La reprise ne pourra pas se réaliser sur les mêmes bases qu’avant, marquées par un antagonisme social classique. Il faudra plus de solidarité nationale pour que, d’une part, les classes défavorisées et celles éprouvées par l’érosion des salaires ne se laissent pas gagner par un sentiment de révolte et, d’autre part, pour que le patronat lui-même redouble de confiance pour pérenniser les emplois. Tout laisse croire que l’État aura encore son mot à dire, même si les milliards en provenance de la MIC ne seront plus décaissés.
Depuis les années 60 marquées par un consensus social avec le gouvernement de la ‘coalition’ et plus tard après les grandes grèves organisées par le général Workers Fédération (GWF), le bras syndical du MMM, jusqu’aux 2000, les salariés n’ont plus suivi les yeux fermés leurs syndicats. Un deuxième consensus social s’est dégagé depuis que des députés provenant des rangs du MMM ont mis de l’eau dans leur vin pour assouplir les conflits sociaux, avec des efforts du patronat pour consentir à des compromis au nom de la stabilité économique et sociale. Il faut bien dire que depuis l’indépendance, l’ile Maurice – hormis les grèves générales déclenchées par la GWF -, a toujours progressé par compromis entre les partenaires sociaux et évité la stabilisation et éventuellement l’établissement d’un gouvernement socialiste prosoviétique.
Manque de visibilité
Mais l’apparition de la pandémie de Covid-9 vient radicalement changer les donnes en matière de classes et, en raison de le très grave économique qu’elle provoque et le manque de visibilité sur l’avenir, il est impossible de réaliser des projections concrètes. Ici même, à plusieurs reprises, nous avons tenté de dresser les différences entre la nature des conséquences provoquées par la présente pandémie et celles générées par la deuxième Guerre mondiale et la crise des ‘subprimes’ en 2007-2008. En fait, tous les observateurs et économistes arrivent à la même conclusion, affirmant que la casse économique et sociale est de nature globale et laissera l’économie exsangue durant les trois prochaines années.
Le défi auquel est confronté le gouvernement sera de promouvoir une feuille de route économique et sociale destinée à atténuer les attentes et crispations qui risquent d’apparaitre durant ces prochaines années, avant fin 2024 qui marquerait la fin de la contraction qui a mis à terre le secteur du voyage. Ce sont sans doute les années les plus difficiles auxquelles le gouvernement de Pravind Jugnauth sera confronté depuis qu’il est Premier ministre, car il y jouera son bilan. Mais la population ne s’y trompe pas qui est témoin des nombreuses mesures du gouvernement pour mitiger les effets de la pandémie, à la fois sur le plan économique et social. Parallèlement à ces mesures, le gouvernement doit également riposter à la propagande d’un titre de presse qui n’hésite pas à répandre les rumeurs les plus antipatriotiques afin de saboter l’ouverture totale de nos frontières.
Campagne vaccinale
Mais le succès de la campagne vaccinale, tout en tenant compte évidemment de ses mauvais chiffres, devrait pouvoir apporter les bonnes réponses à cette hargneuse de cette presse. Car seul comptent les résultats. Il faudra donc une véritable dynamique nationale pour accompagner la relance qui s’est déjà installée au niveau mondial. Nous savons que le personnel des ressources humaines mobilise toutes les ressources productives pour mettre en place les conditions idéales afin d’assurer la remise sur les rails de nos entreprises. La démarche n’est pas simple, compte tenu d’un certain état d’esprit au sein des salariés durement éprouvés par l’érosion des salaires due à la suppression des heures supplémentaires dans certaines entreprises. Mais d’ores et déjà, les salariés mauriciens ont démontré leur conviction et capacité à relever les défis, en acceptant des régressions dans leurs conditions de travail. Au fait, c’est l’ensemble de la population qui est en train d’affronter cette terrible période dans l’histoire contemporaine de l’ile Maurice. Il convient de souligner que la pandémie du nouveau coronavirus a fait pas moins de 4.678.016 morts dans le monde depuis fin décembre 2019, selon un bilan établi par l’Agence France Presse (AFP), à partir des sources officielles publiées samedi 18 septembre 2021. Toutefois, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), estime que le bilan du nombre de décès pourrait être deux à trois plus élevé que celui-ci recense officiellement. La Chine reste le pays ayant le fort taux de vaccinés avec plus d’un milliard de personnes. Selon le journal ‘Le Monde, la Chine, premier pays touché, a aussi été la première à sortir de la crise sanitaire, grâce à l’adoption dès 2020 des mesures radicales.
L’empire céleste
Cela ne signifie que la Chine – l’Inde -, serait un soutien de premier plan pour l’ile Maurice pour les investissements directs domestiques. L’Empire céleste est déjà présent à Maurice à travers des investissements dans l’immobilier de haut de gamme. Alors que l’Inde vient de renouveler son souhait de nouer des accords multilatéraux avec l’Afrique en vue de permettre aux hommes d’affaires indiennes d’investir en Afrique grâce au soutien de Maurice. Ce sont là de réelles perspectives de diversification économique offertes à Maurice, mais pour y arriver, il convient que nos ressources humaines, main-d’œuvre et professionnelles, consentent à faire le grand saut sur le continent africain, là où tous les pays industriels veulent être pour ne pas se laisser distancer. Dans l’immédiat, force est d’admettre que nous sommes encore réticents à partir en Afrique, les préjugés à l’égard des Africains étant encore tenaces parmi nous.