May 14, 2024
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Opinion

Degré de civilisation…

Quand éclata l’affaire Covid, il fut de bon ton de faire porter le chapeau à des animaux. Dans un premier temps, c’est la chauvesouris qui en prit pour son grade. Pauvre volatile qui n’a jamais récolté le moindre sou en termes de droits d’auteurs, tant pour Dracula ou Batman. Ensuite, on se rabattit sur le pangolin, dont on ne savait même pas qu’il pouvait être consommé. Et last but not least, on ajouta le singe, histoire d’effrayer encore plus les humains avec le Monkeypox, l’Ebola n’ayant pas fait son effet !

Pour dire à quel point l’homme pouvait être mesquin envers les animaux. On sait tous aujourd’hui que le virus du Covid est probablement né dans un laboratoire. Qu’il se soit trouvé en Chine, sous label français ou Américain, ne change rien au débat :Ce ne sont pas des animaux qui ont transmis le Covid aux humains. Mais depuis toujours, l’homme adore massacrer l’animal. Et que ce soit pour aller dans l’espace, où des chiens et des singes servirent de cobayes, ou pour trouver des remèdes pour le diabète et autres maladies, l’homme ne s’est jamais gêné pour éliminer les animaux. D’ailleurs, même dans sa sémantique, il a créé le « bouc-émissaire » !

C’est le Mahatma Gandhi qui disait que le degré de civilisation d’un pays se voyait dans sa façon dont il traitait les animaux. Pratiquement, tous les pays de la Terre sont barbares donc, car les animaux y souffrent toujours. Et même s’il vit dans les bois ou dans la jungle, l’homme a trouvé le prétexte de la chasse comme « sport » pour aller tirer du lièvre, du sanglier, et autres « sauvageries ». Ecoeurée par tant de barbarie, Brigitte Bardot préféra quitter le monde du faux-semblant du cinéma pour la vérité du combat pour la protection des animaux.

La religion a aussi beaucoup contribué dans le génocide animal. Et si un Francis Cabrel a pu sensibiliser sur le sort des taureaux en corrida, il reste encore beaucoup à faire pour que l’homme comprenne qu’il n’a pas le droit de tuer. Et que son prochain n’est pas seulement humain, mais aussi animal. Le journaliste Américain Mike Bebernes a écrit un admirable article sur le sujet. Où il évoque les poursuites contre Mehmet Oz, médecin et candidat Républicain au Sénat, qui aurait supervisé la maltraitance d’un millier d’animaux, incluant des chiens, lors de sa nomination comme investigateur principal pour le compte de l’université Columbia, il y a une vingtaine d’années de cela. Columbia fut mis à l’amende, après enquête du Département Américain de l’agriculture.

De fait, soutient Bebernes, les allégations contre Oz remettent sur le tapis le débat sur l’utilisation des animaux dans la recherche scientifique. L’industrie pharmaceutique est pointée du doigt, ayant depuis fort longtemps bénéficié de ces « recherches ».Dont les victimes sont des rats, des souris, mais aussi des singes, des lapins et des chiens, entre autres. Bien entendu, la découverte de l’insuline, du vaccin contre la polio ou la péniciline doit beaucoup aux animaux, mais le mérite est toujours revenu aux « savants ». Ce qui fait que de plus en plus d’Américains sont réticents à accepter la maltraitance des animaux. Même au nom de la recherche médicale. Arguant que la science peut avancer, sans pour autant faire souffrir les animaux.

Et il y a aussi le côté moral. De quel droit l’homme peut décider de l’utilisation d’un animal à des fins scientifiques ? Le Sénat s’est penché sur la chose, et compte bien légiférer. Notamment en amendant une loi, datant de 1938, et qui laissait le champ libre pour des tests sur des animaux. Tous sont cependant d’accord pour qu’il y ait un encadrement légal pour les animaux.

Mais les tenants de l’ancien système ne baissent pas les bras. Soutenant qu’il n’y a pas d’alternative. « L’homme ne réagit pas aux traitements de la même manière que les rats, les lapins, les cochons ou les chiens. Mais tant qu’on n’aura pas d’autres options, on sera toujours obligés de faire des tests sur ces cobayes », souligne Katalin Gothard, neurochirurgienne et physicienne.

Qu’en est-il à Maurice ? Nous sommes souvent pointés du doigt pour les nombreux singes qui partent en voyage en Grande Bretagne, pour des « recherches scientifiques ».Et alors qu’on voit de plus en plus d’individus ou associations qui s’occupent des chiens errants, preuve que leurs maîtres les abandonnent, et que l’Etat laisse faire, il est plus que temps que ce dernier dresse une fois pour toutes une ligne démarcation claire et nette, et soit plus sévère envers ceux qui persistent à maltraiter, voire massacrer, des animaux.

Car, on ne peut à satiété répéter que nous aimons l’Inde, ou que nous sommes une « little India ». Mais quand il s’agit d’observer les préceptes inculqués par un fils célèbre de la Grande Péninsule, nous faisons semblant de ne pas savoir que Gandhi enseigne de ne jamais faire du mal aux animaux. Il est donc temps d’avoir une législation qui protège la gent animale. Et si les singes de nos forêts ne pourront hélas pas déléguer un des leurs dans l’hémicycle, pour parler en leur nom, qu’au moins un de leurs cousins éloignés intervienne en ce sens. Car si c’est de coutume de faire de discours de parallèle entre Ram et Rawan, ceux qui se réclament de la « pureté » religieuse et sanguine doivent se rappeler que le Ramayana doit aussi beaucoup à Hanuman. De ce fait,le bien-être des singes, mais certainement de tous les animaux, doit être le motto de tous les parlementaires indistinctement !

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