May 9, 2024
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Opinion

Édito – Les Maldives dans le camp Chinois

Alors que les partis d’opposition parlementaire restent muets devant l’implantation de l’Inde à Agaléga, aux Maldives, l’Inde a été un thème de campagne aux Maldives, où Mohamed Muizzu promettait à ses partisans que l’Inde devrait quitter l’archipel aussitôt son arrivée au pouvoir. Ainsi, les militaires Indiens stationnés dans l’île devront donc plier bagage.

Chose impensable chez nous, où les partis d’opposition ne s’aviseraient jamais de « froisser » l’Inde, qu’ils disent grande amie de l’île Maurice. Sauf que même les Etats-Unis commencent à reconsidérer cette amitié, du fait que sous le mandat de Modi, la liberté d’expression est menacée. Des policiers ont fait irruption dans une salle de rédaction à Mumbai, et arrêté les journalistes présents. Dont le seul tort est d’être critique de l’action du gouvernement Modi.

Mohamed Muizzu, basculant les Maldives dans le camp Chinois, soutient que « je ne peux accepter une présence militaire indienne dans mon pays, alors que la population est contre cela. ».De plus, après sa victoire, il devait appeler à la réconciliation nationale : »Même si vous avez voté pour mon adversaire, maintenant vous êtes tous Maldiviens. Et vous avez les mêmes droits. »

Paroles qu’on aurait aimé entendre après des élections chez nous. Malheureusement, chaque parti qui arrive au pouvoir continue de compartimenter la population, la divisant en « nou bann » et « bann la ».Avec pour résultat que le pays vit sous tension perpétuelle. Avec ceux ayant gagné profitant largement de la victoire de leur parti, sous toutes les formes possible, alors que les perdants sont victimisés. Accusés  alors de n’avoir pas été du bon versant de la montagne !

Ce qui a fait gagner Muizzu, c’est qu’il accusait le président sortant Mohamed Solih d’avoir déroulé le tapis rouge pour l’Inde aux Maldives. Une position qui tranche nettement avec ce qui se passe chez nous, où l’opinion des Agaléens n’a guère été prise en compte quant à la présence de l’Inde dans leur île. Chose à retenir : le parti de Muizzu  a pour nom People’s National Congress. Soit un air de ressemblance avec le Congress indien, à la tête de 26 partis d’opposition pour éjecter Modi hors du pouvoir.

Ce qui a fait gagner Muizzu, c’est aussi le fait que l’accord entre les gouvernements Indien et Maldivien restait secret. Un peu comme pour Agaléga. Or, les Maldiviens, en donnant la victoire à Muizzu, jugé proche de la Chine, ont bien fait comprendre qu’ils tiennent à leur souveraineté. De plus, ils comptent sur la Chine pour bâtir des réseaux ferroviaires, des ports et des autoroutes, afin de pouvoir sortir les Maldives de son isolement. Et la mettre en contact direct avec l’Europe, l’Asie  et l’Afrique.

Et celui qui se réjouit aussi de la victoire de Muizzu  est Adbulla Yameen, ancien président des Maldives, condamné à la prison pour corruption, et qui a depuis été transféré chez lui « on house arrest ».C’est le 17 novembre que Muiz sera intronisé. Et les observateurs politiques s’accordent à dire que la transition s’est bien passés, aucun heurt n’étant noté dans les rues.

Constitué de 1200 îles coralliennes, les Maldives avaient récemment fait l’actualité, quand ils avaient contesté la souveraineté mauricienne sur quelques  îles des Chagos. Les choses semblent être rentrées dans l’ordre depuis. Mais il n’est pas dit qu’ils ne reviendront pas à la charge, leur allié Chinois voulant sûrement rappeler qu’ils sont là pour contrecarrer toute influence indienne.  

Narendra Modi a cependant félicité Muizzu, déclarant que « l’Inde est déterminée à consolider les relations bilatérales entre l’Inde et les Maldives.Muizzu, 45 ans, a raflé la mise avec 54% des votes. Un  relativement jeune candidat pour emmener, durant cinq ans, les Maldives dans une autre dimension. En attendant que les grandes puissances commencent leur jeu d’influence dans les coulisses !  

Sedley Assonne

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