Beaucoup aiment faire croire qu’ils « aiment » l’Inde, ou qu’ils sont plus Indiens que les natifs de la Grande Péninsule. Mais en fait, on nous a toujours offert une image caricaturale de ce pays. La réduisant à une religion ou aux blockbusters de Bollywood. Or, l’Inde est bien plus complexe que ces clichés.
Ainsi, dans le domaine politique, ce pays donne encore une fois l’exemple, avec le gouvernement Modi ne présentant qu’un mini-budget. Du fait qu’il y aura des élections en Mai prochain, Narendra Modi n’a pas voulu « prédire » le résultat, même si les sondages le donnent gagnant. Au contraire des gouvernements Mauriciens, qui continuent de faire comme si de rien n’était, sous tous les régimes !, Modi sait qu’il dirigie un « caretaker government » et ne veut donc pas puiser plus que nécessaire dans le trésor de l’Etat.
Ici, on a eu des gouvernements qui ont fait voter des budgets conséquents, sans se soucier du résultat des urnes, et encore moins du fait que le gouvernement était en suspens. La ministre des Finances du gouvernement Modi a soutenu que « ce mini-budget est pour les dépenses gouvernementales jusqu’aux prochaines élections ».Et elle espère qu’il boostera les dépenses sur les projets infrastructurels, et construire des maisons pour les pauvres et réduire le déficit fiscal.
Mais ce n’est pas le grand frisson que promettent les ministres des Finances d’ici, avec le budget devenant presqu’un spectacle, pour ne pas dire un show !, pour mettre en scène le titulaire, et son épouse !, alors qu’un tel exercice est trop sérieux pour n’être qu’une pièce de théâtre !
Nirmala Sitharaman, la ministre des Finances, devait aussi annoncer un plan pour venir en aide aux jeunes, et aux petites et moyennes entreprises, afin de créer des emplois. Mais il va sans dire que le gouvernement Modi a été justement critiqué pour son manque d’initiatives sur le plan de la création d’emplois. Même s’il y a eu des milliards injectés en ce sens.
Mais ce qui surprend, c’est le fait que ce « short-term budget is mostly free of big-spending new programs. ».C’est toute la différence entre l’Inde et notre île, où nos dirigeants, même dans une année d’élections générales, ont présenté des budgets pour le long terme, »attachant les bras » d’un autre gouvernement, si jamais les électeurs optent pour le changement. Car, jusqu’ici même s’il y a changement de régime, c’est toujours la politique de continuité qui a cours. Hormis quelques changements cosmétiques ici et là. Cela peut s’agir d’un changement de nom, comme pour un organisme combattant la corruption, ou dans le domaine de l’éducation. En Inde, on n’opère pas comme chez nous. Et c’est tant mieux !
Maintenant, la grande question : »Mais nos dirigeants ne disent pas qu’ils « s’inspirent » de l’Inde ? Il semblerait que non. Car, ne serait-ce qu’en terme budgétaire, aucun gouvernement n’aurait présenté de budget pour le long terme, tout en sachant que les élections sont derrière la porte. Voici ce que dit madame Sitharaman : »Le gouvernement prévoit de construire 20 millions de maisons, sur les cinq prochaines années, si ce même gouvernement revient au pouvoir, avec un budget de 145 milliards de dollars pour ce projet, dans le mini-budget. »
Toute la nuance est là, et elle est claire et nette.Et démocratique.Et la presse précise bien que « A full-year budget will be presented by the new government after it assumes power. ».Par ailleurs, ce mini-budget doit être approuvé par le Parlement, ce qui sera facile, Modi possédant la majorité parlementaire. De plus, la popularité du Premier ministre est indéniable, avec une opposition qui vient de perdre un parti, celui de l’Etat du Bihar ayant déserté la grande alliance qui voulait vaincre Modi.
Sous le mandat de Narendra Modi, l’Inde est devenue la cinquième meilleure économie dans le monde, dépassant la Grande Bretagne. Avec un tel palmarès, Modi aurait pu jouer l’arrogant. Mais il se plie au jeu démocratique et ne présente qu’un mini-budget. Nous sommes bien en campagne électorale ici, et nous avons bien entendu qu’un budget « normal » sera présenté en juin, alors que le mandat du présent gouvernement prend fin en novembre prochain. Et si on commençait par vraiment prendre exemple sur l’Inde, qui a le même contexte électoral que nous, et qui fait aussi partie du Commonwealth ?
En fait, il est plus facile de servir les clichés sur la Grande Péninsule que d’adhérer vraiment à ses principes. Et elle en a beaucoup. Narendra Modi vient d’en donner un exemple sur le plan politique. Félicitations en tout cas à Nirmala Sitharaman, la ministre des Finances. Qui montre aussi combien il est judicieux de bien gérer l’argent public ! Avis à qui de droit !
Sedley Assonne