December 3, 2024
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Opinion

Something is rotten in the MMM

Avec les démissions à la chaîne au sein du MMM, les décla- rations venant des dirigeants du MMM, notamment de Rajesh Bhagwan, secrétaire général du parti ont le même son : creux. Comme un disque rayé, Rajesh Bhagwan ressasse le même discours en traitant les démissionnaires de « judas » ou de ceux qui se sont fait « Aste-Vande ». C’est toujours le même argument présenté à la presse semaine après semaine afin de justifier la décision des ex-membres du MMM. Cependant, on ne peut ignorer que quelque chose de malsain couve au sein de ce parti et qui pousse les militants à abandonner le navire mauve.

Si l’argument de Rajesh Bhagwan reste le même, les démissionnaires quant à eux présentent des arguments plus crédibles. Tous ces jeunes, à l’instar de Nitin Jeeha, Yannick Catherine et Jenny Adebiro, ont décrié le manque de soutien du parti à leur égard et surtout la clique de Joanna Bérenger qui prend de plus en plus d’ampleur au sein du parti.

Cela fait déjà plus d’une décennie que le Leader du MMM anime une conférence de presse chaque semaine afin de décortiquer l’actualité politique où les autres députés ou membres du MMM n’ont qu’à s’assoir en silence en écoutant le monologue du Leader maximo mauve. Certes, ces membres du MMM n’ont certainement pas l’autorisation ou l’aval du parti pour prendre la parole lors de ces conférences de presse, sauf que là, il s’agit des congrès dans leurs circonscriptions respectives en temps de campagne électorale. Alors que ceux qui jouissent du statut de célébrité au sein du parti, à l’instar de Reza Uteem, de Rajesh Bhagwan, d’Ajay Gunness, peuvent s’autoriser à parler et à intervenir sur les radios. Les autres membres moins connus quant à eux ne peuvent qu’attendre leur quart d’heure de gloire Warholien. Ces membres, dont les noms demeurent relativement ignorés du public, n’ont vraisemblablement plus envie de demeurer dans l’ombre de leur Leader, et encore moins dans l’ombre de la fille du Leader. Le MMM ne s’intéresse pas aux problèmes des Mauriciens et aux problèmes de notre pays. Pour Paul Bérenger, l’objectif est simple : comment faire pour que Joanna puisse prendre les rênes du parti, même s’il faut éjecter les anciens.

Outre le fait de devoir être que des moutons de Panurge au sein de la bergerie, ou plutôt l’abattoir mauve, les démission- naires accusent les pourparlers entre le MMM et le PTr d’avoir contribuer dans leur décision de quitter le parti. Les militants ne pourront jamais digérer la défaite de 2014, défaite que Paul Bérenger a attribuée à Navin Ramgoolam. Les militants en 2019, ont fait un score respectable aux élections générales en ayant fait campagne sans leurs colistiers rouges. Et aujourd’hui, Paul Bérenger retourne sa veste pour aller quémander une alliance avec le PTr.

Même si ces jeunes ne sont peut-être pas très connus, cela reste un fait que nous avons vu bon nombre de personnes quitter le MMM au fil des années. Le MMM a toujours connu son lot de crise, nous évoquerons la démission de Jean Claude de l’Estrac du parti dans les années 80, indiquant le fait qu’un monstre à trois têtes semait la terreur au sein du parti. Plus de quatre décennies plus tard, nous nous demandons si ce monstre sévit toujours ? En 2021, sur Radio Plus, Jean Claude de l’Estrac avait également blâmé Paul Bérenger pour la cassure de 1983, en disant que si Paul Bérenger s’était comporté correctement, il y aurait eu une passation de pouvoir en douceur de Sir Anerood Jugnauth à Paul Bérenger quelques années après 1983.

Les faits sont les faits. Paul Bérenger a toujours été à l’origine de toutes les cassures du MMM. Il a toujours voulu être celui qui prenait toutes les décisions, il a toujours aimé tirer les ficelles derrière le rideau en attendant le bon moment pour devenir lui-même Premier ministre. Toutes les alliances politiques majeures post indépendance ont été contrôlées par lui. Paul Bérenger semble être arrivé au bout du rouleau et tente à tout prix de stopper le rouleau compresseur orange. Cependant Paul Bérenger n’est pas dupe, car il sait fort bien que Roshi Bhadain, Nando Bodha et Xavier-Luc Duval ne sont que de vulgaires béquilles.

Le fait demeure que les militants en ont ras le bol des pirouettes de leur Leader, et ne peuvent plus voir leur Leader ramper pour une alliance. Certainement, d’autres démissions sont à prévoir au sein de ce parti, qui ressemble de plus en plus au Titanic. L’hémorragie ne s’arrêtera pas de sitôt, comme l’avait dit Pravind Jugnauth, bientôt il ne restera que le papa et sa fille au MMM. Le problème est interne. Le ver est dans le fruit et le fruit pourri à vue d’œil. Le gangrène est interne et le MMM court vers une mort certaine.

Comme dirait l’Anglais : “Something is rotten in the State of Denmark” ou plutôt “Something is rotten in the MMM”.