April 20, 2024
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Opinion

Diya

Toute l’île Maurice célèbrera Divali bientôt. Oui, toute l’île Maurice, car le partage des gâteaux transcende la communauté hindoue, et a grandement aidé à donner à cette fête religieuse un caractère Mauricien. Pour dire que les fêtes religieuses ont du bon, et aident dans la consolidation du vivre-ensemble sur cette île.

Pour autant, on peut être sûr qu’il y aura des discours hautement politisés à cette occasion, et s’il y a rassemblement les politiciens de l’opposition ne seront pas invités. Ou ne pourront pas prendre la parole.

Quand on y pense, pourquoi un politicien doit absolument s’exprimer ce jour-là ? Divali est une fête qui remonte à très loin dans le temps. Dans un temps où la politique n’avait pas ce côté calculateur et cynique qui l’enrobe aujourd’hui. Et si un politicien doit vraiment s’exprimer, pourquoi ne peut-il pas mettre en exergue ce qui a été fait en termes d’unité dans le pays, et qui reste à faire pour que cela continue ?

Pourquoi faut-il que le politicien qui interpelle son auditoire, puisqu’il sera inévitablement invité aux célébrations, ne peut pas s’adresser aux jeunes, de toutes communautés, et leur expliquer les bienfaits d’une fête religieuse, pas seulement Divali, mais de toutes les autres ? D’ailleurs, ce politicien pourrait expliquer pourquoi l’Etat, depuis 1968, avait choisi de férié des fêtes religieuses, et s’il faut continuer avec cette tradition. Surtout au moment où on demande aux Mauriciens de travailler plus dur, et donc de ne pas prendre de congés ?

En somme, pourquoi nos politiciens ne font pas une vraie leçon d’histoire, en ces occasions solennelles, histoire d’élever la perspective ? Pourquoi célèbre-t-on Divali, Père Laval, Noël, et autres fêtes religieuses, et pourquoi faut-il continuer à le faire ? En quoi cela nous rend plus « religieux » ou plus « Mauricien » ? Ce sont ces interrogations que nous aurions aimé voir débattre, et non pas entendre des discours typés du style Rawan versus Ram.

Le Ramayana nous dit bien que Sita a une place centrale entre ces deux extrêmes. Raison de plus pour nous de nous pencher sur la place de la femme dans la société mauricienne. Au moment où les Etats-Unis interdisent aux femmes de pouvoir disposer de leurs corps, et que l’Iran est traversé par une crise sociale lié au port du voile, même si cette « crise » est bien le fait d’Israël et des Etats-Unis, nous ne pouvons rester indifférent au sort des femmes ici et ailleurs.

A Maurice, pour le Divali, ce sont, pour la plupart, les femmes qui font tout. Depuis la préparation des gâteaux jusqu’à l’habillement des enfants et le nettoyage de la maison à grande eau. Tout cela a été « taken for granted » que c’est le travail des femmes que de n’obtenir que les rôles secondaires dans ces fêtes religieuses. Jamais je n’ai entendu un politicien rendre hommage aux mamans qui se dévouent pour que Divali, et les autres fêtes religieuses, soient un succès. Non, pour un politicien, les fêtes religieuses sont synonymes de règlements de compte partisans.

Il est donc temps que ce jeu malsain cesse. Puisque l’Etat, depuis 1968,a accordé l’importance voulue aux fêtes religieuses, ne laissons pas les politiciens cracher leur venin sur ces moments d’échanges et de partages. Il est dit que la vitesse de la lumière est infinie. Au lieu donc de chercher à nous diviser, nos politiciens gagneraient à prendre l’infini pour témoin. Afin que la nation mauricienne perdure au-delà du temps, et que chaque composante comprenne les messages véhiculés par les fêtes religieuses !

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