May 9, 2024
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Opinion

Analyse – Crimes, drogues et accidents de la route : la face cachée de la reprise

C’est comme une ritournelle qui revient sans cesse : à chaque fois que l’île Maurice croit qu’elle est sortie d’affaire, la voilà rattrapée par la face sombre de la médaille : la criminalité, les drogues et accidents de la route. Une réflexion naïve d’abord conduirait à croire qu’il y a une fatalité. Or, il n’y a pas d’effet sans cause et les délinquants font toujours confiance à une justice candide et réparatrice et prompte au pardon et croient que les méchants s’amendent toujours. Mais les policiers connaissent bien la chanson. C’est la raison pour laquelle il réussit à attraper les contrevenants – peu importe la nature des crimes – assez rapidement. Ce qui manque souvent à nos policiers, ce sont les moyens modernes d’accomplir leur travail et les salaires qui correspondent à leurs responsabilités. Une chose est sûre : la société mauricienne ne peut plus longtemps s’accommoder des ambitions les plus justes pour viser le progrès social pour la collectivité, et de criminels qui tuent en sachant que leurs crimes ne leur vaudront finalement que l’enfermement entre quatre murs !

Vivre aux crochets de la société

Au sortir de la pandémie – alors que les conséquences de la guerre en Ukraine se font toujours sentir -, les Mauriciens dans leur immense majorité ne sont pas dans un état d’accepter de consentir des efforts alors qu’une infime minorité de ce pays se paye le luxe de vivre aux crochets de la société et de continuer à faire, comme avant s’offrent des jours de vacances chaque semaine. Il n’y a pas de loi qui l’interdit, mais il est tout simplement indécent de se servir des centimes de l’État aux dépens de ceux qui le méritent. Partout dans les pays qui possèdent les mêmes caractéristiques sociales, culturelles et économiques que l’île Maurice, ce sont des populations qui sont dans le mouvement de l’histoire, se dédient à des efforts nationaux pour sortir leurs pays respectifs du marasme et trouver leur place dans le nouveau concert des nations suffisamment ébranlées par la double crise de Covid-19 et la guerre en Ukraine.

‘There is no free lunch’

Comme le dit si bien l’adage anglais, ‘There is no free lunch’, il est entendu que l’île Maurice devra elle-même se débrouiller toute seule, sans doute soutenue par les ‘pays amis’ avec un prix à payer. L’idée qu’avancent certains politiciens qui ne sont pas aux commandes de notre pays à l’effet qu’ils pourront eux améliorer notre futur relève tout bonnement d’un registre démagogique servi à grand coup de poncif. Notre ambition, d’atteindre un pays où les revenus sont élevés ne passera pas sans efforts. Ceux qui persistent dans les attitudes « après la COVID-19 » n’ont pas leur place dans ce nouveau monde en cours de réorganisation. Il faut faire preuve de rigueur et de discipline. Petit à petit, l’île Maurice est en train de prendre la forme d’une vaste entreprise nationale avec ses PME, mais aussi ses conglomérats, tout en reconnaissant les mérites de chacun, ses capacités et limites au sein d’une société qui entend toujours soutenir les couches les plus vulnérables. Mais, depuis l’apparition de la Covid-19 et la guerre en Ukraine, l’air d’une fête sans discontinuer à laquelle certains avaient pris goût sans mettre la main aux poches est bel et bien terminée !

Enjeux et défis

C’est parce qu’il y a eu trop d’enjeux et de défis auxquels l’île Maurice est confrontée que nous ne pouvons plus nous permettre de continuer à faire les choses comme avant. Les Mauriciens ont été des exemples de résilience pendant deux années éprouvantes et depuis un peu moins de deux ans maintenant l’espérance est réapparue. Nous avons été guidés par une véritable impulsion de solidarité et d’empathie nationale et le sentiment de sacrifice prévalait partout sur l’île. Il est hors de question que ce rythme soit miné par un petit nombre de personnes indifférentes qui profitent de la situation. C’est aux autorités publiques d’agir avec la plus grande sévérité afin de démontrer que les déviations aux lois ne seront pas tolérées. Il ne faut pas que la criminalité soit instrumentalisée et justifiée par des considérations politiciennes. Le fait que nous ayons accepté un modèle de développement qui légalise la propriété privée, des barèmes salariaux, l’entrepreneuriat, l’existence d’un système d’éducation privé et celle d’une police, fait que les habitants de ce pays aspirent légitimement à être protégés. L’un des facteurs mis en évidence dans la promotion de la destination mauricienne est donc la sécurité qui règne dans notre pays. Si nous avons choisi de vendre la destination mauricienne à des touristes, nous devons être en mesure de leur fournir une sécurité transparente et cohérente. Or, l’image d’un pays où la criminalité serait devenue banale, avec des agressions sur des personnes âgées, entre autres, n’est pas celle qui rassure l’étranger souhaitant se reposer loin du tumulte des villes de son pays.

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