Nouveau feux roulant de questions pour le ministre de la Santé et du Bien-être hier à l’Assemblée nationale lors du Private Notice Question (PNQ) du Leader de l’Opposition. Une PNQ axée sur la mort des patients sous dialyse, en quarantaine où ils auraient contractés le virus de la Covid-19. Xavier-Luc Duval voulait, effectivement savoir si le ministre de la Santé a pour intention de mettre en place une enquête pour faire la lumière sur ces décès. Ce à quoi, le Dr Kailash Jagutpal a répondu par un NON et a justifié sa réponse.
Considérant que chaque mort est un mort de trop, le ministre a, au tout début de sa réponse, présenté ses sincères condo- léances aux familles endeuillées des dix dialysés et autres personnes décédées au cours des mois de mars et avril 2021. Avant d’entrée dans le vif du sujet, le ministre a d’abord brossé un tableau des services de dialyse dans le secteur de la santé publique. Il a effectivement expliqué qu’actuellement, 1 579 patients suivent un traitement de dialyse, dont 1 285 dans les hôpitaux publics et 294 dans les cliniques privées avec lesquelles le ministère de la Santé a conclu un accord de service pour fournir des consommables et effectuer un paiement de Rs 800 par session et par patient. Tandis que le transport vers et depuis les centres de dialyse est gratuit pour tous les patients dialysés. Ces derniers reçoivent trois séances de dialyse par semaine, conformément à la prescription médicale. Chaque séance de dialyse dure trois à quatre heures. Les installations de dialyse sont fournies gratuitement à tous les patients qui ont besoin de ce traitement.
« J’en viens au cas particulier des patients dialysés au centre de dialyse de l’hôpital de New Souillac et j’informe l’Assemblée que je n’ai pas l’intention d’ordonner une enquête pour des raisons que je vais maintenant développer », a souligné avec force le ministre. Dans sa réponse ce dernier a avancé que l’unité de dialyse du Nouvel Hôpital de Souillac est en service depuis 2012 et est équipée de 16 appareils de dialyse où environ 90 patients suivent leur traitement de dialyse.
L’effectif au mois de mars 2021 est composé de 1 néphrologue, 1 anesthésiste, 3 médecins hygiénistes, soit 2 à l’hôpital de Souillac et 1 à l’hôtel Tamassa, 2 infirmières anesthésistes, 2 infirmières de soins intensifs, infirmière responsable, 4 infirmières de dialyse, 7 agents de soins infirmiers, 3 assistants de soins de santé, et trois autres préposés.
« Je tiens à souligner que tous les membres du personnel susmentionnés sont des spécialistes dans leurs domaines respectifs, qu’ils suivent une formation régulière dans le cadre de l’éducation médicale continue et qu’ils s’investissent pleinement dans leurs tâches, en particulier dans les circonstances difficiles et particulières où ils ont dû quitter leurs familles respectives pendant des semaines pour répondre aux besoins des patients dialysés. Le personnel dont j’ai parlé travaille en équipe pour le bien des patients et consacre tout son temps à ces derniers, conformément aux directives internationales fondées sur des preuves », a rappelé le ministre Jagutpal.
Sept membres du personnel positifs à la Covid-19
Pendant l’épidémie de COVID-19, dira-t-il, 87 patients étaient en dialyse dans l’unité de dialyse de l’hôpital de Souillac et 3 patients étaient admis à l’hôpital Jawaharlal Nehru pour d’autres problèmes médicaux. Puis, le vendredi 26 mars 2021, il a été signalé que le test PCR effectué la veille pour une infirmière affectée à l’unité de dialyse à hôpital de Souillac s’est révélé positif. Les mesures du ministère de la Santé prévues par le protocole établi ont été appliquées. Parallèlement, affirme le ministre, les mesures appropriées ont été prises pour assurer la continuité des soins et des traitements médicaux de tous les patients. Le jour même, dira encore Kailash Jugatpal dès réception du rapport susmentionné, tous les membres du personnel travaillant dans l’unité de dialyse ont été isolés et ont subi des tests PCR. À la suite de ce dépistage, 7 membres du personnel se sont révélés positifs à la Covid-19, à savoir 2 médecins, 1 infirmière responsable, 3 infirmières et 1 préposé. Les membres du personnel ci-dessus qui étaient positifs ont été admis à l’hôpital ORL.
