December 6, 2024
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Politique

Rama Sithanen « I QUIT »

Une révérence basée sur un aveu de taille qui vient de Rama Sithanen : « I QUIT POLITICS », les mots de cette phrase en dit long sur l’état d’âme de cet ancien homme fort de Sir Anerood Jugnauth et de Navin Ramgoolam. Il avait annoncé cette phrase à Raschid Meerun lors d’une rencontre anodine à Bagatelle, un lieu de haute facture pour une phrase de la même trempe.

En effet, Rama Sithanen ne compte plus se retourner à la politique active. Il a partagé ses sentiments avec Raschid Meerun lors d’un brin de causette à Bagatelle. Cette rencontre n’était aucunement prévue, ni calculée et moins encore sollicitée de part et d’autre. Anodine, oui ou c’est le « doing » d’une « divine helping hand » pour enfin faire tomber le voile sur la carrière d’un des politiciens les plus controversés que le pays ait connus.

Rama Sithanen a été un grand cadre du privé avant de se joindre à la politique active. De part les mesures qu’il prit en tant que Grand Argentier, il fut couvert de l’étiquette de l’homme du secteur privé. Cette réputation lui colla à la peau jusqu’a son dernier jour aux Finances.

Issu d’une famille modeste comme il l’a si souvent répété, sa rentrée en politique avait été crue comme étant une bouffée d’air frais pour la classe moyenne. Pour beaucoup, Rama Sithanen était perçu comme un homme capable dans son secteur. Certains avançaient même qu’il était comme un poisson dans l’eau quand il jonglait avec les chiffres. Beaucoup était attendu de lui. CE fut au sein du MSM que cet homme des affaires avait fait la connaissance avec la politique. Ainsi, en 1991, il est candidat sous la bannière de l’Alliance MSM/ MMM au no. 18, Quatre Bornes/ Belle Rose. Pour une première dans cette circonscription très huppée, considérée comme étant la circonscription la plus intelligente et intellectuelle de Maurice, Rama Sithanen réussissait un coup de maître pour un coup d’essai. En effet, il prenait la deuxième place devant le ministre sortant Michael Glover mais se faisait devancer par Kailash Ruhee, le mauve, un proche de Paul Bérenger.

En 1995, Rama Sithanen, toujours candidat MSM, posait ses valises au no. 8. Devant le rouleau compresseur rouge/mauve, représenté par l’alliance inédite, qualifiée de contre-nature entre le Ptr et le MMM, Sithanen ne faisait pas mieux qu’une 4e place. De ses 56.045% au no. 18, il ne recueillait que 31% à Quartier Militaire/Moka. Entre 1995 et 2000, beaucoup d’eau ont coulé sous le pont. Des différents avec le clan orange, Rama Sithanen « lev paké » pour intégrer le Parti travailliste de Navin Ramgoolam. En septembre 2000, il est candidat au no. 18. Bien que considéré comme un AS des calculs de la haute finance, il aurait sûrement embrouillé les chiffres pour sa campagne électorale. Il est battu à plate couture dans la circonscription de ses premières amours en politique. Des nouveaux comme Khushiram, Auroomooga Putten et Perrier lui ont fait la leçon. Ce ne fut que partie remise car, il revenait plus fort en 2005 dans la ville des fleurs et de ses agglomérations. En effet, le Ptr, toujours en alliance avec les Bleus de Xavier-Luc Duval, enregistrait une belle victoire. La cerise sur le gâteau fut la revanche de Rama Sithanen sur Kushiram mais aussi la pole position du premier nommé, devançant même Xavier-Luc Duval.

