March 29, 2024
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Course contre la montre pour extraire toute l’huile du Wakashio

A hier, plus de 500 tonnes métriques d’huile lourde avaient été pompées du réservoir du MV Wakashio.

Le compte à rebours est lancé. C’est une quasi-certitude que le vraquier va se briser dans les heures à venir. Or il reste encore plus de 2 000 tonnes métriques d’huile lourde à bord du MV Wakashio, a indiqué le Premier ministre hier.

C’est à une véritable course contre la montre que se livrent les autorités. A hier, lundi 10 août, plus de 500 tonnes métriques d’huile lourde avaient été pompées du réservoir du MV Wakashio. Toutefois, il reste toujours plus de 2 000 tonnes métriques à bord du vraquier japonais battant pavillon panaméen et le risque est réel que celui-ci se brisera dans les heures, voire les jours à venir. Ce qui accroît la pression sur les autorités. «Il faut qu’on arrive à pomper toute l’huile se trouvant à bord du navire avant qu’il ne se brise», a souligné le Premier ministre, Pravind Jugnauth.

Il animait une conférence de presse, hier en fin d’après-midi, à l’issue de la réunion du National Crisis Management Committee qu’il a présidée. La bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a plus de fuite d’huile depuis dimanche soir. La mauvaise, c’est que non seulement toute l’huile n’a pu être pompée, mais l’état du vraquier n’a cessé de se dégrader. Selon les experts, explique le chef du gouvernement, le MV Wakashio est en très mauvais état. De nouvelles grosses fissures sont apparues dans la coque. Et il est fort probable que le vraquier se brise en deux. «Il faut s’attendre à ce que le bateau se casse en deux, il faut se préparer au pire des scénarios», souligne Pravind Jugnauth.

Le temps nous est clairement compté. Si les conditions météorologiques s’améliorent, l’extraction de l’huile lourde sera nettement facilitée d’ici mercredi ou jeudi, dit encore le Premier ministre. Il faudra prendre les précautions nécessaires et considérer les conseils des experts avant de recommencer l’exercice de pompage. Mais une interrogation majeure subsiste : est-ce que le MV Wakashio tiendra le coup d’ici là ? L’huile lourde qui se trouvait dans le réservoir endommagé a dû être transférée dans un réservoir voisin qui n’a, lui, pas subi de dommages. Selon le «worst case scenario», poursuit le Premier ministre, il y aurait de nouvelles fuites d’huile lourde si le bateau se pliait en deux à la partie où se trouvent les réservoirs contenant l’huile lourde.

Dans un autre volet, le Premier ministre indique que son gouvernement prend en compte tous les préjudices et dommages causés au pays et à l’écosystème marin. L’île Maurice enverra bel et bien une réclamation aux instances concernées, martèle Pravind Jugnauth. Dans la foulée, il assure que des équipements de protection sont déjà arrivés au pays et que des commandes pour d’autres équipements seront faites. Autre annonce du chef du gouvernement : les écoles de la région resteront fermées ce mardi 11 août.

Le président Roopun : «Le pire est arrivé»

C’est accompagné du ministre de l’Environnement, Kavy Ramano, que le président de la République s’est rendu, hier, sur la plage de Rivière-des-Créoles, à Mahébourg. Il a fait un constat de visu des dégâts causés par la fuite de fioul du vraquier MV Wakashio depuis le jeudi 6 août. «Le pire est arrivé», a lancé Pradeep Roopun, visiblement affligé par ce drame écologique. Il a déploré qu’une telle catastrophe se produise en pleine pandémie de Covid-19.

Le chef de l’Etat a avancé que selon les experts, l’état du Wakashio, qui s’est échoué sur les récifs de Pointe-d’Esny le samedi 25 juillet dernier, s’est clairement détérioré depuis le vendredi 7 août. Et la situation s’avère compliquée en raison des conditions météorologiques imprévisibles. Répondant à une question de la presse, il a révélé que les personnes avec qui il est en contact depuis ces deux dernières semaines lui ont fait part des imprévus qui dépassent leur contrôle et qui ont résulté en une catastrophe en mer. La priorité, devait-il ajouter, est d’empêcher un nouveau «oil spill».

Le président de la République a aussi tenu à remercier les milliers de volontaires et ONG à travers l’île qui se démènent depuis le déversement de l’huile lourde en mer, pour en contenir la propagation. Tous ensemble, main dans la main, a-t-il fait comprendre, l’île Maurice pourra venir à bout de ce problème.

Zuhayr Dhunny