« Ce jour-là, c’est-à-dire le 26 mars, les patients sous dialyse n’ont donc pas été transportés par nos soins de leur domicile à l’unité de dialyse pour leur traitement. Cependant, 6 patients sont venus au nouvel hôpital de Souillac par leurs propres moyens. Des tests PCR ont été effectués pour ces 6 patients, dont 3 étaient COVID positifs et ils ont été admis à l’hôpital ORL le 26 mars pour traitement et les 3 autres qui étaient COVID négatifs ont été mis en quarantaine à l’hôtel Tamassa. Tous les autres patients dialysés sous traitement à l’hôpital de Souillac ont également été mis en quarantaine à l’hôtel Tamassa », a répondu le Dr Jagutpal.
Ce dernier ajoute que les patients en quarantaine à l’hôtel Tamassa qui ont demandé que leurs proches restent avec eux en tant qu’accompagnateurs ont été autorisés à le faire, à condition qu’ils acceptent de signer un formulaire d’engagement. Quatorze parents ont séjourné avec leurs patients respectifs. Il est à noter que le coût de la chambre pour un patient seul est de Rs 32 000 pour les 14 jours de quarantaine et le coût de la chambre pour une chambre partagée avec le parent est de Rs 54 000 pour les 14 jours de quarantaine.
« Je souhaite informer l’Assemblée que l’île Maurice est l’un des rares pays qui isole tous les patients positifs à la Covid. Dans la plupart des pays d’Europe et d’Amérique, il y a eu de nombreuses épidémies de COVID-19 dans les unités de dialyse. Il n’y a eu aucune tentative d’isoler les patients dans des centres de quarantaine. Les patients sont auto-isolés à leur domicile et se rendent à l’unité de dialyse et en reviennent par des moyens de transport organisés. Il existe donc un risque élevé de propagation de l’infection au reste de la communauté. A Maurice, afin de protéger la communauté, le protocole consiste à mettre en quarantaine tous les contacts des cas de Covid-19 et à isoler tous les cas de Covid-19 dans un centre de traitement. Ceci s’applique également aux patients sous dialyse », a expliqué le ministre.
Normes respectées
Pour le ministre, toutes les normes concernant le traitement par dialyse ont été adoptées et maintenues. Tous les patients dialysés continuent leur hémodialyse dans le même centre d’origine afin de minimiser le risque de contamination vers d’autres centres. L’ensemble de l’hôpital de Souillac, y compris l’unité de dialyse, a été fermé afin de permettre une désinfection complète sur 24 heures du samedi 27 au dimanche 28 mars et tous les traitements de dialyse ont été reprogrammés en conséquence.
Parallèlement, tous les autres patients dialysés de l’hôpital de New Souillac ont été dépistés et 12 d’entre eux ont été trouvés positifs à la COVID-19 le 28 mars, ce qui porte le total à 15 patients positifs à la COVID-19. Tous les patients positifs admis à l’hôpital ORL ont été renvoyés au service d’isolement de l’hôpital de Souillac pour y être traités et poursuivre leurs séances de dialyse à l’hôpital susmentionné à partir du 28 mars dans l’après-midi.
Du 26 mars, c’est-à-dire (jour 0) au 9 avril, c’est-à-dire (jour 14) qui correspond à la période d’incubation, à partir du premier cas de COVID détecté, 39 patients positifs à la COVID ont été admis au Nouvel Hôpital de Souillac. Un patient supplémentaire a été testé positif à la COVID-19 le 11 avril, c’est-à-dire (jour 16).
Malheureusement, parmi ces patients dialysés positifs au COVID, 3 sont décédés, un est décédé le 9 avril et deux sont décédés le 11 avril à cause de la COVID-19. Puis quatre patients dialysés positifs à la COVID sont décédés le 29 mars, le 31 mars, le 5 avril et le 11 avril. Quatre autres patients dialysés positifs à la COVID sont décédés le 29 mars, le 31 mars, le 5 avril et le 11 avril et ont été déclarés morts avec d’autres comorbidités comme cause de décès, c’est-à-dire cardiopathie ischémique, insuffisance rénale chronique, arythmie cardiaque et insuffisance rénale chronique comme cause primaire de décès respectivement. Un autre patient est décédé la nuit dernière, c’est-à-dire le 19 avril, à Hôpital de Souillac, avec un accident vasculaire cérébral comme cause de décès.