En 2010, il n’y aura pas de participation consécutive aux législatives pour Rama Sithanen. Sa politique décriée par la masse populaire et la troisième alliance bleu/blanc/rouge allaient être les raisons de sa mise à l’écart par son leader. Ainsi, c’est un néophyte en la personne de Tassarajen Pillay Chedumbrum qui le remplaçait avec une victoire à la clé. Pour sa cinquième participation aux législatives en 2014, Rama Sithanen allait subir un revers de taille. La deuxième alliance contre nature entre le Ptr et le MMM sera très néfaste et pour Sithanen et pour le Ptr en général. Même le Dr Navin Ramgoolam ne passera pas. Mais le pire était à venir pour le Ptr et tout son tas « de vieille ferraille » de politiciens. En cette année de cinquantenaire du statut d’état indépendant, le peuple s’attendait comme il l’avait souhaité, une rupture, selon les dires de Navin Ramgoolam. Tout le monde avait cru à un renouvellement au niveau des candidats. Mais, il n’en fut rien. Et Rama Sithanen était sur la liste de candidats. Pour une surprise, c’en ne fut jamais une en ce qui concerne sa défaite au no. 18 Auteur d’une campagne sans vie, décousue, sans tête ni queue, le Ptr subissait sa deuxième défaite consécutive. Selon les bruits de campagne, il était dit que Rama Sithanen serait battu à plate couture et la confirmation est venue des chiffres, du « jardin » même de Rama Sithanen. Non seulement, il enregistrait un score des plus médiocres pour un candidat de son calibre, ancien ministre des Finances et no. 2 de l’exécutif, mais il a même été devancé par une jeune candidate, en la personne de Tania Diolle. Pour rappel, ce fut cette même Tania Diolle, candidate d’un groupuscule politique formé par Alan Ganoo à la partielle du no. 18 en décembre 2017, qui n’arrivait même pas à sauver sa caution. Pourtant, en novembre dernier, elle s’est permis le luxe de battre Rama Sithanen, reléguant ce dernier à la sixième place. Rama Sithanen:Le techno- crate, l’homme aux grandes envolées verbales sur les chiffres a touché le fond de la politique populiste, qui avait débuté dans cette même circonscription, soit au no. 18, celle des « intellos ». Avec 9835 voix et 29.612% des votes exprimés, Rama Sithanen mérite bien un billet aller sans retour.

Quelle lecture devrait-on faire du retrait de Rama Sithanen de la politique ? Serait-ce un recul pour mieux sauter, en s’appuyant sur le sentiment des éternels tondus ? Quoi qu’il en soit, il y a toujours le fait qu’il y a du bon et du mauvais chez un individu, comme pour une pièce. Aux Mauriciens de tirer leur conclusion si Rama Sithanen a été un bon politicien ou pas. Nous vous donnons un aperçu des élections générales auxquelles Rama Sithanen a participé au cours de la longue carrière politique, étalée sur 28 ans.

1991 – No. 18, Quatre Bornes/ Belle Rose

1. RUHEE, Keertee Coomar, aka Kailash Ruhee Alliance MSM/ MMM Hindou 17746 56.045
2. SITHANEN, Ramakrishna, aka Rama Sithanen Alliance MSM/ MMM Hindou 17515 55.315
3. GLOVER, Michael James Kevin Alliance MSM/MMM Pop. Générale 16877 53.3
4. LUTCHMEENARAIDOO, Seetanah, aka Vishnu Alliance Parti Travailliste/PMSD hindou 14474 45.711
5. GOKULSING, Balkrishn, aka Balmick Alliance Parti Travailliste/PMSD Hindou 13567 42.847
6. RAULT, Jean-Pierre Alliance Parti Travailliste/PMSD Pop. Générale 12823 40.497

1995 – No. 8, Quartier Militaire/ Moka

1. BUNDHOO,Lormus, aka Lormesh Bundhoo Alliance PTr/ MMM Hindou 19352 68.537
2. DAYAL, Surendra, aka Suren Dayal Alliance PTr/MMM Hindou 18432 65.278
3. BALOOMOODY, Vedasingam V. aka Veda Balamoody Alliance PTr/MMM Hindou 18256 64.655
4. SITHANEN, Rama Krishna Alliance MSM-RMM Hindou 8902 31.527
5. FOKEER, Dharmanand Goopt Alliance MSM-RMM Hindou 7939 28.117 }
6. JUGNAUTH, Ashok Kumar Alliance MSM-RMM Hindou 7534 26.682

2000 – No. 18, Quatre Bornes/ Belle Rose

1. KHUSHIRAM, Khushhal Chand, aka Sushil Khushiram Alliance MSM/MMM Hindou 18743 59.951
2. AUROOMOOGA PUTTEN, Prithviraj, aka Prithviraj Patten Alliance MSM/MMM Hindou 16607 53.119
3. PERRIER, Anne-Marie Danielle, aka Dany Perrier Alliance MSM/MMM Pop. Générale 15176 48.541
4. SITHANEN, Rama Krishna Alliance Parti Travailliste-PMXD Hindou 13823 44.214
5. RUHEE, Keerteecoomar, aka Kailash Alliance Parti Travailliste-PMXD Hindou 12822 41.012
6. AROUFF-PARFAIT, MarieClaude J. Alliance Parti Travailliste-PMXD Pop. Générale 10149 32.462

