May 8, 2024
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Opinion

Vers des élections générales anticipées?

Le Mouvement Socialiste Militant organise une série de congrès à travers l’île, pour, selon les dirigeants, « célébrer les 40 ans du parti ». Or, le MSM ne naît qu’en 1983, et c’est donc l’année prochaine qu’il fêtera cet anniversaire. Pourquoi donc ces congrès, si ce n’est que le MSM, et le gouvernement s’entend, est déjà en campagne électorale.

Car, Pravind Jugnauth entend profiter de la division de l’opposition, encore incapable d’accorder leurs violons, pour organiser des « snap elections »,et surprendre ainsi le Ptr, le MMM et le PMSD. C’est de ces trois partis que le MSM a vraiment peur, et son leader est conscient que s’ils unissent leurs forces, les 37% qui lui avait permis de revenir au pouvoir en 2019 ne suffiront pas. D’où ces meetings/congrès qui servent à sermonner les troupes, et s’assurer que la population voit qui travaille et qui met en place des projets.

Si le MSM s’agite aussi autant, c’est qu’au sein même de l’alliance gouvernementale comprenant Steve Obeegadoo, Alan Ganoo et Ivan Collendavelloo, l’impatience commence à gagner ce dernier. Navin Ramgoolam a d’ailleurs interpellé le leader du Mouvement « Kare Kare » en ces termes : »Collendavelloo ki so rol ? ».Rien n’indique que ce dernier quittera la barque gouvernementale, mais il est clair qu’il doit venir de l’avant pour dire ses quatre vérités sur ce qui est arrivé à Ameenah Gurib-Fakim, candidate à la présidence qui était le « doing » de Collendavelloo, mais aussi sur sa révocation à cause d’un « bout papie » dans l’affaire Saint-Louis. Alors qu’est survenue l’affaire de la lettre anonyme qui valut à Ameenah Gurib-Fakim de quitter le Réduit, Ivan Collendavelloo a toute légitimité de se demander s’il n’a pas été victime du même stratagème ? Il doit prendre la parole au congrès MSM, qui se tiendra à Rose-Hill, ce lundi. On en saura donc plus sur le stand du Mouvement Liberater. Est-ce qu’il se libèrera de la « prison » et de l’alliance gouvernementale, ou Collendavelloo décidera-t-il de passer l’éponge et d’attendre les deux ans à venir ?

Justement, Pravind Jugnauth ne peut plus se permettre d’attendre 2024.Car,plus le temps passe, plus le risque est grand, pour lui, de voir se concrétiser l’alliance Ptr/MMM/PMSD. Et si cette alliance ajoute Nando Bodha et d’autres petits partis à son attelage, elle ne fera qu’une bouchée du MSM aux élections. Par contre, si Pravind Jugnauth appelle à des élections anticipées, sans passer par les municipales, où son parti risque de toute façon de laisser des plumes, il a une plus grande chance de museler les trois partis, encore minés par leurs guerres d’ego.

Car, qu’il le veuille ou non, Pravind Jugnauth n’a plus de grande marge de manœuvre. Autant il avait raison de faire confiance à des jeunes, autant le manque d’expérience, »la profondeur de son banc »,aurait dit les amateurs de foot, l’empêche de faire un remaniement. Mais il peut encore le faire, et catapulter Sandra Mayotte à la Culture, nommer un nouvel Attorney General en la personne de Roubina Jadoo, qui a fait son retour au parti, et remplir les postes vacants dans trois ministères, dont d’autres ministres assurent la suppléance.

Mais pas sûr que cela apaisera les tensions inhérentes à ce type d’exercice. Et pas évident aussi de donner la chance à certains jeunes, au vu de ce qu’un Kenny Dhunnoo peut faire par exemple. Alors, le Premier ministre se retrouve forcé à repartir avec la même équipe, dont la faculté de travail a fait l’objet de maintes critiques jusqu’ici. Ce qui a grandement handicapé la bonne marche du gouvernement. Alors, des élections générales pour tenter le tout pour le tout ? Ainsi, au lieu d’attendre 2024 pour implémenter les Rs 13500 aux retraités, le chef du gouvernement peut demander à Renganaden Padayachy de le faire avant, s’assurant ainsi du « bank vote » des 250000 personnes âgées.

Sauf que la donne n’est plus la même depuis 2019.Le gouvernement n’est plus aussi populaire, et des observateurs politiques disent que les « foules » qui se pressent aux congrès du MSM sont trimballés de la campagne à la ville, pour faire croire que ce parti est encore populaire. De toute façon, en démarrant sa série de congrès à Triolet, en région rurale, Pravind Jugnauth entend démontrer qu’il va encore s’appuyer sur les circonscriptions 4 à 14 pour se maintenir au pouvoir. Mais attendre 2024 n’est plus valable. C’est par surprise qu’il veut terrasser ses adversaires politiques. Et plus il tarderait à le faire, plus Roshi Bhadain avancera en milieu rural. Et se rapprochera de son rôle de vrai challenger au poste de Premier ministre. C’est pour cela que Pravind Jugnauth évite de parler du leader du Reform Party, pour ne pas lui donner de l’importance.

Mais en son for intérieur, il sait que Roshi Bhadain peut jouer au trouble-fête. Un rôle que Nando Bodha aurait pu jouer, mais il n’a pas fait ce qu’a fait Sherry Singh par exemple. Bodha a gardé pour lui les secrets du parti et du gouvernement. Ce qui fait qu’il s’est auto mis à l’écart. »Res koson », diraient les amateurs du jeu de dames. Fabulation ? Rêve d’éditorialiste ? Toujours est-il que chacun avance ses pions, au gré de leurs plans. Mais à ce jeu, Pravind Jugnauth a, depuis 2014, montré qu’il a des longueurs d’avance sur ceux qui le voient hors du pouvoir. Nous le saurons très vite dans les jours et semaines à venir !

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