May 9, 2024
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Opinion

Édito – La souveraineté n’est pas affaire partisane !

Lindsey Collen a raison : Le Premier ministre a tort de négocier la vente/location de Diégo Garcia, si l’on en croit Boris Johnson, aux Américains. Car, la souveraineté ne doit pas être affaire partisane. Il est donc malheureux que sur le dossier des négociations du gouvernement avec les Etats-Unis et les Britanniques, Pravind Jugnauth n’ait pas communiqué, soit par voie de conférence de presse, ou au Parlement, sur ce qu’il fait exactement.

On peut comprendre que le Premier ministre veuille récolter les retombées de toute réussite des négociations. Mais justement, ce n’est pas le leader du MSM, mais bel et bien le Premier ministre qui négocie. Et comme tel, il a le devoir d’informer, tant la  population, que le leader de l’opposition, sur l’avancée du dossier. Et comme le souligne la porte-parole du parti Lalit, ni Diégo Garcia, ni l’archipel des Chagos, et encore moins Agaléga n’appartiennent à Pravind Jugnauth.

On ne comprend donc pas cette espèce d’opacité sur l’état des négociations entre le gouvernement Mauricien et les Américains et les Britanniques. Mais il y a pire aussi. Car, les représentants des partis mainstream n’insistent pas vraiment pour savoir ce qu’il en est. Car, aussitôt au pouvoir, leurs responsables ont pratiqué la même politique étrangère que le MSM. Qui est de s’aligner totalement sur l’Occident, et ses absurdités. Nous n’avons pour ainsi dire pas vraiment entendu le leader de l’opposition sur ce sujet, Xavier Duval se contentant de jouer les spectateurs.

Quant au MMM, le premier à crier « Rann nou Diégo » dans les années soixante-dix, ce parti a renié tous ses principes, et ne défend plus rien. Reste le Parti Travailliste, tout aussi silencieux sur le dossier Agaléga, et encore plus muet sur celui de l’archipel des Chagos. Et les partis extraparlementaires ? Eux aussi restent tranquilles, sûrement par méconaissance du dossier. Reste donc Lalit, qui est toujours resté constant sur la question.

Ce que Pravind Jugnauth aurait dû faire, c’est tenir informé la population de ce qu’il fait sur ces dossiers Chagos et Agaléga. Nous ne parlons pas d’aller jusqu’au référendum, mais force est de reconnaître que la souveraineté n’est pas affaire partisane. Nous sommes là en présence d’un contentieux qui n’a que trop duré, et qui maintient le peuple Chagossien dans un état inhumain. Car, toujours éloigné de leur terre natale.

Regardez comment Boris Johnson, pourtant  hors du pouvoir !,s’est empressé de mettre les dirigeants de son pays en garde contre toute négociation qui diminuerait l’influence de son pays sur ce territoire. Bien entendu, il est dans le tort le plus total, car forts de la caution des Nations Unies, et du Tribunal Pénal international, nous sommes en droit de revendiquer notre souveraineté sur ces 16 îles.

Mais cela ne doit aucunement signifier que le Premier ministre peut décider à lui seul de ce qui est bon pour les Chagos, pour les Chagossiens et pour Diégo Garcia. Les gesticulations ridicules de Boris Johnson concernant surtout cette base militaire. Et pour un ancien Premier ministre, il démontre qu’il est coupé de la réalité, quand il confond la Chine comme notre allié, alors que les Chinois n’ont jamais rien reçu en termes de terre où construire une base ! Il est tout aussi malheureux qu’Olivier Bancoult soit « kept in the dark » par le gouvernement, qui donne nettement l’impression que les Chagossiens ne sont utilisés que comme monnaie d’échange.

Pravind Jugnauth doit donc rectifier le tir, et démontrer que ce qui se passe pour les Chagos n’est pas la même affaire que pour Agaléga. Et qu’il veut vraiment le meilleur pour le pays. Mais il faudrait un minimum de communication sur ce dossier. Et non pas laisser les Mauriciens apprendre des choses à travers le Daily Mail !

Et alors que le pays est quasiment en campagne électorale, on voit que les principales forces en présence ne se soucient guère du dossier Maurice. Les uns ne jurent que par le « Bour li deor », alors que les autres travaillent à leur renouvellement dans le fauteuil du pouvoir. Entre ces deux extrêmes, il y a un peuple Chagossien, balotté de part et d’autre, entre Crawley et Peros  Banhos. Et s’il est vrai qu’il est nouveau dans ce ministère, Manish Gobin peut-il venir de l’avant et faire une rencontre avec la presse, et mettre ainsi les Mauriciens au courant de ce qui se passe entre les gouvernements Mauricien, Britannique et Américain ?

Est-ce si difficile de montrer surtout qu’on est au service du peuple, et qu’on lui doit un minimum de respect ? Surtout quand il s’agit de sa souveraineté ? Avis au Premier ministre et à Manish Gobin !

Sedley Assonne

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