December 3, 2024
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Opinion Politique

Covid-19 : les dangers de la défiance

Au moment où l’île Maurice s’apprête à ouvrir par étapes son ciel, il n’est pas superflu de se demander ce que font les autorités pour faire respecter les gestes barrières et le port du masque dans les places publiques et les bureaux tant privés que publics. La grande majorité des entreprises n’exigent pas le port du masque à l’entrée, alors que dans les restaurants ouverts, le public se rassemble sans maintenir une distance physique. Faudra-t-il se plaindre que le nombre d’infections ne cesse d’augmenter ?

Quelque 650 000 touristes devraient visiter l’île Maurice pendant la saison de pointe 2021-22. Un véritable réservoir d’oxygène pour une économie allégée de plusieurs milliards de roupies pour soutenir les emplois et les entreprises. Cela a marché puisque le nombre de chômeurs n’a pas grimpé plus qu’on ne le craignait au moment même où le gouvernement vise à atteindre l’immunité collective d’ici la fin de septembre. Tout semble donc rassurant au tableau s’il n’y avait pas cette crainte de voir le virus se répandre à travers l’île à cause de l’imprudence de certains individus collectivement.

Légèreté

Mais ce qui interpelle davantage, c’est de voir la légèreté qui caractérise la grande majorité des petits commerçants à appliquer les mesures sanitaires à l’entrée de leurs commerces. Il suffit d’une petite observation pour se rendre compte que le public entre dans ces espaces sans même se désinfecter les mains et sans que les commerçants imposent un nombre limité à l’entrée. Comme d’habitude, cette pratique n’est pas vérifiée, pas plus qu’elle n’est sanctionnée. La raison en est simple : le gouvernement n’a pas augmenté les ressources permettant à l’inspection du ministère du Commerce de bien faire son travail à travers l’île Maurice. On peut légitimement se demander pourquoi tous les gouvernements sont réticents à donner plus de moyens au département du Commerce pour sévir contre les marchands qui contournent les lois. Le gouvernement doit une fois pour toute comprendre qu’il joue sa réputation et qu’il met en péril la santé de la population en laissant certains commerçants enfreindre allègrement les mesures sanitaires.

Défiance

Car il faut s’attendre que les touristes atterrissent à Maurice après avoir pris toutes les mesures, tandis que les hôteliers, eux, ont déjà mobilisé tous les moyens pour réussir la première phase de cette réouverture. Il ne sera pas nécessaire pour les autorités de chercher un bouc émissaire si dans la population des individus continuent de se pavaner dans le défi total des règles de santé. Ni ne faudra-t-il s’étonner que les touristes, Réunionnais, surtout, boudent les foires aux quatre coins de l’île, là même où les infractions à la Covid-19 sont si visibles.

Car les Mauriciens sont nombreux à rire un bon coup lorsqu’ils entendent dire que les contrevenants reconnus coupables seront passibles de prison et d’une amende de quelque Rs 500 000. Ils sont si nombreux, ces individus qui se moquent des lois, que le public se demande si le gouvernement devra procéder par un grand procès en masse pour infliger les sanctions méritées tellement celles-ci semblent risibles. Comment donc en arriver à une situation qui découragerait toute tentation, ainsi que la récidive, à la veille d’une ouverture partielle du ciel ? Certainement pas avec les sanctions annoncées qui ne seront jamais appliquées.

Cour de justice

Si le gouvernement veut être pris au sérieux, il faut procéder avec la mise sur pied d’une cour de justice dédiée à juger rapidement les contrevenants à la Covid-19. Il faut que les autorités se montrent intransigeantes et infligent des peines rapides – sans doute pas trop sévères en ces temps très durs. Car aucune fausse note ne doit venir enrayer la machine qui se mettra en branle jeudi, au moment de la reprise dans le secteur touristique. La population a longtemps attendu ce moment après de longs mois d’incertitude. Dans leur grande majorité, les Mauriciens souhaitent retourner au travail dans tous les secteurs d’activité de Maurice, surtout dans le tourisme qui contribue à 24 % du PIB. Dans des pays comme l’Arabie Saoudite ou la Chine – qui doit nous inspirer en matière de sens patriotique -, la répression est sans pitié à l’égard des individus qui attentent à l’économie nationale.

L’aéroport de Plaisance

Les regards seront sans doute braqués sur l’aéroport de Plaisance jeudi, qui donnera une indication sur les retombées de cette ouverture progressive. Elle permettra au gouvernement de savoir s’il peut aller de l’avant avec la deuxième phase qui, à coup sûr, confirmera la bonne décision d’ouvrir nos frontières afin de relancer l’économie. Mais il restera aussi à vérifier deux choses : d’abord comment le pays aura géré la présence des étrangers sur notre sol, ensuite quel aura été leur apport en matière de dépenses. Ce dernier facteur donnera une idée de la disposition des touristes à dépenser ou pas, et en quel volume, sur notre sol.