May 3, 2024
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TikTok : Un réseau nocif pour nos ados ?

Si vous êtes le parent d’un ado, vous avez sans doute entendu parler de la populaire application de médias sociaux TikTok, une plateforme de partage de vidéos où les utili- sateurs peuvent regarder, créer et partager des vidéos qu’ils ont eux-mêmes tournées avec leur téléphone portable. Si l’application peut être une source de créativité et d’amusement pour les utilisateurs, de nombreux parents hésitent, à juste titre, à l’adopter avec le même enthousiasme que leurs homologues de la génération Z. La technologie ne cesse d’évoluer et il peut être difficile de suivre le rythme. Les questions de sécurité en ligne et de confidentialité des données sont au cœur des préoccupations de nombreux parents lorsqu’il s’agit de la participation de leurs adolescents à TikTok.

Compte tenu de la popularité croissante de l’application et de l’attention récente des médias concernant de prétendus problèmes de confidentialité, il est important de comprendre comment les enfants font usage de cette application et quelles informations sont partagées en ligne à leurs sujets. Les vidéos TikTok populaires montrent le plus souvent de jeunes adolescents, souvent habillés de manière provocante, dansant ou chantant sur des chansons populaires ou des paroles de films. Les chansons sont souvent explicites, contenant des jurons ou des termes sexuellement suggestifs.

TikTok a ses propres célébrités locales telles que des adultes, des couples et des adolescents qui sont devenus célèbres et qui ont accumulé des millions de ‘followers’ grâce à leurs courtes vidéos à Maurice.

Une application fiable pour les adolescents à Maurice ?                                                 

L’application est très populaire auprès des jeunes de moins de 16 ans. Malheureusement, ils ne rendent pas compte du danger car des pédophiles et des gens malveillants les guettent. L’Indonésie, par exemple, a bloqué et interdit l’application car de nombreux crimes sexuels y étaient associés. Cette décision a été également prise afin de protéger les enfants et les jeunes adolescents des prédateurs. Ces derniers ont pour habitude de séduire de jeunes adolescents et adolescentes en envoyant des messages provocants et inappropriés à travers leurs vidéos.

Le constat est que les jeunes mineures reçoivent un nombre disproportionné de commentaires effrayants sur l’application mais TikTok n’est pas la seule plateforme où les utilisateurs mineurs sont exposés à des scènes osées. Mais il semblerait que le comportement est généralement plus grave sur TikTok parce que les utilisateurs adolescents créent des vidéos qui répondent aux paroles de chansons explicites suivant des demandes de leurs ‘followers’.

Le Bad buzz d’un jeune adolescent mauricien

Lors du premier confinement en 2020 à Maurice, un adolescent de 14 ans et sa mère avaient tous deux séduit de nombreux internautes à travers leurs vidéos sur la plateforme TikTok et leurs ‘lives’ sur Facebook. Ils sont rapidement devenus le chouchou des internautes. Le duo mère-fils se livrait à des danses et des chants qui ont ravi les internautes. Ils sont vite devenus des stars de TikTok. Cependant au fil du temps, le contenu des vidéos du jeune garçon est passé d’amusant à des contenus vulgaires et choquants. En début de semaine, ce jeune adolescent a subi un acharnement sur les réseaux sociaux concernant son ‘twerk’ dans un temple hindou filmé à partir de son portable. Les internautes n’ont pas tardé à réagir suite à cette vidéo et certains l’ont même menacé de mort. Il a été vivement critiqué pour son manque de respect envers la communauté hindoue et le lieu de culte en question. Il est aussi accusé d’avoir saccagé une statuette de divinité. Suite à cette vidéo et de nombreuses plaintes, la Child Protection Unit (CDU) a pris en charge l’adolescent et son frère qui habitaient avec leur mère après le décès de leur père.

Doit-on laisser nos enfants télécharger l’application ?

En raison de toutes ces préoccupations, plusieurs parents n’autorisent pas à leurs enfants à télécharger TikTok. Certains ont même du confisqué les téléphones portables afin que leurs enfants ne se connectent pas à cette plateforme. De nombreux parents ont du mal à gérer ce genre de situation, à l’instar de Christelle, mère d’une fillette de 10 ans qui a accepté d’apporter son témoignage.

