UN RECEVEUR INDIVIDUEL : « Bizin backing pou gagne travay dans CNT »
Rs 500 pour 14 heures de temps de travail, pas de meal allowance, pas d’uniforme, pas de transport, pas de contribution à la NPF, pas d’assurance et pas de sécurité
Bien que sa contribution soit immense dans le développement, le progrès et le bien-être de la population, le transport en commun est au plus bas de son état. C’est le cas de le dire après les témoignages et le constat recueilli sur le terrain auprès des principaux acteurs de ce secteur.
L’heure est au travail. C’est le Premier ministre lui-même qui a lancé cette phrase à toute la population mauricienne et à son gouvernement. Alan Ganoo, le vétéran n’a pas vraiment tiré le gros lot avec le transport en commun sous les bras, y compris le dossier du métro léger. Pour la première partie d’une série d’articles de presse que nous allons consacrer au dossier transport, nous avons mené notre enquête dans la desserte du Nord de l’île. 32 routes sont desservies par les compagnies d’autobus et les opérateurs individuels avec point de départ commun le Transportation Centre de Port Louis, communément appelé Immigration Square. Notre enquête nous a menées à quelques réflexions glanées auprès des principaux acteurs de ce secteur. Allons-y pour un constat primaire. Au ministre Ganoo de ronger ses freins et de trouver la bonne carburation pour arriver à destination sain et sauf.
« Pou rentre dans CNT bizin éna backing ».
Le témoignage d’un des receveurs d’un opérateur individuel est un véritable appel à de meilleures conditions de travail dans ce secteur. Yannick, presque la trentaine, craint pour la sécurité de son emploi et les conditions y relatives. D’emblée, il nous a dit que le danger du survie de leur profession est de toutes parts, salaire dérisoire ( Rs 500 pour 14 heures de travail), pas de meal allowance, pas d’uniforme, pas de transport, pas de contribution à la NPF, pas d’assurance et pas de sécurité entre autres. En cas de panne, chauffeurs et receveurs sont obligés de remuer ciel et terre pour faire le dépannage. Même son de cloche pour
ce receveur qui travaille sur la route Port Louis/Flacq. Ce dernier concède qu’il n’est pas membre d’un syndicat au risque de perdre son job. Il a abondé dans le même sens que son collègue tout en ajoutant que « si demann bonus, patron kapav dire ou pas revinne travay dimin ». Il devait aussi ajouter qu’il aurait aimé être embauché par la CNT mais ajoute que « pou rentre CNT bizin éna backing ».
De son côté, ce chauffeur d’une compagnie ne revient pas à l’effet qu’à la fin d’une dure journée de travail, ses collègues et lui sont laissés à leur compte car il n’y a pas de workers’ bus pour qu’ils puissent regagner le toit familial. De plus, il se demande pourquoi il n’y a pas un plan d’assurance pour les travailleurs du transport.
En sus des problèmes qu’on à faire face les travailleurs de ce secteur, ils attendent que le Remuneration Order soit appliqué pour les travailleurs des opérateurs individuels. Il semblerait que c’est la loi de la jungle qui prévaut au niveau des salaires. Ils attendent tous le nouveau ministre du Transport et de sa prise de position en faveur des travailleurs du transport.
Les routes à problèmes
Notre enquête auprès du public voyageur nous a permis d’énumérer une dizaine de lignes qui ont de graves problèmes. Dans un passé pas trop lointain, nous avions évoqué le problème sur la route 251, Plaine Lauzun/Calebasses. À bien voir les horaires d’autres dessertes, il va sans dire qu’ils font l’objet de plusieurs interpellations de la part du public voyageur. Ce dernier est d’avis que les propriétaires ont été gâtés par le régime de Navin Ramgoolam avec l’introduction du transport gratuit. Les victimes sont les personnes âgées, qui, du matin au soir, sont ignorés par les « bus crews ».
Un des derniers exemples en date que nous avons vécu en témoins privilégiés, a été ce refus catégorique d’un bus de la CNT. Le chauffeur, lui-même fort possiblement la soixantaine avait carrément ignoré des femmes laboureuses qui étaient presque au bord de la route à Mon Songes. Elles avaient même attiré l’attention du chauffeur en levant la main. Quand nous l’avons intercepté plus devant, il devait nous dire qu’il n’y a pas d’arrêt et il ne pouvait s’arrêter. Cependant, il devait concéder que sur le plan humanitaire, certains de ses collègues arrivent à s’arrêter pour prendre les passagers quand il n’y pas d’arrêt. Cette absence d’arrêt d’autobus est criarde sur beaucoup de routes et ça pose problèmes pour les personnes âgées.
