Les lecteurs sont écœurés de lire chaque jour des cas de violences envers les femmes voire des cas de féminicide malgré toutes les lois en vigueur. En moins d’un mois, quatre femmes ont été tuées par leurs conjoints. Une situation qui interpelle tant les autorités que les ONG.
À cet effet, nous avons rencontré James Arékion qui a mis sur pied un projet de centre de refuge pour les femmes battues et leurs enfants : Tamar House. Il nous en parle avec entrain mais derrière cette bonne humeur se cache un homme dégoûté de voir autant de maltraitances envers les femmes et les enfants. Le foyer Tamar est sa façon à lui de dire STOP aux violences !
D’où vous est venue l’idée de créer ce centre de refuge ?
Il y a trop de cas de maltraitances. En plus de ceux rapportés dans la presse, je peux vous affirmer qu’il y en a d’autres qui ne sont pas recensés. Nous voulons offrir à ces femmes un endroit où elles se sentiront en sécurité et où elles pourront redémarrer une nouvelle vie.
Nous ? Vous n’êtes pas seul dans ce projet ?
Bien sûr que non. C’est la fondation Charis Charity, dont je suis le membre fondateur, qui m’a permis de réaliser ce projet. La Fondation – qui repose sur trois piliers nommément Kairos, Hope et Tamar – se concentre respectivement sur l’éducation et l’autonomisation des enfants et des jeunes adultes, sur l’aide aux sans-abris et aux nécessiteux et sur l’assistance aux victimes de violence domestique. C’est d’ailleurs la dernière aile qui nous intéresse en ce moment même si le travail de terrain se fait est en continu pour éduquer les jeunes dans le besoin et soutenir les sans-abris.
Un tel projet nécessite un budget conséquent et un soutien indéfectible ?
En termes de budget pour la rénovation de la maison qui abritera Tamar House, nous avons déjà investi Rs 1,5 million incluant les aménagements intérieurs. Fort heureusement, nous avons des partenariats locaux et internationaux qui nous soutiennent dans cette démarche. D’ailleurs, nous avons encore besoin de volontaires. Tous ceux qui peuvent aider dans cette démarche sont les bienvenus. Mieux encore, nous avons eu une première rencontre en octobre 2021 avec les autorités mauriciennes qui ont très bien accueilli notre projet.
Nous souhaiterions désormais que le ministère informe les forces de l’ordre de l’existence de notre centre afin qu’une fois la déposition faite au poste de police, ils aient la responsabilité d’emmener les victimes à Tamar House pour qu’on les prenne en charge.
Combien de résidents Tamar House peut-il accueillir ?
Nous avons aménagé 5 chambres qui peuvent accommoder 14 lits. Les chambres sont équipées pour accueillir les enfants aussi. Une cuisine toute équipée sera mise à la disposition des résidents ainsi qu’une machine à laver, un salon et une salle à manger. De plus, les enfants auront un espace de jeux extérieur pour qu’ils puissent s’épanouir.
En plus d’être logées et nourries, ces femmes auront-elle droit à d’autres activités ?
Nous avons mis en place tout un programme. Nous mettrons à la disposition des victimes un panel d’accompagnateurs dont une psychologue, une doctoresse et une juriste. Un suivi régulier leur sera accordé. Elles auront accès à des formations telles que la couture et la cuisine, entre autres. Nous voulons à tout prix qu’elles retrouvent leur joie de vivre. Pour cela, nous prévoyons de les encadrer et de les protéger. Elles auront des cours de gym et d’aérobic pour leur permettre d’évacuer leur stress. Nous devons nous assurer qu’elles ne sombrent pas dans la dépression.
D’autres projets en vue ?
Dans un proche avenir, nous voulons ouvrir un orphelinat pour accueillir les orphelins, victimes de harcèlement scolaire. Nous voulons mettre en place un système éducationnel et vocationnel afin de permettre à ces enfants d’avoir un avenir meilleur.
James Arékion a indiqué qu’une conférence avait été organisée par l’aile féminine de la fondation à l’hôtel Hennessy. Un événement qui a attiré la participation de nombreuses personnalités, notamment la chanteuse Laura Beg, une responsable de la Women Empowerment et une représentante du Consulat du Ghana. Cette rencontre s’est déroulée sur la façon dont les femmes pourraient développer un esprit d’entreprenariat. Selon les protocoles sanitaires en vigueur, 50 femmes seulement ont pu assister à cette conférence mais l’objectif de mettre en avant le dialogue et le networking, a été atteint.
Par ailleurs, notre interlocuteur a précisé que l’accent était aussi mis sur l’accompagnement de ces femmes qui souhaitent se lancer dans l’entreprenariat, à savoir les démarches à entreprendre auprès de SME Mauritius ou autres démarches légales. James Arékion a insisté sur le fait que la fondation accueille toutes les communautés confondues et qu’une équipe motivée est là pour les guider.