Incendies en Grèce et en Espagne et récentes inondations en Libye et tremblement de terre au Maroc : la nature se réveille-t-elle brutalement sans crier gare? Pas vraiment.
Les incendies ont toujours constitué des menaces pour les forêts. Aujourd’hui avec le changement clima- tique en cours, le risque s’aggrave peut-être un peu plus. Mais les départs de feu ne sont pas tous naturels. Ainsi pour qu’un feu se déclenche, il est indispensable de réunir trois ingrédients : un combustible bien-sûr, un carburant et aussi une source d’activation, une source de chaleur. Dans le cas des feux de forêt, la végétation tient lieu de combus- tible, l’air et l’oxygène qu’il contient jouent le rôle de carburant et la moindre étincelle peut alors suffire pour apporter une énergie d’activation suffisante. Lors de l’incendie qui avait éclaté à la Rue Royale à Port-Louis, des années de cela, le chef des pompes municipale avait démontré que ces éléments étaient présents, à cause de la charpente en bois des immeubles.
Mais, plus tard, un de ses prédéces- seurs avait indiqué qu’un incendie dans ce même quartier vieux de plus d’un demi-siècle risque d’embraser tous les immeubles qui s’y trouvent en raison de la difficulté des pompiers d’avoir accès aux bouches d’incendie, des véhicules se garant dessus.
Bilan humain
Plus loin, dans le nord de l’Afrique, en Libye, des questions se posent après le lourd bilan humain suivant les inondations de la semaine dernière (plus de 11 300 seraient mortes et 10 000 autres seraient portées disparues à Derna) a-t-on vu venir cette catastrophe ? Vendredi dernier, le procureur général libyen – l’équi- valent de notre DPP – Al Seddit al-Sour a annoncé l’ouverture d’une enquête afin de déterminer dans quelle mesure l’affaire est entachée de corruption et de négligence. Les personnes impliquées seront poursuivies a indiqué le procureur, qui a décidé d’augmenter le nombre d’enquêteurs dans la région de Derna pour accélérer les inves- tigations. Parce que les autorités savaient que des inondations majeures étaient imminentes. Elles avaient été prévenues soixante- douze heures à l’avance par le Centre météorologique national de Libye qui leur avait demandé de prendre des mesures préventives. Le vendredi, l’adminis- tration de l’Est libyen avait donc décrété l’état d’urgence et mis en place une cellule de crise. Mais elle avait aussi imposé un couvre-feu à Derna, obligeant les habitants à rester chez eux, au lieu d’ordonner leur évacuation.
Régions à risque
Partout dans le monde, pas moins de la moitié des feux de forêt sont dus à l’imprudence : un mégot de cigarette mal éteint et jeté au sol – ces gestes ont encore lieu à l’ombre de nos filaos ! -, un barbecue mal maitrisé, etc. C’est pourquoi des consignes portant sur des gestes dangereux sont réguliè- rement diffusées au sein de la population, dans des régions à risque notamment. Pourtant une chose ressort : plus il fait chaud et plus l’été dure longtemps, plus le risque d’incendies de forêt est élevé, à moins d’une forte augmentation des pluies. Selon l’Orga- nisation des NationsUnies (ONU), les trois mois de l’été 2023 ont été caractérisés par des températures records. « L’effondrement clima- tique a commencé », selon l’ONU.
« Notre climat implose plus vite que nous pouvons y faire face, avec des phéno- mènes extrêmes qui frappent tous les coins de la planète », a déclaré Antonio Guterres, le secrétaire -général de l’ONU, ajoutant : « les scientifiques ont depuis Incendies en Grèce et en Espagne et récentes inondations en Libye et tremblement de terre au Maroc : la nature se réveille-t-elle brutalement sans crier gare? Pas vraiment. longtemps mis en garde les conséquences de notre dépendance aux combustibles fossiles. » Canicules, sècheresses, inondations ou incendies ont frappé l’Asie, l’Europe et l’Amérique du Nord sur cette période, dans des proportions drama- tiques et souvent inédites, avec leur prix en vies humaines et en dégâts sur les économies et environnement. L’hémis- phère sud, où nombre de records de chaleurs ont été battus, n’a pas été épargné.
Sècheresse
A Maurice, nos concitoyens dans leur immense majorité ignorent les consé- quences du changement climatique et de la hausse des températures sur la production alimentaire, les océans et les saisons. C’est normal : personne, à l’exception d’une poignée d’écolos – les mêmes – n’attire l’attention sur ces enjeux. En début d’année de 2023, nous avons éprouvé les premières conséquences de la sèche- resse et rien n’indique qu’une telle situation ne risque plus de se repro- duire. Toutefois, il faut saluer une décision annoncée dans le Budget 2020 qui consiste à fixer à l’horizon de 2030 la réduction par moitié de notre flotte de voitures roulant à l’essence, alors que depuis 2022, le gouvernement s’est lancé dans la construction de drains à l’échelle nationale. Mais, cela ne serait suffire. Il faudrait, d’une part, mettre sur pied une véritable campagne de sensibi- lisation sur les enjeux environnementaux et, d’autre part, mobiliser les moyens pour que cette campagne soit accom- pagnée d’actions sur le terrain.
Il faut attirer l’attention de la population sur des aspects de sa vie quotidienne, l’alimen- tation surtout, qui risquent d’être menacés lorsque des inonda- tions ou sècheresses affectent les cultures de riz ou de céréales à l’étranger. Puisque notre économie est tributaire de l’étranger, elle est fragilisée lorsque les pays dont nous dépendons pour notre alimentation ou pour nos exporta- tions, sont frappés par des calamités causées par les bouleversements climatiques. C’est le seul langage qui est de nature à provoquer un sursaut ‘écologique’ au sein de notre population. Car, selon le GIEC (le Groupe d’experts intergouver- nemental sur l’évo- lution du climat créé en 1988 par l’ONU et l’Organisation météo- rologique mondiale), les risques seront de plus en plus complexes, combinés et en cascade. Ils vont s’aggraver avec le réchauffement climatique dans toutes les régions du monde.
