La nouvelle est passée presqu’inaperçue, mais elle mérite d’être relayée. Le gouvernement Britannique accepte désormais, après une motion du député Henry Smith, que les Chagossiens des deuxièmes et troisièmes générations aient la citoyenneté Britannique. Ce développement surprenant intervient suite au forcing du gouvernement Mauricien sur les îles Chagos, et immédiatement après le voyage organisé dans ces îles à bord du Bleu de Nîmes.
Faut-il rappeler que dans le sillage de ce qui est connu comme l’affaire Windrush, le gouvernement Britannique ne voulait aucunement entendre le plaidoyer fait par les Chagossiens des deuxièmes et troisièmes générations. Qui, faute d’avoir la nationalité Britannique, risquaient à tout moment l’expulsion de la Grande Bretagne, malgré le fait que leurs grands-parents et parents avaient le passeport Britannique. Quel lien avec l’affaire Windrush ? Le 22 Juin 1948, quelques 500 immigrants Carribéens, venant principalement des îles qui étaient encore colonies Britanniques (comme l’était aussi l’île Maurice), arrivèrent à Essex, aux Tilbury Docks, en Angleterre. Pour aider la Grande Bretagne à se remettre debout, surtout dans le sillage de la Deuxième Guerre mondiale.
Et l’affaire Windrush tire son nom du bateau qui emmena ces immigrants en Angleterre. Il avait pour nom The Empire Windrush. Comme à Maurice, où de nombreux jeunes furent enrôlés dans l’armée Britannique, ces Caribéens avaient aussi combattu pour le Royaume Uni. Mais en retour, ne furent pas humainement traités. Les émeutes de Bristol, dans les années 70, découlent aussi de ce combat pour la reconnaissance de la communauté noire Britannique. Il est estimé qu’il y a aujourd’hui plus de 500 000 de ces immigrants en Grande Bretagne. Et leurs descendants risquaient la déportation, après un amendement aux règlements immigratoires, en 2012.L’affaire avait fait grand bruit en Angleterre. Et, sous la pression populaire, le gouvernement Britannique leur avait finalement accordé la citoyenneté.
Dans le sillage de l’affaire Windrush, les Chagossiens installés en Grande Bretagne s’étaient, pour ainsi dire, engouffrés dans le débat. Et appelait à la régularisation des enfants et petits-enfants de Chagossiens. Mais la Grande Bretagne avait fait la sourde oreille à leurs demandes. Jusqu’à ce développement intervenu en fin de semaine dernière. Bien entendu, cela réjouit Misley Mandarin, un des fers de lance de ce combat. Il brandit même fièrement le drapeau Chagossien/Britannique, et ne reconnaît donc que la Grande Bretagne que comme « sole proprietor » de ces îles.
Et c’est là que le gouvernement Mauricien doit savoir jouer finement le jeu d’échecs qui s’annonce. Car dorénavant, la Grande Bretagne peut à tout moment « installer » ces nouveaux citoyens aux Chagos, et empêcher l’Etat mauricien d’y avoir accès. D’ailleurs, en enlevant le drapeau Mauricien planté sur deux îles des Chagos, les Anglais entendaient montrer qui est le vrai maître dans l’archipel.
Quel sera donc le move de l’Etat mauricien, suite à ce développement inattendu sur la citoyennete Britannique des Chagossiens.Si nous avons le patriotisme d’Olivier Bancoult et des membres du Chagos Refugees Group, qui ne peut être remis en question, quid des Chagossiens installés en Angleterre( majoritairement à Crawley, une banlieue de Londres),et qui ne reconnaissent pas la souveraineté Mauricienne sur ces îles ?
Un gros casse-tête à venir. Mais l’Etat mauricien savait très bien que la Grande Bretagne n’allait pas finir d’être perfide. Il importe donc de ne plus être « naïf » sur ce dossier. Ainsi, après ce voyage aux Chagos, la suite logique implique l’installation de Chagossiens et Mauriciens dans ces îles. Pour avoir une présence, non seulement symbolique, mais aussi permanente, là-bas. Autrement, tous les efforts faits par l’Etat mauricien « pou tom dan dilo » !
Notez d’ailleurs, sur la photo qui illustre cet éditorial, comment le drapeau Mauricien est comme en berne, alors que le drapeau Chagosso/Britannique flotte fièrement dans le vent !