2005 – No. 18, Quatre Bornes/ Belle Rose

1. SITHANEN, Rama Krishna, aka Sithanen Rama, Alliance Sociale Hindou, 18066 56.263%
2. DUVAL, Charles Gaetan Xavier Luc, aka Xavier Duval Alliance Sociale General Population 16711 52.043%
3. DEERPALSING, Kumaree Rajeshree, aka Nita, also known as Neeta Alliance Sociale, Hindou 16358 50.944%
4. KHUSHIRAM, Khushhal Chand, aka Sushil Alliance MSM/ MMM Hindou 14969 46.618%
5. BALOOMOODY, Vedasingam V. aka Veda Balamoody Alliance MSM/MMM Hindou 13618 42.410%
6. MARIETTE, Désiré Pierre Alberto Alliance MSM/MMM General Population 13362 41.613%

2010 – No. 13, Rivière des Anguilles/Souillac

Remplacé par PILLAY CHEDUMBRUM, Tassarajen, aka Cousiga Alliance PTR-PMSD-MSM Hindou 14276 52.000

2014 – No. 13, Rivière des Anguilles/Souillac

1. GOBIN, Maneesh L’Alliance Lepep Hindou 13474 47.957%
2. JOOMAYE, Zouberr Houssein Issa, Alliance Parti Travailliste/Mouvement Militant Mauricien (Alliance PTR/MMM), Muslim 12867 45.797%
3. JAHANGEER, Ahmad Bashir L’Alliance Lepep Muslim 12063 42.935%
4. MURDAY, Soondrassen, aka Menon L’Alliance Lepep Hindou 11931 42.465%
5. SITHANEN, Rama Krishna Alliance Parti Travailliste/ Mouvement Militant Mauricien (Alliance PTR/MMM) hindou 11727 41.739%
6. PEETUMBER, Maneswar, aka Pradeep Alliance Part Travailliste/Mouvement Militant Mauricien (Alliance PTR/MMM) hindou 11474 40.839%

2019 – No. 18, Quatre Bornes/ Belle Rose

1. BOOLELL, Arvin L’Alliance Nationale hindou 15712 47.307%
2. RAMANO, Kavydass L’Alliance Morisien hindou 13500 40.647%
3. DUVAL, Charles Gaëtan Xavier-Luc L’Alliance Nationale General Population 13317 40.096%
4. BOOLELL, Satish Mouvement Militant Mauricien (MMM), Hindou, 10420 31.373%
5. DIOLLE, Marie Alexandra Tania L’Alliance Morisien General Population, 10332 31.108%
6. SITHANEN, Rama Krishna L’Alliance Nationale hindou 9835 29.612%

Rama Sithanen

Rama Krishna Sithanen, GCSK, ancien député et ancien ministre des finances de l’île Maurice et vice-premier ministre de l’île Maurice et a occupé ce poste entre 1991 et 1995 lorsque Sir Anerood Jugnauth a été Premier ministre, ministre de 2005 à 2010 dans le Cabinet de Navin Ramgoolam.

Background académique

Rama Sithanen est issu d’un milieu modeste, en raison de la pauvreté, il a été forcé d’abandonner l’école pour travailler à un âge précoce. Cependant, plus tard, le jeune Rama a repris ses études et est allé à la London School of Economics pour des études poussées sur l’économie et a terminé un Bsc (Econ) First Class Honours et une Msc (Econ) avec distinction. Plus tard, au cours de son mandat de ministre des Finances, il a obtenu un doctorat en politique à l’âge de 51 ans sur la thèse était «Un examen des systèmes électoraux alternatifs pour l’île Maurice» de l’Université Brunel.

Il a été honoré par le Président et a été promu au plus haut grade dans l’Ordre de l’Étoile et la Clé de l’Océan Indien et a reçu le grade de Grand Commandant et donc utiliser le préfixe Hon. et post nominal GCSK (2009).

Sen. Krisnah GOOJHA