Deux patients COVID négatifs qui étaient en quarantaine à l’hôtel Tamassa sont décédés, un patient est décédé le 29 mars à cause d’une insuffisance rénale chronique et l’autre est décédé le 7 avril à cause de complications cardiaques. Le 4 avril, deux patients dialysés à l’hôtel Tamassa ont été confirmés positifs à la COVID et ont été admis à l’hôpital de New Souillac, suivis par 2 autres patients dialysés le 9 avril et 1 autre le 11 avril, qui ont également été confirmés positifs à la COVID.
31 patients sous dialyse négatif à la Covid ont quitté l’hôpital
À ce jour, il y a 31 patients positifs au COVID à l’hôpital de Souillac ; tous les patients dialysés négatifs au COVID ont été libérés de l’Hôtel Tamassa ; et 10 patients dialysés sont décédés ; parmi eux deux étaient négatifs à la COVID, 3 patients sont décédés à cause de la COVID et 5 patients positifs à la COVID sont décédés à cause d’autres comorbidités.
En ce qui concerne la couverture médicale, 3 médecins ont été affectés au centre de quarantaine pour s’occuper de tous les patients en quarantaine à l’hôtel Tamassa. Un médecin a accompagné quotidiennement les patients pour leurs séances de dialyse à l’hôpital de New Souillac. Quatre autres médecins, dont un néphrologue, un anesthésiste et deux médecins hygiénistes, ont été affectés à l’hôpital de New Souillac pour prendre en charge les patients positifs après le test PCR et nécessitant également un traitement par dialyse.
En outre, six infirmiersexpérimentés en dialyse, appelés d’autres unités de dialyse de différents hôpitaux, ont été affectés au centre de quarantaine de l’hôtel Tamassa pour prendre en charge les patients dialysés et assurer leurs séances de dialyse à l’hôpital de Souillac. Huit infirmiers supplémentaires ont été affectés à l’hôpital de Souillac pour prendre en charge les patients positifs à la COVID et assurer leurs séances de dialyse à des heures tardives. Pendant les séances de dialyse à des heures tardives, 2 infirmiers de dialyse supplémentaires ont été affectés pour s’occuper spécifiquement des patients ‘COVID positive’.
Par ailleurs, le ministre a indiqué que des dispositions ont été prises pour que tous les patients puissent bénéficier de leurs séances de dialyse au Nouvel Hôpital de Souillac. De plus, deux technologues en imagerie et onze agents hospitaliers ont été affectés sur place pour assurer des services de soutien. Il est à noter que ces membres du personnel ont dû rester en poste à l’hôpital pendant une période d’une semaine, après quoi une autre équipe a pris le relais.
Tous les patients testés négatifs au COVID subissent un traitement de dialyse plus tôt, entre 7h00 et 20h00, et les patients positifs à la COVID reçoivent leur traitement à des heures tardives, après 21h00. Le personnel est entièrement équipé d’un matériel de protection individuelle complet qui a été renouvelé après chaque séance de dialyse.
« En ce qui concerne le régime alimentaire des patients en centre de quarantaine, certains patients ont rapporté que le premier jour de quarantaine, ils n’avaient pas bénéficié d’un régime approprié à leur état de santé. En conséquence, dès le lendemain, des dispositions ont été prises pour qu’un diététicien de mon ministère conseille quotidiennement le responsable de la restauration du centre de quarantaine de l’hôtel Tamassa sur le régime alimentaire des patients atteints de maladies rénales », aussi expliqué le Dr Jagutpal.
Par ailleurs, dans sa réponse le ministre de la Santé a mis l’accent sur tous les protocoles de nettoyage et de désinfection de l’ensemble des unités ainsi que de l’équipement de dialyse utilisés entre chaque séance de dialyse avec le désinfectant approprié et recommandé afin d’éviter la propagation du virus.
« La désinfection de l’ensemble de l’unité de dialyse du Nouvel Hôpital de Souillac était effectuée quotidiennement par l’équipe de l’Inspection de la Santé Publique, après la dernière séance de dialyse des patients positifs. Le virus COVID-19, ou tout autre virus, ne se transmet pas par les appareils de dialyse, n’étant pas un organisme transmissible par le sang. Cependant, il a été conseillé aux membres du personnel de prendre un maximum de précautions. Tous les consommables utilisés pour chaque séance de dialyse pour chaque patient étaient des consommables jetables à usage unique », a rappelé le ministre dans sa réponse
Il a aussi expliqué que le nettoyage et la désinfection des unités de dialyse et de l’équipement de dialyse sont effectués conformément à un protocole strict qui comprend les éléments suivants : – le nettoyage du sol de l’ensemble de l’unité est effectué à l’aide d’une solution d’hypochlorite de sodium diluée (“Eau de Javel”) après chaque séance de dialyse. Les machines de dialyse sont équipées d’un programme d’auto-désinfection qui est obligatoire et qui est effectué après chaque traitement de dialyse à l’aide d’une solution stérilisante composée de peroxyde d’hydrogène, d’acide peracétique et d’eau de Javel, selon les recommandations du fabricant de l’équi- pement. Une auto-désinfection à chaud est également effectuée quotidiennement à l’aide de la solution stérilisante recommandée composée d’acide citrique et d’eau chauffée à 95°C.
