Il s’appelle Paul Landis, a 88 ans et va publier « The final witness », une biographie-mémoire qui donne une toute autre version de l’assassinat du président John Kennedy. Landis était un des gardes du corps qui était debout dans la voiture présidentielle. Et il estime maintenant que Lee Harvey Oswald ne pouvait être seul. Et qu’il y avait d’autres tueurs sur l’itinéraire emprunté par le cortège présidentiel, à Dallas, en 1963.
Ce livre sera certai- nement un best-seller. Car, plus de 60 ans après ce drame, le monde entier veut savoir qui a vraiment tué Kennedy. Ce qui nous ramène à l’affaire Kistnen. A part les Avengers dans un premier temps, Bruneau Laurette ensuite, seul l’avocat Rama Valayden continue d’appeler à un dénouement sur cette triste affaire.
Et il est incroyable que Navin Ramgoolam, à part quelques déclarations ici et là, n’ait jamais vraiment appelé à la vérité sur la mort de Soopramanien Kistnen. De même, le MMM et le PMSD n’ont jamais vraiment donné priorité à ce meurtre. Est-ce parce que Rama Valayden fait « bien » que le Parti Travailliste, le MMM et le PMSD ont évacué ce dossier ? Pourtant, Ramgoolam disait que Kistnen était venu le voir. Mais même quand il parle de fraudes électorales et évoque les Bangladais, l’ancien Premier ministre ne prend pas la mort de Kistnen comme il l’aurait fallu. Avec la même fermeté que Valayden par exemple.D’autant plus qu’il dit l’avoir rencontré.
Mais il n’y a pas que ces trois partis. Kistnen était le chef-agent du MSM dans la circons- cription N0.8, et à ce jour on attend toujours une déclaration publique du leader du MSM, exhortant la police à faire diligence dans cette affaire. En fait, Pravind Jugnauth aurait eu tout à gagner s’il avait jeté son poids, comme ministre de l’Intérieur et donc responsable de la police, dans cette équation qui continue de miner son parti.
D’ailleurs, il n’y a pas eu que Kistnen. Durant les 55 ans de campagnes électo- rales, de 1968 à ce jour, il y a eu beaucoup trop de morts dans les camps des partis mainstream. Le MMM a payé le prix fort avec les décés d’Azor Adélaïde et Fareed Muttur, et Bérenger lui-même échappa à une tentative d’assassinat devant la mairie de Port-Louis, la balle qui devait l’éliminer finissant dans le mur de la porte d’enceinte de la municipalité.
Et bizarrement, quand ils ont été au pouvoir, le Parti Travailliste, le PMSD, le MMM et maintenant le MSM n’ont jamais vraiment cherché à savoir qui en a voulu à leurs agents. Il y eut l’arrestation de Sir Gaëtan Duval, sur « confession » d’un ancien nervis, mais le leader du PMSD put se sortir de ce guépier. A la lumière de ces cas, n’est-il pas temps pour les forces en présence de cesser avec l’installation des bases, le paiement aux agents et aux gros bras, et l’affichage sauvage dans les villes et campagne ? N’est-il pas temps de faire une campagne propre, avec débats civilisés entre prétendants au poste de Premier ministre, et entre candidats aux postes de députés ?
En fait, les campagnes électorales mauriciennes nous rappellent les combats de gladiateurs de la Rome Antique. Ces combats n’avaient rien de romantique, et se termi- naient en bain de sang. Et préfigurent ce qui est désormais la recette quand il faut gouverner. A savoir donner du pain et des jeux au peuple. Et même s’il y a des morts, les gens préfèreront avoir leur bout de pain et des nouvelles, comme il en tombe sur les réseaux sociaux. Qui les trans- formera en voyeurs, spectateurs de leurs propres déchéances !
Aux Etats-Unis, quand Kennedy fut assassiné, ce fut business as usual pour les Américains. Il n’y eut aucun soulèvement, ni contre la CIA ou le FBI, longtemps soupçonnés d’avoir commandité ce meurtre, et encore moins contre la police, qui fut très laxiste. Le même schéma se produit chez nous. Un petit groupe se soucie de ceux qui tombent au champ d’honneur, mais les autres attendent leur tour pour festoyer avec les monstres qui veulent juste les dominer.
Qu’est-ce qui peut expliquer cela ? En fait, quand le fascisme montre sa tête, le peuple a toujours tendance à nier son existence. Quand Hitler a commencé sa purge et l’invasion des pays voisins de l’Allemagne, au départ il eut le champ libre. A croire qu’il est plus facile de soumettre que de soulever les peuples !
Un des Américains qui sera heureux de ce que dit Paul Landis, c’est Oliver Stone, dont le « JFK » disait aussi que l’assassinat du président fut un « inside job ».Un peu l’ancêtre des « attentats du 11 septembre 2001 ou l’invasion de l’Iraq pour cause « d’armes de destruction massive ».Ceux qui ont assassiné Kistnen auraient bien voulu qu’il tombe dans l’oubli. C’est l’erreur à ne pas faire. Au contraire, il faut sans cesse rappeler à nos politiciens qu’il y a eu, et qu’il y a encore !, des crimes impunis dans notre île.Tant que les assassins de Vanessa Lagesse, de Nadine Dantier et de Soopramanien Kistnen, pour ne citer que ces trois cas, mais il y a aussi la disparition du petit Damroo,d’Akhmez Aumeer,et de tant d’autres,que chaque Mauricien se doit d’être,à la manière de Paul Landis,le dernier témoin qui continuera à réclamer la vérité sur ces morts.
Leurs familles ont besoin de faire leurs deuils.La police leur doit au moins cela,si nous sommes vraiment dans un pays civilisé !
Sedley Assonne