May 9, 2024
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Opinion

Crime d’État !

Cela ne va plus entre l’Inde et le Canada. Justin Trudeau en personne accuse l’Inde d’être derrière l’assassinat d’Hardeep Singh Nijjar, éminent leader Sikh établi au Canada. Les deux pays ont expulsé des diplomates, et l’affaire ne sent vraiment pas bon, poussant même l’Australie, la Grande Bretagne et  les Etats-Unis à s’inquiéter.

Car deux alliés qui s’entredéchirent, surtout au moment où la Russie et la Chine avancent pas à pas sur le monde occidental n’est pas pour arranger les choses. Si le Premier ministre Canadien est allé aussi loin, c’est qu’il a dû avoir des preuves de ce qu’il avance. D’autant plus que Nijjar est citoyen Canadien d’origine Indienne. Deux hommes masqués l’ont abattu, dans le Surrey, bourgade de  la province de Colombie Britannique, le 18 Juin dernier.

Et alors que le meurtre était passé presque inaperçu dans la presse occidentale, Justin Trudeau n’est pas resté les bras croisés. Et il a soulevé la question avec son homologue Indien, lors du sommet des G20.Trudeau devait souligner que les services secrets Canadiens ont identifié des « allégations crédibles » quant à l’implication indienne dans ce meurtre. Et pour lui, »cela constitue un viol de notre souveraineté et de notre sécurité », dans une déclaration faite au Parlement Canadien, où siègent des Sikhs d’origine Indienne.

Tout cela vient nous rappeler que les Etats aussi commettent des crimes. Et Israël, devenu « ami » de notre pays, avec même une ambassade sur le sol Mauricien, était connu comme étant un spécialiste du genre. On lui prête l’assassinat de Yasser Arafat, qui aurait été empoisonné, et d’autres leaders en vue du mouvement de libération de la Palestine. Dont le Sheik Yassine. A noter aussi  qu’Israël n’a jamais démenti être derrière ces assassinats.

Et si l’Inde est devenu très ami avec Israël, il est donc facile pour Trudeau de dresser un parallèle avec les méthodes du Mossad. Bien entendu, l’Inde, par le truchement de son ministre des Affaires Etrangères, a rejeté les allégations de Trudeau, les trouvant « absurdes. L’Inde est  un Etat de droit, et nous respectons ce principe ».

Hardeep Singh Nijjar était un partisan d’un Etat Sikh en Inde. Les Sikhs constituent 2% de la population indienne, et  hors du Pendjab, on les trouve grandement au Canada, où ils ont même des ministres dans le gouvernement Trudeau. A travers le mouvement séparatiste  Khalistan, les Sikhs demandaient un Etat indépendant. Ce qui était mal vu en Inde.

 Et Nijjar, 45 ans, était considéré comme un « terroriste ».Mais ce qui chiffonne les autorités Canadienne et Britannique, c’est que c’est le troisième Sikh à trouver la mort. Avtar Singh Khanda, considéré comme le responsable du Khalistan Liberation Force, fut retrouvé mort à Birmingham, en Grande Bretagne, en Juin dernier. Selon l’enquête policière, il serait mort dans des « circonstances mystérieuses », vraisemblablement empoisonné. Et un troisième Sikh, Paramjit Singh Panjwar fut tué à Lahore, province Pendjab du Pakistan.

Comme preuve de l’escalade entre le Canada et l’Inde, Justin Trudeau a soulevé la question avec Joe Biden et Rishi Sunak. Et alors qu’il devait y avoir un accord d’ordre commercial entre les deux pays, Ottawa a coupé tout contact avec l’Inde ! Ce qui fait que Modi n’a pas daigné avoir un tête à tête avec Trudeau pendant le G20.Ceci explique-t-il aussi les déboires du Premier ministre Canadien, qui fut le dernier à rentrer chez lui, son avion ayant eu des problèmes « techniques » ?

Si ces deux pays vont sûrement régler la question entre eux, il faut quand même souligner le degré d’hypocrisie de ces leaders, dont les pays ne disent justement rien quand des civils Palestiniens sont assassinés par l’armée Israëlienne, leur alliée. Ou quand des pays Européens violent la souveraineté d’autres pays, et assassinent leurs leaders, sous couvert de découverte « d’armes de destruction massive ».Hypocrite aussi « l’inquiétude » des Etats-Unis, qui demandent à ce que les coupables de ce meurtre soient punis, Joe Biden ne demandant toujours pas des comptes à Israël pour le meurtre de la journaliste Palestinienne Shireen Abu Akleh, abattu froidement par un soldat Israëlien !

Mais la grande question qui se pose est celle-ci : Si un citoyen commet un crime dans son pays, il est arrêté et condamné. Mais qu’en est-il quand c’est l’Etat qui tue ? Il y a bien sûr le Tribunal Pénal international, mais on sait qu’il est très « choosy » dans ses jugements. A ce jour, aucun responsable d’un pays Occidental ayant tué des Native Americans, des combattants Sud-Américains ou des Chefs-d’Etats de pays Africains n’a été condamné. C’est dire que le crime d’Etat reste toujours impuni !

Sedley Assonne

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