April 27, 2024
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Opinion

UN 21 FÉVRIER 1999 DE TRISTE MÉMOIRE – Ce vrai patriote Kaya qu’a oublié ce faux Rama

Kaya. Un surnom. Une voix. Les deux résonnent toujours. Vingt-trois ans après le décès du père du seggae dans de troublantes circonstances puisqu’il était en détention policière à Alcatraz. La nouvelle de sa mort, le 21 février 1999, ne laissa pas ses fans insensibles. Des émeutes éclateront et durant quatre jours de suite, de violents affrontements opposeront les forces de l’ordre aux manifestants qui avaient du mal à croire la version de la police selon laquelle le chanteur est mort d’une fracture du crâne après s’être cogné la tête contre un mur de sa cellule. Son épouse Véronique restera toutefois hébétée et choquée en constatant 32 blessures sur le corps de son époux. Qu’a-t-il bien pu se passer aux Casernes centrales dans la nuit du 20 au 21 février 1999 ?

De son vrai nom Joseph Réginald Topize, Kaya est né le 10 août 1960 à Roche-Bois. Il avait donc 38 ans et tout son avenir devant lui quand il sera retrouvé sans vie dans sa geôle. Les bruits à l’effet qu’il aura été victime de brutalités policières provoqueront la révolte à travers le pays. La police sera mise à rude épreuve et finira par utiliser les armes dans certains quartiers chauds où elle avait perdu le contrôle de la situation, avec une vive colère généralisée devenue incontrôlable. L’arrestation de Kaya eut lieu après le meeting du Mouvement Républicain de Rama Valayden qui avait fait de la dépénalisation du cannabis son cheval de bataille alors qu’à l’hôtel du gouvernement, Navin Ramgoolam était aux commandes pour son Premier mandat comme Premier ministre.

En termes de perte de vie humaines, de dégâts matériels conséquents et d’atteinte à la solidarité et à l’unité nationale, le pays aura beaucoup souffert de ces cinq jours consécutifs de révoltes populaires, avec un sévère blâme sur les Casernes centrales et sur la classe politique, dont un homme en particulier, Rama Valayden. Ce dernier, dans sa quête de popularité et de légitimité de son mouvement politique qui finira par disparaître de l’échiquier – preuve de son manque de sérieux, du bluff de son leader et de son avidité – s’était engagé dans un soulèvement visant à déstabiliser le gouvernement d’alors dirigé par le Dr Navin Ramgoolam sur un sujet très sensible pour lequel nous ne sommes pas encore préparés à en débattre deux décennies plus tard. Même l’avocat Valayden n’ose pas en parler alors qu’en 1999, il avait créé autour de la dépénalisation du gandia un climat de troubles, d’instabilité et d’insécurité en misant sur la crédulité des petits consommateurs du cannabis comme Kaya.

Rama Valayden a donc été, indirectement peut-être mais sa contribution n’était pas négligeable, l’instigateur de tout le désordre et le viol de la loi de la République quant à la consommation en public du chanvre indien lors du meeting du 16 février à Rose-Hill. C’est deux jours après ce concert organisé par le Mouvement Républicain pour la dépénalisation du cannabis que Kaya sera arrêté pour sa participation et pour y avoir fumé un joint publiquement comme incité par le politicien Valayden. Le célèbre artiste sera détenu à l’Alcatraz Detention Centre au quartier général de la police. Et le 21 février, la nouvelle de son décès provoquera choc, colère et sédition. Pendant que Kaya se faisait arrêter et emprisonner sans que l’homme de loi et leader du MR se manifeste pour le défendre et obtenir sa libération car occupé et préoccupé par son déplacement à Rodrigues où il avait un client qui l’attendait, ici allait se jouer un drame sans précédent qui bouleversa tout un pays et son gouvernement.

Quand Rama Valayden deviendra ministre de la Justice plusieurs années plus tard, que fera-t-il pour rendre non condamnable toute infraction liée à la consommation de cette drogue douce ? Que fera-t-il pour honorer dignement la mémoire de Kaya et toutes ces victimes des émeutes de février 1999 ? Vingt-trois ans plus tard, Valayden veut se refaire une virginité politique alors que la veuve Véronique Tobize cherche encore des réponses aux nombreuses interrogations sur le décès suspect et tragique de son cher et célèbre époux pour qui ce n’etait définitivement pas la voie du bluff et de la tartufferie le vrai « simé lalimière ».