October 15, 2024
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Opinion

D’UN MAL PEUT EN RESSORTIR UN BIEN

De toute sa carrière politique, Navin Ramgoolam a été incapable hors du pouvoir de rassembler ne serait-ce que quelques centaines d’inconditionnels du PTR, pour une revendication particu- lière, quand ce n’est pas pour s’ériger comme un rempart contre les diffé- rents gouvernants. Pour vous dire que, même sur les bancs de l’opposition et dans les rues, pourtant offrant des conditions propices pour un leader d’opposition, pour galvaniser les foules, le leader rouge aura toujours été un piètre rassembleur des masses ou tout simplement un politique qui n’inspire pas confiance.

Effectivement, quand vous êtes en opposition contre le pouvoir en place, c’est à ce moment qu’en tant que chef d’un parti, que vous êtes en mesure de réunir autour de vous les grosses foules. Car, le langage populiste que vous utilisez pour rameuter vos troupes et les Mauriciens, attire et est de nature à converger, mobiliser vers vous des gens de tous bords. Même, si vous vous répandez en mensonges et subterfuges. Gagnée par la déception et la frustration suscitées par les mesures impopulaires prises courageusement par le PM, mais nécessaires pour que le pays surmonte les écueils économiques, la majorité de la population submergée par une candeur naïve et emberlificotée par les fausses promesses de l’opposition, se range du côté du chef-opposant au pouvoir. C’est dans le droit fil du mécanisme politique.

Navin a toujours failli dans son rôle d’opposant au pouvoir, puisque ce poste requiert un homme capable de sacrifier une partie de sa vie et un engagement de tous les instants. Lui, non, ses mœurs dissolues et sa propension à l’immobilisme maîtri- saient ses automatismes, au point de les rendre totalement inefficaces : un « walking disaster ». S’il y a dans l’histoire du pays, un leader de l’opposition qui a carrément échoué dans ce fauteuil, c’est bien lui et de loin. Il ferait pale figure même devant Arvin Boolell, son Poulidor réduit en victime expiatoire. Qu’est-ce qu’un Navin Ramgoolam, aujourd’hui au crépuscule de sa carrière [et surtout en frisant les 80 ans dans 4 ans] serait capable de faire, ce dont il n’a pas réussi à accomplir alors qu’il avait 45 ans ? Vraiment, il lui reste peu de choses pour se sauver. La voie du garage n’a pas été conçue pour des objets en bois ou en métal, mais pour des ratés comme notre cher Mister Nowhere.

Aujourd’hui, l’occasion est trop bonne pour lui de sauter dans le premier train de celui qu’il n’avait jamais côtoyé avant, sans le moindre effort, tel un vil opportuniste tentant de tirer un capital politique. Pour Navin, la honte n’est pas contagieuse, puisqu’il se serait fait petit, au lieu de parader. Comme si c’était lui l’artisan de cette fronde. La propagande de Navin Ramgoolam autour de cette manifestation se surpasse dans le mauvais goût, surtout quand il s’agit de récupérer un événement qui n’est nullement de son inspiration, encore moins de son initiative. Trop facile de faire le saut pour être porté en triomphe. Les Mauriciens ne sont pas des imbéciles.

Malheureusement, si l’on peut d’un revers de main effacer la piteuse démarche de NCR de s’approprier le concert d’un premier venu sur le marché du sensationnalisme et sous-estimer son ambition pour une place d’honneur dans ce rassemblement des dupes, il y a le danger [d’une prolifération] de propagande de haine qui est montée en épingle. Au lieu de l’union de toutes les composantes de la population, c’est les divisions qui sont alimentées.

Cette affiche d’hier illustre également comment la haine obses- sionnelle de Pravind Jugnauth fédère des forces hétéroclites, d’un mélange bizarre d’éléments disparates, habitées par des intentions douteuses. Que la vision de toute cette bande soit un fantasme de puissance n’enlève rien à ce qu’elle révèle des pulsions négatives de ce trio de guignols que sont NCR-PRB-XLD. On comprend mieux pourquoi elle ne perturbe point le Premier ministre, qui laisse passer la caravane… Dans ce registre, le plus dangereux de tous, Navin Ramgoolam accrédite la fable d’une « conspiration » et nié l’ampleur de l’action gouvernementale, malgré les défaveurs de la nature [temps exécrable qui ne permit pas une inter- vention rapide]. NCR a oublié ou fait semblant d’oublier que face à la contestation populaire de sa gouvernance en 1999, il avait choisi la fuite en avant. C’est encore heureux qu’il s’en soit sorti indemne de ce drame, car dans un autre État africain, il croupirait en geôle pour un long bail.

Les Mauriciens avisés, réfléchis ne commettront pas la bêtise d’aller gonfler la foule. Ce n’est pas une partie de plaisir [au sens rétrograde] ou un pari d’intérêt public [un gage de patriotisme] qui se joue à Port-Louis. C’est en fait une tentative de faire resurgir le spectre de l’anarchie d’il y a 20 ans. Le Mauricien, version 2.0 ou celui qui a l’amour du pays dans son cœur restera chez lui ou s’adonnera à d’autres activités familiales.

Ainsi, notre vibrant appel va à l’adresse de ces quelques milliers de passionnés inconscients qui ont eu le seul tort de croire en un agenda. S’ils avaient regardé de plus près, ils auraient découvert la nature déformante de ce rendez-vous.

Notre démocratie à plein régime renferme de telles valeurs qu’elle permette au peuple de libérer ses réclamations, fussent-elles légitimes ou pas. Mais, l’obligation de faire abstraction de toute force, violence est une condition sine qua non pour justifier le bien-fondé d’une action ou réaction. La violence, c’est l’arme des faibles et elle rend caduc toute manifestation. Heureusement que les Mauriciens ont évolué considérablement dans le bon sens et ont pris de la hauteur. D’un mal peut en ressortir un bien.