Le nettoyage des surfaces des machines de dialyse et des autres équipements est effectué à l’aide d’une solution spéciale composée d’un composé d’ammonium ou d’alcool à 70 %. L’unité de dialyse de Hôpital de Souillac et tous ses abords, y compris les ascenseurs et les escaliers, sont désinfectés quotidiennement par le service de l’inspection de la santé publique. La fumigation de la salle est effectuée quotidiennement le soir après la fin des séances.
En outre, il a été demandé à tous les membres du personnel et aux patients de respecter toutes les précautions sanitaires telles que la distance sociale, le lavage fréquent des mains, l’utilisation de désinfectant pour les mains et le port de masques faciaux, afin de prévenir la propagation du virus.
« J’en viens maintenant aux dispositions prises pour le transport des patients sous dialyse, en soulignant que Maurice est l’un des rares pays à offrir de telles facilités à ses patients entre leur résidence et les centres de dialyse et vice-versa », dira-t-il.
De ce fait, du 28 mars 2021 au 11 avril, deux fourgons de 15 places et 1 ambulance ont été postés au Nouvel Hôpital de Souillac pour le transport des patients dialysés. Pour chaque séance, 13 patients pouvaient être dialysés.
Chaque fourgon de 15 places transportait 6 patients à la fois afin de tenir compte de la distance physique pendant le trajet aller-retour entre l’hôtel Tamassa et l’hôpital de Souillac. L’ambulance était utilisée pour les patients couchés. 3 chauffeurs et 3 ambulanciers en EPI complet ont été impliqués lors de cet exercice.
Par ailleurs, une équipe composée de 7 infirmiers, 4 agents des services hospitaliers et 1 médecin hygiéniste accompagnait les dialysés sur la base d’un tableau de service. Une camionnette de 15 places était prévue pour le transport du personnel de l’hôtel Tamassa au Nouvel Hôpital de Souillac et retour.
Les véhicules dédiés au transport du personnel et des patients de l’Hôtel Tamassa au Nouvel Hôpital de Souillac et retour étaient équipés d’un écran en plastique transparent pour séparer les conducteurs des passagers. Les véhicules ont été désinfectés après chaque trajet. Pour la période du 12 avril 2021 au 17 avril 2021, le nombre de transport de patients dialysés a été porté à 4 avec 1 fourgon supplémentaire de 15 places. Chaque van ne transportait que 4 patients à la fois. Par conséquent, 4 chauffeurs et 4 ambulanciers ont été impliqués lors de cet exercice.
« En ce qui concerne le patient de dialyse positif à la Covid en soins intensifs à l’hôpital de Souillac, je suis informé que son état de santé s’est aggravé hier et qu’il a été intubé. L’équipe médicale lui prodigue les meilleurs soins possibles. Le personnel médical informe régulièrement les proches de l’état de santé du patient. Nos médecins se tiennent au courant de l’évolution et des preuves scientifiques depuis le début de la pandémie, conformément aux bonnes pratiques médicales. Les néphrologues sont tenus au courant des développements scientifiques dans le domaine de la néphrologie en relation avec la COVID-19. Des protocoles de traitement spécifiques ont été élaborés pour les soins et la gestion des patients dialysés bien avant la résurgence de la COVID-19 », a avoué le ministre dans sa réponse.
L’analyse des faits démontre que le pronostic des patients dialysés infectés par COVID-19 est malheureusement très mauvais. Selon les différentes études, le taux de mortalité est de 20 à 35 %. « Cela dit, ces chiffres concernent des êtres humains et derrière chaque statistique, il y a une personne et une vie qui comptent. Le combat continue et notre objectif reste de sauver chaque vie. C’est pourquoi, Monsieur le Président, je n’ai pas l’intention de procéder à une enquête », a conclu le Dr Kailash Jagutpal.