« Au début, j’avais téléchargé cette application sur mon téléphone car mes collègues m’en avaient parlé et puis ma fille s’est mise à regarder les vidéos en utilisant mon portable. La plupart du temps, elle gérait elle-même l’application car je lui faisais confiance, sachant qu’elle en fera bon usage. Puis un jour en consultant l’application, je suis tombée sur des vidéos qu’elle n’avait heureusement pas publiées en mode public mais qui étaient, certes, choquantes. Sur les vidéos, on pouvait l’apercevoir en train de danser et faire des gestes jugés obscènes sur des chansons avec des paroles suggestives. Lorsque je l’ai abordé à ce sujet, elle m’a expliqué qu’elle souhaitait devenir populaire et qu’elle avait d’ailleurs l’intention de publier ces vidéos. Elle n’était pas consciente du fait, qu’à son âge, ce genre de vidéo et de contenu étaient totalement inacceptables. Pire ses amies de classes étaient-elles aussi abonnées à cette plateforme et l’encourageaient à publier ses vidéos pour voir combien de ‘likes’ elle pourrait avoir. Je lui ai expliqué que cette plateforme pourrait vite devenir un lieu où des prédateurs pourraient s’en prendre à elle. J’ai fini par effacer l’appli- cation de mon téléphone de peur qu’elle recommence dans mon dos. D’ailleurs, j’estime que les parents devraient être plus vigilants lorsque leurs enfants utilisent leurs téléphones car ça peut vite prendre une mauvaise tournure avant même de s’en rendre compte ».

Sécuriser l’accès à TikTok

Il existe plusieurs moyens de sécuriser une application mobile. Tout d’abord, le mode restreint de l’application permet de filtrer les vidéos inappropriées. De ce fait, un enfant ne peut pas avoir accès à des vidéos pour adultes. Les parents peuvent demander à leurs enfants de définir leurs profils comme privés afin que les inconnus ne puissent pas les regarder.

Les médias sociaux et la cyber intimidation

Les médias sociaux et la cyber intimidation vont de pair, et TikTok n’en fait pas l’exception. Qu’il s’agisse d’inconnus partageant leurs opinions préjudiciables ou même de commentaires d’amis que votre enfant connaît dans la vie réelle, TikTok, comme toute autre plateforme de médias sociaux, offre un terrain fertile à la cyber intimidation. L’une des principales formes de cyber intimidation que l’on rencontre de plus en plus sur TikTok est le ‘body shaming’. Des utilisateurs célèbres de TikTok ont témoigné de leur expérience personnelle en matière de ‘body shaming’ dans la section des commentaires de leurs vidéos, et ont dû faire face à un nombre incalculable de commentaires préjudiciables sur leur forme et leur taille. Cela peut avoir des effets considérables sur les jeunes utilisateurs qui sont encore en train de se développer mentalement et physiquement. Ce qui peut aussi entraîner des sentiments de dévalorisation et d’humiliation.

L’inquiétante montée de l’intolérance sur l’île

On constate une grande préoccupation en ce qui concerne l’intolérance croissante dans notre pays multiracial. Deux des plus grandes controverses sur les réseaux sociaux ont mis en lumière des hommes qui tenaient des propos racistes et à relent communal ainsi que des injures à l’égard d’un lieu de culte. Fardeen Okeep, âgé de 39 ans, fut arrêté en avril 2021 pour avoir posté une vidéo sur les réseaux sociaux où il avait tenu des propos à relents communaux. James Hexley Alexandre, également âgé de 39 ans, fut aussi arrêté en janvier 2022, sous une accusation provisoire d’incitation à la haine raciale. Leurs propos racistes avaient attiré de vives contestations de la part des associations socioculturelles ainsi que les foudres des internautes sur les réseaux sociaux.

Les réseaux sociaux sont devenus incontournables. Mais leur audience grandis- sante induit un marché qui pousse à la tromperie et aux manipulations. Il est clair qu’il y a plus d’entrain à s’informer sur les réseaux sociaux et de moins en moins à travers les journaux ou la télévision. On constate, en outre, que plusieurs internautes lancent des rumeurs négatives avec une volonté de déstabiliser l’adversaire en s’attaquant à ses idées ou à sa personne. Ils cherchent à marquer les esprits par des provocations, des scoops surprenants, des pseudo-événements dans le but de nuire à leurs adversaires par tous les procédés possibles et des conflits personnalisés.

Les réseaux sociaux existeront toujours et ils apportent indéniablement du positif à de nombreux aspects de notre monde, mais il ne faut pas pour autant oublier de vivre pleinement notre vie. Il faut apprendre à les utiliser avec modération et ne pas se laisser happer par l’univers virtuel qui ne reflète pas la réalité de tous les jours.

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