October 16, 2024
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Augmentation des cas de violence sur les enfants – Rapport annuel de l’ombudsperson for children

Le psychologue Hashim Khodabacus est détenteur d’un PhD en Psychologie Médicale et Psychopathologie.

La maltraitance des enfants est un problème qui a de graves conséquences, à vie, pour ceux qui en sont victimes. Une recrudescence de cas d’enfants victimes de violence à Maurice a été constatée par les autorités concernée. Plusieurs centaines de cas sont annuellement rapportés Bureau de l’Ombudsperson.

Les cas de maltraitance infantile sont souvent rapportés par les médias et chaque nouvelle tragédie porte au coeur. Chaque cas est un cas de trop. Et, le dernier rapport de l’Ombudsperson fait état d’une augmentation. Pour la période allant du 1er juillet 2018 au 30 juin 2019, le Bureau de l’Ombudsperson s’est occupé de 466 cas de violence infantile, dont 391 dossiers sont clos.

Selon le psychologue Hashim Khodabacus, la violence infantile ne se limite pas aux châtiments corporels ou sévices sexuels, mais peut aussi être d’ordre psychologique. La malnutrition due à la négligence parentale est aussi une forme de maltraitance. Tous ces maux sont causés par une société qui ne cesse d’évoluer, et cela à un rythme effréné. L’évolution technologique, l’acceptation sociale, les charges académiques et
la pression professionnelle ont engendré une génération de citoyens désorganisés, indépendamment de leur statut social.

Les enfants, avance le psychologue, sont devenus les victimes de la structure familiale moderne, décrite comme un archétype du perfectionnisme dans les médias. Avec les exigences du monde professionnel, satisfaire les besoins financiers pour survivre est devenu le mantra de nombreuses personnes. « Les accroissements qu’on peut noter en ce qu’il s’agit de la violence se catégorisent en fonction de la situation familiale et leurs historiques. Par exemple, ceux des classes inférieures sont souvent le point focal de violences physiques et sexuelles. Les classes moyennes démontrent des négligences en terme psychologique et émotionnelle. Les classes supérieures, quand-à eux, gâtent leur progéniture et répartissent les responsabilités. Ils sont souvent des victimes d’harcèlement sur internet », explique-t-il.

Hashim Khodabacus estime que l’exposition à la violence domestique fait que les enfants deviennent les cibles parfaites de parents perturbés. Cependant, poursuit le psychologue, les enfants modernes, appelés les ‘Digital natives’, ont leur propre locus de contrôle lorsqu’ils construisent leur cercle social avec leur identité post-moderne sur les médias sociaux. Et cela n’inclut pas leurs parents. Il est fréquemment noté que la dégénérescence des situations conduisant à la violence domestique émane des générations disparates entre parents et enfants modernes. Mais la plupart du temps, les parents tardent à comprendre ce que font leurs enfants et ils recourent à la violence tout en essayant de rétablir l’équilibre originel de la famille.

Quant à Rajen Suntoo, sociologue et senior chargé de cours à l’université de Maurice, il estime que notre société évolue à un rythme accéléré. La modernité, dit-il, est à la porte de notre société. « Il y a une grande disparité de générations qui s’installe dans notre société mauricienne. Les enfants deviennent de plus en plus modernes et les parents n’arrivent pas à gérer cette différence», explique-t-il. L’entente familiale s’évapore et l’ère d’aujourd’hui est loin d’être semblable à l’époque d’antan où régnait le respect. Auparavant, avance-t-il, les familles vivaient dans une famille élargie et par ce fait, les enfants avaient l’occasion d’apprendre de leurs ainés à l’instar de leurs grands-parents. Mais de nos jours avec plus d’enfants vivant dans une famille nucléaire, ou avec des parents célibataires, la culture a drastiquement changé. Les enfants n’écoutent pas leurs parents et, en guise de punition, certains parents ont recours aux voies de fait ou à la violence.

