. On attend la reprise mais j’ai des doutes avec la situation qui prévaut à l’étranger ».

Tina, prestataire de services de charme : « Mari dans difé »

Mari dans difé nous dit Tina.

Tina est le nom fictif de notre « prestataire de services de charme ». Jeune et belle, elle commande une certaine notoriété dans la région. Pour Tina, même son de cloche : les temps sont durs. « Cela bouge un peu les samedis soirs et les deux ou trois jours du fin de mois. Sinon, c’est la morosité car il n’y a aucune activité », dit-elle. Avant de conclure en ces terme : « Mari dans difé ».

Chauffeur de taxi : « Des taxi marrons venant de l’Est rendent notre quotidien amer »

S’il n’y a pas d’activité, ça coule de source que peu de choses bougent. C’est effectivement le cas pour les chauf- feurs de taxi. L’un d’eux que nous avons rencontré, était assis dans sa voiture ruminant sur son sort. Et alors si tel est le cas, pourquoi venir « mettre tremper » quand il sait que les choses ne vont pas évoluer. « Je ne peux continuer à rester chez moi et regarder la télévision à longueur de journée. Et pour rendre la situation encore plus compliqué, il y a ces derniers temps une invasion des taxis marron venant d’autres régions, même de l’Est. Grand-Baie est un endroit mort sans touristes. Regardez vous-même, il n’y qu’un seul magasin qui est ouvert. Les autres ont les volées collées au sol. Il s’avère que maintes fois je rentre chez moi sans avoir roulé un kilomètre », se plaint-il.

Harry, marchand de fruits : « La osi mo gagne competiter »

Pas de clients en vue pour les fruits de Harry

Harry, le marchand de fruits a dû revoir ses horaires de travail. Avant le confinement, il arrivait sur son lieu de travail aux alentours de huit heures. Depuis le confinement, il regagne lefront de mer vers neuf heures au plus tôt et il repart chez lui vers 17 heures. « Certains jours, je ne travaille que pour Rs 300 de vente et gagne aucun profit. En ces temps de disette, j’ai même eu un compétiteur, qui roule dans un 4X4 et il gare son véhicule non loin de mon lieu de travail. Qui plus est, il n’a pas de permis alors que moi, je dois trouver Rs 10 000 par an pour payer mes permis et ainsi pouvoir travailler », fulmine-t-il.

JM, Pêcheur : « Poissons pa pe manzer »

La baie est protégée de la houles

Enfin, notre ami pêcheur, JM, la cinquantaine, avait l’air d’être dans un autre monde quand nous l’avons rencontré. Réticent au début, il a répondu à nos questions. Il devait nous avouer que les poissons ne sont plus en abondance à Grand-Baie. Pour ce qui est de la pureté de l’eau, si elle a connu une détério- ration avec la marée noire de Mahébourg, JM avance nonchalamment que ce n’est pas le cas à Grand-Baie.

L’attitude de ce pêcheur, résume bien l’état d’âme des habitants de Grand-Baie en ce moment : morose. Mais tous nos intervenants gardent espoir que les activités vont reprendre après l’ouverture de nos frontières. GKS

Pas de poissons et moins encore d’acheteurs.
L’autre image de Grand Baie, station balnéaire de Maurice