January 26, 2025
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Opinion

Éditorial – N’oublions pas nos racines Africaines !

Le 1e février arrive à grands pas. Et le nouveau gouvernement commémorera l’abolition de l’esclavage. Mais il faut beaucoup plus qu’une date pour que nous n’oublions pas nos racines africaines. En 1995, Navin Ramgoolam et Paul Bérenger étaient en alliance, et furent les architectes d’un plus grand rapprochement avec le Continent Noir. Et surtout avec le Mozambique.

Ce pays fait toujours l’actualité ces jours-ci, avec le bras-de-fer qui oppose le  leader de l’opposition mozambicaine, Venâncio Mondlane à Daniel Chapo, le chef du gouvernement. Reconduit au pouvoir, ce dernier est accusé d’avoir truqué les résultats des dernières élections organisées le 9 octobre dernier. Mondlane, qui avait fui le pays, est retourné triomphalement au Mozambique, mais les heurts entre ses partisans et ceux de Chapo ont déjà fait 100 morts. Avec Vijay Makhan retournant dans le giron du pouvoir comme conseiller du Vice-Premier ministre, ne serait-il pas temps d’utiliser son savoir-faire pour aider à régler ce contentieux Mozambicain ?

Le gouvernement Mauricien a aussi un diplomate dans la place. Et il faut aussi s’assurer que tout va bien pour lui, au cas où la situation dégénererait là-bas. Le ministère des Affaires Etrangères, de concert avec l’Attorney General, met le paquet pour négocier un bon deal avec le gouvernement Britannique sur l’archipel des Chagos. Mais ce n’est jamais une raison pour abandonner l’Afrique !

Pour revenir au 1e février, et le 190è anniversaire de l’abolition de l’esclavage, qu’est-ce qui changera de ce qui se faisait sous  l’ancien régime, durant ces dix dernières années ? Quel langage parlera Navin Ramgoolam et Paul Bérenger aux descendants d’esclaves, qui restent toujours les oubliés de la république ? Ironiquement, la délégation mauricienne qui se trouve à Londres ne rappellera pas au gouvernement Britannique qu’il n’a jamais compensé les descendants d’esclaves, quand l’esclavage fut aboli en 1834 ? Le Premier ministre  Keir Starmer ne doit sûrement pas savoir de quoi il en retourne, mais c’aurait aussi été une bonne occasion de rappeler à son gouvernement les torts que l’Empire Britannique a fait aux descendants d’esclaves. En les escamotant totalement de toute compensation financière, alors qu’ils ont trimé, jusqu’à la mort pour beaucoup, pour faire avancer cette île sur le plan économique  !

A cet effet, il suffit de regarder autour de soi pour comprendre que l’Etat mauricien n’a pratiquement pas veillé à ce  que hommage soit dûment rendu aux descendants d’esclaves. Il y a le jour férié bien entendu, œuvre de Sylvio Michel et d’autres combattants, et concrétisée par Paul Bérenger. Navin Ramgoolam a aussi œuvré, sur recommandation du défunt Dev Virahsawmy, pour que la langue créole entre dans le circuit scolaire. Mais cette langue n’est toujours pas admise au Parlement, et on peut aussi s’interroger sur la pertinence du Creole Speaking Union.

A ceux qui seraient prompts à dire qu’il ne faut pas « ethniciser » le 1e février, rappelons que chaque communauté célèbre et commémore ses racines et le culte de ses ancêtres. Et étant un pays de peuplement, il est normal qu’il en soit ainsi. Et Paul Bérenger doit être salué pour avoir donné un centre culturel à chaque composante de la nation mauricienne. Encore que les Tamouls attendent toujours leur part du gâteau, dans le triangle de Réduit. Mais le nouveau gouvernement a promis qu’ils seront rétablis dans leurs droits.

Pour dire que notre population, souvent citée en exemple pour sa cohabitation harmonieuse, n’a pas attendu les politiciens pour vivre en paix. Nous le faisons depuis 1968, malgré les pyromanes qui veulent « libaniser » nos relations. Mais malgré leurs multiples tentatives, ces personnes ne sont jamais arrivées à nous diviser. Et le résultat des dernières élections est là pour prouver que ce peuple peut réfléchir comme  un seul homme quand il s’agit de son destin. Surtout quand on touche à sa liberté !

C’est dans cette optique que nous recommandons au gouvernement de ne pas abandonner l’Afrique, et d’y garder une diplomatie vivante. Vijay Makhan aurait d’ailleurs fait un bon diplomate sur le continent noir, qu’il connaît comme sa poche. Mais incroyablement, on a pensé qu’il ne peut travailler que comme conseiller à Maurice !  A moins que le gouvernement ait une carte dans sa besace ? Toujours est-il, comme nous le soulignons toujours, qu’il faut nommer des personnes de calibre dans les pays dont sont originaires nos ancêtres. Il est temps aussi de réactiver les relations entre le Mozambique et notre île. Le dernier ambassadeur en poste là-bas, Jean-François Chaumière, un ancien Travailliste passé au MSM,est rentré discrètement au pays, sans que l’on sache s’il a fait un rapport sur ce qui se passe au Mozambique ?

D’ailleurs, est-ce qu’il ne serait pas éthique, pour les ambassadeurs sortants, de présenter un rapport, comportant un état des lieux, sur ce qu’ils ont fait durant leur mandat ? Afin que l’on sache si l’argent public a bien été dépensé pour eux ? Nous pensons à Mahen Jhugroo, qui était en poste à Washington. Que pensait-il de Biden et de ce que sera l’Amérique sous Trump ? Ne connaissant pas le protocole lié aux postes d’ambassadeurs, il échoit sûrement aux fonctionnaires de nos chancelleries de pondre de tels rapports. Comme s’ils doivent toujours faire le « donkey work », alors que les ambassadeurs récoltent les lauriers et louanges ?

L’Afrique nous regarde. Ne détournons pas notre regard !

Sedley Assonne

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