Il y a aussi le non-respect des horaires des derniers départs sur plusieurs routes. À titre d’exemple, de Flacq vers Port-Louis et de Plaine Lauzun vers Calebasses. Les cas de breaking routes sont plus pires que jamais. Il nous revient que c’est devenu routinier. Que ce soit durant la journée et c’est plus courant lors du dernier trip, que ce phénomène se produit. Les bus complètent pas leur trajet et à maintes reprises, ils débarquent les passagers et ces derniers sont laissés en bord de la route en attendant le prochain bus, qui souvent imite son prédécesseur.
La faute à QUI ? Sans aucun doute, c’est la NTA (National Transport Authority) ou la NLTA (National Land Transport Authority) qui doit être responsable. À voir la liste des lacunes, il va sans dire qu’une amélioration de notre transport en commun prendra des lustres. À moins que le ministre concerné se mette dans la peau du Premier ministre et applique le modus operandi premier ministériel qu’est le travail et le résultat. La toute première des mesures est une révision générale et en force de la National Transport Authority ou la National Land Transport Authority, deux appelations pour une seule entité.
La NTA ou la NLTA et ses lacunes existantes
L’Autorité nationale des transports à Maurice (NTA) est un département fonctionnant sous l’égide du Ministère de l’Infrastructure publique et des Transports Fonciers. Elle a été créée en vertu du Code de la route en 1980 et a, en tant que responsabilité principale, l’immatriculation des véhicules et leur permis, la réglementation et le contrôle du transport routier à Maurice, y compris Rodrigues et d’autres îles.
La responsabilité de l’administration de la NTA incombe au commissaire aux transports routiers. La NTA a également une commission constituée en vertu de l’article 73 du Code de la route. Le conseil d’administration est composé d’un président nommé par le ministre et de 10 autres membres et est responsable de l’octroi de permis aux véhicules transportant des marchandises, et aux véhicules contractuels; elle est aussi responsable des procédures disciplinaires intentées contre les opérateurs de transport, et les autres conducteurs.
Le personnel de la National Land Transport Authority est composé de 96 membres de la section technique et de 136 membres des Services généraux. La vision de la NLTA est d’établir cette instance comme un régulateur inébranlable pour l’industrie du transport terrestre tout en répondant aux besoins changeants de ses clients.
La mission de l’organisme en quelques points :
-Fournir le cadre stratégique pour la prestation des services de transport public et planifier les besoins futurs du pays ;
-Réglementer et contrôler le transport des marchandises et des passagers en vue de s’assurer que le public bénéficie de services de transport adéquats, sûrs, abordables et fiables;
-Examiner la législation, rationaliser les procédures et entreprendre le renforcement des capacités pour améliorer l’efficacité et la prestation des services aux clients;
-Et superviser l’exploitation des stations privées d’examen des véhicules afin d’assurer le respect des exigences d’examen approuvées.
Les lacunes à la NTA
1. Sa page web comporte plusieurs « faussetés » et elle n’est pas update avec la réalité. À titre d’exemple, citons le cas de la route 176 Port Louis/Flacq. Ça fait des lustres que cette route est devenue la propriété des opérateurs individuels alors que sur la page de la NTA, elle est toujours avec la CNT.
2. Il est très difficile d’avoir une personne à l’autre bout du fil à la NTA. Même les numéros de communication s’avèrent ne pas être exactes.
3. Pas d’aire de stationnement pour les membres du public qui doivent se rendre à la NTA pour des affaires.
4. Que deux inspecteurs pour la région nord.
C’est dire que le ministre Ganoo a un gros travail à abattre. Arrivera-t-il à relever ce défi qui touche l’ensemble de la population ? Car, un pays prospère repose entre autres sur l’efficacité de son industrie de transport. Les clefs de cette efficacité sont maintenant entre les doigts du ministre concernées. À lui de choisir sa destination.
Dans un premier temps, nous publions la première partie de la liste des destinations à partir de la place de l’Immigration et la suite sera publiée dans notre prochaine édition.