November 9, 2024
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Politique

Comment Ivan Collendavelloo recadre l’opposition

L’opposition attendait sans doute un Ivan Collendavelloo aigri et revanchard après l’épisode des turbines, qui l’a vu perdre son fauteuil de ministère des utilités publiques mais le leader du Muvman Liberateur (ML) et ancien homme fort du MMM, a renouvelé son soutien au Premier ministre, Pravind Jugnauth. Privé de portefeuille, Ivan Collendavelloo est resté dans un silence qui aurait être diversement interprété et de nombreux partisans de l’opposition pensaient voir en lui un parlementaire qui pouvait être un appui dans une circonscription aussi emblématique que StanleyRose-Hill. Vendredi dernier sur une radio privée, l’ex-ministre de Pravind Jugnauth a remis les points sur les ‘i’, en renouvelant son soutien au gouvernement. Mieux : il s’est révélé le meilleur porte-parole de ce dernier.

Ivan Collendavelloo, – s’il fallait encore le rappeler -, est un excellent analyste politique qui met ses qualités professionnelles au service de la communication. À l’antenne, vendredi dernier, il a sciemment joué la carte légaliste pour rappeler que tant que les lois restent ce qu’elles sont, le gouvernement est dans son bon droit. Il s’est même payé le luxe de s’étonner que l’opposition ne soit pas allée en Cour suprême sur une question litigieuse. Brillant contradicteur, il a même pris à contrepied Reza Uteem qui, à l’instar de Shakeel Mohamed, bénéficie parfois d’un excès de complaisance des radios privées.

Soutien précieux

Ce soutien précieux à Pravind Jugnauth permet à ce dernier d’envisager avec sérénité la perspective des élections municipales si elles sont organisées en 2022. Un enjeu dangereux pour l’opposition, toujours profondément divisée, avec un Parti travailliste lui-même paralysé par une direction bicéphale. Au sein de la plateforme de l’espoir, seul le PMSD ose encore donner du sérum aux rouges, les autres membres de cette plateforme étant très agacés par la visibilité dont jouit Navin Ramgoolam à la faveur d’une controverse lors de la cérémonie marquant l’anniversaire de l’Indépendance de l’Inde.

Sans le PTr dans son équation, la plateforme de l’espoir est vouée à la désintégration mais aucun parti de l’opposition, et Roshi Bhadain avec, ne veut de Navin Ramgoolam. C’est la raison pour laquelle le profil de Nando Bodha a les faveurs de Paul Bérenger même s’il donne l’impression de préférer Arvin Boolell. Le leader du MMM sait pertinemment que cette plateforme ne réunit que des individus issus des régions urbaines, chacun nourrissant ses ambitions. Face au MSM fédéré autour de son leader et bien implanté à travers Maurice, Paul Bérenger est conscient de la nécessité d’avoir un allié qui aurait des assises rurales.

Bilan

Cependant, même une alliance avec le PTr n’apporte pas la garantie d’une victoire face au MSM car il faudra aussi présenter un programme alternatif crédible face au bilan de ce gouvernement. Or depuis l’année dernière, le gouvernement s’est engagé dans un double engagement : gagner la bataille sanitaire tout en jetant les bases de sa relance. L’enjeu n’est pas encore gagné, car la pandémie a redoublé d’intensité. S’en voiler le visage équivaudrait à s’attirer les foudres de la population. Celle-ci a aussi a pris la mesure de cette recrudescence et ne rechigne pas à se faire tester. Comme l’année dernière, le gouvernement agit avec discernement face à la pandémie cette année en promouvant l’auto-isolement et en mobilisant des moyens adéquats dont le recrutement de médecins.

Stratégie proactive

La stratégie proactive du ministère de la Santé indique la volonté du gouvernement d’enrayer la propagation de la pandémie le plus rapidement possible avec, en ligne de mire, la perspective de relancer l’ensemble des activités économiques de Maurice. On a vu la très timide réouverture dans le secteur du Tourisme, les regards seront résolument tournés vers la grande réouverture dans un mois. Bien entendu, il faudra sûrement que les autres filières retrouvent leur vitesse de croisière, notamment le textile, les finances, le sucre ou le BPO et les PME. Mais la trop grande dépendance de l’étranger ayant fragilisé l’économie de Maurice, faisant craindre une rupture alimentaire en mai 2020, a heureusement conduit le gouvernement à considérer la mise sur pied de deux secteurs additionnels : celui des biotechnologies et de pharmaceutique, et celui des énergies nouvelles.

Même panier

Il ne saurait plus être question de mettre tous ses œufs dans le même panier. Aussi, la question de viser l’autosuffisance alimentaire mérite d’être posée avec sérieux, certaines organisations n’hésitant pas à demander le remplacement de la canne à sucre par une filière agroalimentaire. Toutefois, la réponse des opérateurs, tant dans l’industrie cannière que dans l’importation des produits alimentaires, s’appuie surtout sur une argumentation politico-économique. Ni hier ni aujourd’hui, les partis politiques ne souhaitent remettre en question le partenariat privé/public qui a si bien fonctionné depuis l’Indépendance de Maurice. Les importateurs, eux, font valoir l’étroitesse du marché local et l’extrême compétitivité des produits alimentaires importés. Comme on peut le constater, le défi du gouvernement se pose à plusieurs niveaux. Sans oublier la problématique posée par le vieillissement de la population. Plus près de nous, le gouvernement et le secteur privé doivent réfléchir à des solutions intégrées afin d’empêcher que les jeunes se laissent séduire par l’émigration.