Ce qu’il fallait redouter est en train de se réaliser. L’opposition parlementaire et quelques associations ont finalement choisi de s’approprier des moindres occasions pour désta- biliser un gouvernement élu par la population. Des individus jouent dangereusement avec cette bête immonde qu’est le communau- tarisme, en clivant de manière sectaire des problèmes sociaux. Et l’opposition parlementaire, jusqu’ici cantonnée à son rôle de force minoritaire, s’est jetée tête baissée dans un conflit qui risque de l’entrainer dans une voie de non-retour, mais elle vient attester de ce que, ici même, nous soupçonnions : tous les moyens lui seront désormais bons pour acculer un gouvernement qui s’est montré à la hauteur des défis posés par le confinement.
L’opposition, qui ne vaut rien en termes de propositions économiques et sociales crédibles, a bien compris tout le capital politique que contiennent les agitations populistes, parfois fondées en raison des problématiques laissées inachevées par les gouvernements successifs, mais aussi et souvent par des actions individuelles qui exploitent sans vergogne les difficultés économiques occasionnées par la pandémie de Covid-19.
Aussi ne faut-il pas s’étonner que Xavier Duval ait invité Roshi Bhadain à rejoindre l’alliance de l’opposition. À la perspective d’une plateforme regroupant Boolell/ Ramgoom-Paul Bérenger-Xavier Duval-Roshi Bhadain, la population devra s’attendre à une instabilité chronique, comme Bhadain et Bérenger savent si bien le faire, si d’aventure les Mauriciens devraient se laisser séduire par leurs discours démagogiques.
Légèreté et frivolité
Mais la seule idée d’un retour de Navin Ramgoolam aux commandes du pays devrait inquiéter l’ensemble de la population, à commencer par les milieux d’affaires de Maurice. Faut-il rappeler qu’une des raisons qui avaient causé la débâcle de l’alliance Ptr-MMM aux élections de 2014 était précisément la présence de Navin Ramgoolam au sein de cette alliance… Les premiers réfractaires à celle-ci sont venus du camp du MMM, avec des militants qui avaient alors en tête les frasques de Navin Ramgoolam et la légèreté et frivolité dont il avait preuve comme Premier ministre.
De nombreux cadres rouges, gagnés à la cause d’Arvin Boolell et à ses méthodes et ses ambitions, ne cachent plus leur souhait de voir Navin Ramgoolam mettre fin à ses sorties publiques, où il prend la posture de leader du Ptr, coupant ainsi les ailes à Boolell. C’est que l’ancien catastrophique Premier ministre n’a jamais renoncé à son ambition de revenir aux commandes du pays, pour venger ses deux cinglants revers successifs aux élections générales. Si ce n’est pas pour occuper le poste suprême dans le pays, pourquoi donc Navin Ramgoolam s’agite-t-il, va à la rencontre des habitants, poste des messages sur les réseaux sociaux et s’est constitué un carré de fidèles qui travaillent activement à son retour ? Chez les boolellistes, on assiste avec beaucoup d’intérêt à la démarche de Navin Ramgoolam, sachant que son appel à l’alliance des ‘patriotes’ ne sert, en fait, qu’à matérialiser ses ambitions person- nelles.
Et comme pour lui donner la parade, Arvin Boolell, à son tour, exploite les moyens les plus vils pour se donner de la visibilité. Lui, dont a souvent les propos pondérés, sait qu’il doit de draper d’une bonne dose de populisme face a un Navin Ramgoolam qui ne s’embarrasse d’aucune occasion pour faire sa publicité.
Insulte à l’intelligence
À l’écoute de ses propos sur une radio privée en début de semaine, les Mauriciens ont du rire un bon coup lorsqu’il a béatement affirmé que les divergences entre le PMSD et le MMM étaient maintenant chose du passé. C’est véritablement une insulte à l’intelligence de la population, qui se souvient que c’est ce même PMSD qui a participé à la défaite de l’alliance Ptr-MMM en 2014. Au besoin, il faudra sans doute ressortir les déclarations enflammées de Paul Bérenger contre le ‘passé’ du PMSD, la nature de ses méthodes, puis celles de Xavier Duval contre les multiples tentatives du MMM de saper l’économie de Maurice dans le passé.
Le cas de Roshi Bhadain est lui l’exemple-type d’un arriviste qui, par tous les moyens, n’attend qu’une investiture pour survivere dans la sphère politique. S’il se confirme qu’il est dans les bons papiers de l’opposition, il reste encore à savoir si les rouges seront sensibles à l’appel de Xavier Duval qui souhaite que Bhadain fasse partie de la plateforme de l’opposition.
Mais qui voudrait d’un homme aussi turbulent qu’imprévisible, tenaillé par l’ambition démesurée de retrouver le portefeuille des Services financiers? Roshi Bhadain, c’est surtout l’homme qui a instruit entièrement le dossier pour faire tomber l’empire BAI. Nul autre que lui n’aura dépensé autant d’énergie pour convaincre Sir Anerood Jugnauth que le groupe BAI aurait mis sur pied une véritable méthode alambiquée de diversifier ses capitaux. Durant la campagne électorale partielle à Belle-Rose/ Quatre-Bornes, puis aux législatives générales, il s’est démené comme un beau diable pour se défausser, en accusant honteusement les autres. En somme, il aura été l’exécuteur aveugle d’un plan ourdi par d’autres, sans savoir qu’il était en train de réduire au chômage des milliers de braves gens.
Bhadain : la question épineuse
Mais l’opposition doit avant tout répondre à cette question épineuse : faut-il avoir Bhadain avec elle ou contre elle ? Quelle place lui accorder sur leur plateforme et quelle ministre lui promettre compte tenu qu’il n’acceptera jamais un rôle de second couteau?
Ces réflexions tentent d’exposer les dangers que présente l’alter- native de tout ‘ramasser’, de la part de l’opposition. À maintes reprises, nous avons utilisé le terme de politique de ‘terre brulée’ que pratique l’opposition, qui pourrait lui exploser au visage si elle prenait une coloration ethnique. C’est un jeu malsain et hautement dangereux alors que la réalité dicte d’être lucide, courageuse et inventive face aux incertitudes de l’économie mondiale, chaque fragilisée par d’autres foyers de la Covid-19. Le pays n’est pas véritablement en danger, parce que Pravind Jugnauth – quoiqu’en disent ses détracteurs – a adopté une attitude responsable face à l’urgence du défi sanitaire et économique.
Mais parce que le danger est loin d’être derrière nous, le moindre relâchement risque de mettre l’économie à genoux et, à ce titre, perdre de vue la priorité qu’est l’ouverture de nos frontières, ainsi que les défis qu’elle impose, mais aussi les promesses d’emploi qui lui sont associées, ne peut que provoquer la démotivation chez nos compatriotes en général, et les milieux d’affaires, en particulier.