La violence en forme d’intimidation à l’école

L’intimidation à l’école est fondée sur le fait que les enfants victimes sont différents de leurs pairs avec lesquels ils ne
parviennent pas à s’intégrer. Ils sont soulignés en fonction de leur estime de soi et de leur sentiment d’insécurité. « Les auteurs d’actes d’intimidation manifestent souvent des comportements acquis de la part des parents, car ils sont renforcés par le manque de participation des parents et de mesures
disciplinaires à l’école. Le bizutage est aussi considéré comme un acte d’intimidation qui existe dans plusieurs écoles secondaires à Maurice », explique Hashim Khodabacus.

Psychologue et sociologue pour trouver des solutions

La tâche d’un psychologue, explique Hashim.Khodabacus, dépend des domaines de spécialisation et de la nature du cas référé. Habituellement, le psychologue clinicien recourt au diagnostic et au traitement des troubles mentaux et comportementaux. La croyance que seuls les fous consultent des psychologues pour un traitement est absolument fallacieuse selon notre psychologue. « La santé mentale est aussi importante que tout autre domaine de santé, si ce n’est pas le plus important. Sans une bonne santé mentale, la paralysie et la dysfonction sont omniprésente dans tous les aspects de la vie », explique-t-il. Le nombre de séances dépend du problème à résoudre. Normalement, un cas de dépression sévère et d’anxiété nécessiterait environ 7 à 10 séances avant d’observer un changement dans les schémas de pensée du patient.

Rajen Suntoo, estime qu’à l’école, il est également important de recruter des
sociologues. Un psychologue traite les problèmes lorsqu’ils se sont déjà produits, et le sociologue travaille sur une méthode de prévention. « Sur la base des incidents qui se produisent dans la société, les sociologues peuvent prescrire des plans pour éviter des choses qui ne devraient pas se produire », explique ce dernier. Il tient à féliciter l’Ombudsperson for Children pour le rapport qu’elle a préparé. « C’est quand même un travail louable de détecter les problèmes qui rongent notre société. Les choses ne changeront pas sans actions concrètes, mais au moins nous savons à travers les chiffres que notre société est malade. Si l’école arrive à faire sa part de travail en détectant les enfants violents et les référer aux experts, les choses vont améliorer au fil du temps », dit-il encore.

Quelles solutions ?

Pour Rajen Suntoo, il est grand temps que des mesures soient prises pour résoudre ces problèmes. Il est d’avis que les chefs religieux peuvent grandement aider à leurs discours dans les institutions religieuses. «Les gens respectent les religieux et les écoutent, ils peuvent apporter des changements dans la société en se servant des leurs plateformes pour sensibiliser le maximum de personne », conseille-t-il. Outre, les organisations sociales et les travailleurs sociaux ont également un grand rôle à jouer. Le gouvernement peut utiliser leurs associations pour tenir des séminaires et des sessions de traitement avec les familles violentes. «Toutefois, le gouvernement doit s’assurer que ces séminaires sont tenus par des psychologues et sociologues professionnelles. « On doit commencer quelque part. Même s’ils sont violents, cela ne veut pas dire, qu’il n’y a aucune chance de changer. Même les grands criminels arrivent à se transformer avec des thérapies », dit-il.

Le psychologue Hashim Khodabacus encourage un environnement sécurisé en plaçant des policiers dans des zones à risque. Aussi, il pense qu’on doit reconsidérer l’agenda du nouvel ordre mondial concernant la guerre psychologique et de l’endoctrinement des parents et des enfants pour devenir comme des stéréotypes occidentaux ou des esclaves hégémoniques. « Et pourquoi pas recourir à nos textes sacrés, à la moralité et à la purification de nos coeurs et transmettre ces principes dans notre secteur
éducatif en tant que classes obligatoires ? », se demande-t-il. Aussi, à son avis, des lois contre les punitions violentes infligées aux enfants doivent être reconsidérées.

Ahmad Fakuddeen Jilani

Pour une consultation avec le psychologue Hashim Khodabacus, veuillez le contacter sur le 59468635. Il est détenteur d’un PhD en Psychologie Médicale et Psychopathologie, Doctorant, Faculté de Médicine, Psychiatrie Clinique, UNISZA, Malaisie et Maurice.