Reena Devi Aulleear a 32 ans quand le cancer s’introduit dans sa vie. Elle n’a pas vraiment le temps de bien réfléchir sur le sens à donner à sa vie, mais elle sait désormais qu’elle doit se donner le temps de penser à elle. La mastectomie, soit l’ablation d’un sein, ne lui fait aucun mal dans son être. Même si elle sait que son corps a subi les ravages de la maladie. Mais, cette ancienne étudiante en Beaux-Arts veut juste voir la lumière, de ce monde. Et de l’autre, qui se situe au-delà des sens du commun des mortels.
C’est pourquoi elle préfère les confidences aux anges qui sont entrés dans son quotidien. Elle a quarante ans maintenant, et travaille sur un livre, qui sera à mi-chemin entre la biographie et la comédie musicale. Dans « Love and light », on y trouvera des poèmes, des illustrations résultant de ses créations. En somme, ce qui est devenu désormais sa thérapie. Et si elle aime travailler au couteau, c’est juste pour poignarder le figuratif et le transporter dans l’abstrait où elle se sent à l’aise.
D’ailleurs, elle abhorre le rouge, préférant la chaleur du jaune, la douceur du bleu, le ton naturel du vert et l’apai- sement du blanc. »Mais pas le rouge. Peut-être parce que cette couleur m’a traumatisé pendant ma maladie.Trop de sang a coulé. Et donc, je ne veux plus rien à faire avec cette couleur. »
Enseignante dans un collège d’Etat, elle sait qu’elle sera postée dans un autre établissement l’année prochaine. Elle avait 20 ans quand elle entreprit ces études de beaux-arts au Mahatma Gandhi Institute. Et « je n’étais même pas artiste de profession. Ce n’est qu’en 2016 que j’ai commencé à considérer l’art comme une thérapie. Il me fallait me réadapter à la vie, aux choses, aux autres. Et l’art m’a permis de me recon- necter à moi-même. D’ail- leurs, si j’avais un message à passer, c’est que quoi qu’il arrive, ne baissez jamais les bras. Et surtout n’oubliez pas les autres. Et surtout pas vous-même. »
Quand elle se reprend en main, c’est la poésie qui l’aide à recoudre les lambeaux de sa vie. »J’avais toujours écrit, mais j’avais abandonné. J’ai sorti tous mes poèmes du tiroir et je me suis branché sur le spirituel grâce à l’écriture. ».Elle aura pris quatre ans pour concocter ce livre, et rêve aussi d’un solo pour montrer ses créations. Ayant triomphé de la routine, le monde terrestre lui paraît assez plat. D’où ce besoin de parler « avec les anges. Je sais qu’ils sont là pour moi. Je leur parle. On se comprend. »
Pour Reena, »la maladie a été en fait un « wake up call », une bénédiction dans ma vie. Je me souviens avoir voulu étudier la philosophie, la psycho- logie, mais la peinture et l’écriture m’ont appris à mieux me connaître. Et à me connecter au monde spirituel. Je me sens en fait plus vivante. Et je bois la vie à pleines gorgées. »
Devenue une femme « multi-task », dotée d’un courage dont elle ne se sentait pas capable, Reena ne doute pas de réaliser ces deux projets. Elle a une fille à grandir, et une vie à vivre. C’est déjà ça de gagné pour celle qui militait aussi au sein de l’association des femmes victimes du cancer. Le mois prochain, octobre se teindra de rose. Et il faudra penser à celles que le crabe a mutilées. Mais sans fatalisme, le rétro- viseur ne lui renvoie aucun reflet de regret. Elle croque la vie à pleines dents, et tutoie les anges, au travers de la prière. Qui dit mieux ?
En conclusion, elle veut être « graceful, pour toute la force qui m’a été donnée. Il n’y a pas lieu de se plaindre, mais au contraire de profiter de chaque seconde. Je mange, bois, fais de la marche. C’aurait pu être pire. Nous devons être reconnaissante pour ce que Dieu nous donne. Le cancer n’est pas chose facile, je le sais. Mais il ne faut jamais baisser les bras.Ne pas se fatiguer avec le qu’en dira-t-on, et « manz ar lavi la ».Juste apprécier les petites choses de la vie. Surtout quand elles se forment sur les toiles et dans les poèmes !
Extrait d’un de ses poèmes :
A myriad of colours ,
Filled my heart with hope,
I embrace life in all its flavours ,
From dark to light,
There’s always a new beginning;
“A sweet melody
Of the falling rain
A sweet love
Unburdening my pain”
The birds cheerfully fly to their nests,
The lush and green become a safe place for
the wild beasts,
The soothing sound of the water tinkling,
brings comfort to the silver-lit leaves .
A sweet remembrance of all the promises
life gives us all
If that’s not something to smile about I
don’t know what else is..
Sedley Assonne
