May 3, 2024
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Opinion

Édito – Corruption : Relativiser…

Transparency International a publié son classement annuel des pays les plus corrompus dans le secteur public. Oui, la corruption est un mal qui ronge beaucoup de pays, et il faut toujours la combattre. Mais il faut aussi savoir relativiser, et garder en tête que  si  le détournement de fonds publics est devenu une habitude dans les petits pays, c’est aussi parce que les  grandes puissances ont appris aux exécutants de ces pays du sud comment corrompre. On a en tête l’affaire Saint-Louis, où un ministre fut révoqué, mais on a pratiquement oublié que l’origine de cette affaire prend sa source au Danemark.

D’ailleurs, la France, 20è dans ce classement, voit François Bayrou redevenir candidat à la présidence, après sa relaxe « au bénéfice du doute ».Un peu à la manière d’Ivan Collendavelloo, dont on ne sait si l’ICAC l’estime lavé de tout soupçon, ou toujours impliqué dans l’affaire Saint-Louis.Transparency International note que « même “si l’Europe occidentale et l’Union européenne restent la région la mieux notée, sa note moyenne régionale est tombée à 65 cette année, à mesure que les freins et contrepoids s’affaiblissent et que l’intégrité politique s’érode”.

Donc, selon cet organisme, la corruption ne gangrène pas le monde occidental. Mais  pointe du doigt la Somalie, le Soudan du Sud, la Syrie et le Vénézuela, entre autres, comme figurant parmi les pays les plus corrompus. Et comme par hasard, ces pays cités sont mal vus par les Etats-Unis. Faut-il donc être bien vu par l’Occident pour espérer devenir un bon élève en matière de combat contre la corruption ? Comment Transparency International arrive à classer les pays cités comme très corrompus, alors qu’ils rejettent toute coopération avec l’Occident ?

Selon Juliette B., la journaliste qui fait état de ce classement, »pour établir son classement, Transparency International utilise “au moins trois sources de données tirées de 13 enquêtes et évaluations” collectées par des institutions comme la Banque mondiale ou le Forum économique mondial. Ces données lui permettent d’établir un score, allant de 0, la pire note, à 100, la meilleure. Sur les 180 pays étudiés, la moyenne des scores est de 43 et plus des deux tiers sont en dessous des 50. “La grande majorité des pays n’ont réalisé aucun progrès (en matière de lutte contre la corruption) ou ont reculé au cours de la dernière décennie.

Les pays qui souffrent donc  le plus de la corruption dans le secteur public sont la Somalie (180e), le Soudan du Sud, la Syrie et le Venezuela. Avec un score de 13, ces trois derniers pays occupent la 177ème place du classement ex aequo. A l’inverse, les pays qui en souffrent le moins sont le Danemark, classé en tête, suivi de la Finlande et de la Nouvelle-Zélande. La France est à la 20ème place du classement. L’Hexagone perd un point de score depuis 2022 et stagne sur la dernière décennie. »

François Valérian, le président de Transparency International, estime que “la corruption continuera de prospérer jusqu’à ce que les systèmes judiciaires soient en mesure de punir les actes répréhensibles et de contrôler les gouvernements. Lorsque la justice est achetée ou politiquement entravée, ce sont les gens qui en souffrent”. Là, on est d’accord avec lui : La justice doit jouer pleinement son rôle et châtier ceux qui corrompent. Et les juges et magistrats doivent toujours garder en tête que pour chaque cas de corruption, c’est toujours l’argent public qui va dans la poche, ou les valises !, d’une personne qui ne méritait pas cet argent.

A Maurice, le Financial Crimes Commission est désormais réalité, alors que parallèlement  l’ICAC existe toujours. Qu’en sera-t-il des enquêtes menées par cette instance ? Si on prend le cas de Franklin par exemple, qu’a fait  l’ICAC depuis la découverte des dessous de ce monsieur, qui n’a toujours pas pris l’avion pour la Réunion ? Et voilà quelqu’un qui se dit analphabète, mais qui surjoue son cas dans les cours de justice. Juste pour retarder son extradition. Et nous n’avons toujours pas compris avec quel argent il paie son avocat, vu que ses biens sont « gelés » par l’ICAC ?

Pour revenir au classement de ce tableau « d’honneur » de la corruption, l’île Maurice y figure, très loin des pays les plus corrompus il est vrai, mais quand on regarde de près ce classement, le fait que les huit derniers pays soient  Haiti, Nicaragua, Corée du Nord, Yemen, Sud Soudan, Syrie,Venezuela et Somalie, où la Banque Mondiale ne peut y faire la pluie et le beau temps, est une indication du modus operandi, voire du « bias »  de Transparency International. Ce n’est jamais une raison de ne pas cesser le combat contre la corruption. Mais il faut savoir relativiser. Et ne pas perdre de vue que ces organismes qui viennent faire la leçon aux pays du Sud sont bien souvent des agents des grandes puissances. Oser dire qu’Haiti est un pays corrompu, alors qu’il est constamment destabilisé par les pays Occidentaux, c’est prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages.

A prendre ou à laisser donc, ce rapport de Transparency International. A défaut de le jeter dans une poubelle !

Sedley Assonne

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