April 24, 2024
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Opinion

Brutalités policières : attention à l’image de Maurice

C’est un de ces spectacles dont on se serait bien passé au moment où le pays a besoin de toutes ses forces positives pour se relancer. Le spectacle macabre de ces fonctionnaires chargés de notre sécurité s’en donnant à cœur joie sur des personnes menottées défense renvoie l’image d’un pays qui reste encore ancré dans des pratiques d’un digne d’un régime militaire autoritaire. Des images qui mettent à mal ces fameuses notations régionales et internationales décernées régulièrement par Mo Ibrahim ou des organisations de voyage et dont nous nous gargarisons pour vanter notre bonne gouvernance. Des policiers qui semblent torturer leurs captifs… Pour obtenir quoi ? Des aveux ? Avec des pratiques illégales sur des petits malfrats et indignes d’une démocratie ? Le mal fait a déjà pris une dimension internationale avec nos compatriotes de l’étranger qui ont du mal à défendre ce pays qui fait rêver leurs voisins à Paris, Londres ou Lausanne…

L’opinion internationale

L’image de Maurice avait déjà été écornée par les conséquences de l’assassinat de la touriste irlandaise Michaela Harte, les opérateurs dans le secteur du tourisme ayant mis en cause la lenteur de cette même police à arrêter les coupables afin d’envoyer un signal fort à l’opinion internationale que ce type de délit sur des étrangers ne saurait être toléré. Mais ne voilà-t-il pas que des énergumènes en mal de distraction s’acharnent maintenant sur des individus en détention. Deux questions méritent d’être posées à ce stade : où ce tabassage s’est-il produit ? Au poste de police ou dans quel endroit ailleurs ? Dans les deux cas, il y a eu infraction aux procédures : d’une part, dans l’enceinte du poste, cela se serait su et serait interdit. Comment ces policiers ont-ils été autorisés à emmener leurs ‘captifs hors du poste ? L’enquête est en cours…

Confiance

Un des facteurs qui encourage les touristes à choisir la destination mauricienne est la confiance en notre système de sécurité, assurée par notre police. À l’intérieur des hôtels, il existe aussi des systèmes de sécurité très efficaces et constitués de personnes formées à la gestion des rapports avec les étrangers. À ce niveau, sauf dans le cas de Michaela Harte, c’est un service qui est sans reproche grâce à un très haut niveau de professionnalisme exigé par les employeurs. En commettant cet acte hautement répréhensible, ces membres du CID, entravent la bonne entame de la reprise à Maurice. La réponse des autorités doit être à la hauteur de cet acte de barbarie, car rien ne doit s’ériger en obstacle aux efforts déployés par la population pour relancer l’économie de l’ile. Et ce spectacle sans nom remonte à un moment où la Mauritius Tourisme Promotion Authority (MTPA), vient de rendre publics les bons chiffres des arrivées touristiques à Maurice, se chiffrant à quelque 70 000 en mai.

Discours ferme

C’est aux autorités de tenir un discours ferme et sans équivoque concernant le comportement en général de la population, car les difficultés économiques et sociales sont souvent le terreau propice aux infractions de tout genre. Mais comment contenir celles-ci si la population se met à croire que sa police n’est plus digne de confiance. Car c’est bien là le danger qui nous guette… Et ce n’est pas bon signe. Il nous fallait une police qui a l’adhésion de toute la population, or depuis l’apparition de ces images, c’est l’ensemble de notre force policière qui voit son image trainée dans la boue. La population a sans doute apprécié la réponse immédiate du Premier ministre Pravind Jugnauth après ces vidéos et promis que « le gouvernement ne va pas tolérer ce genre d’attitude et de comportement qui porteront atteinte à l’image de la police et du pays. » Après les mots, la population attend des actes, souhaitant que ceux-ci soient sévères pour qu’ils découragent ceux qui seraient tentés d’y recourir. Mais, il n’y a pas que de tels actes barbares qui affectent l’image de la police, de manière générale la population a une mauvaise image de celle-ci, car elle soupçonne qu’elle se tire toujours d’affaire – avec un transfert -, même après commis une infraction. Le gouvernement doit mettre fin à cette perception, car, après l’apparition de ces vidéos, l’image ternie de la police peut cette fois-ci se transformer en rupture au sein de certaines communautés dans les faubourgs de Maurice.

Après avoir pu s’en sortir après les actes protestataires dans certaines ‘résidences’ quelques semaines de cela, il y a urgence à ce que la police renoue avec les habitants de ces quartiers pour éviter que la plaie ne se rouvre. Car toute rupture avec une partie de la population ne peut que rejaillir sur le gouvernement et poser un sérieux obstacle à la reprise. La prise de position de l’Eglise, avec raison, après ces vidéos, ne peut que consolider les partisans d’une réponse adéquate à ces actes de torture.

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