Il y a un « pattern » dans toutes les interpellations « under warning » et les arrestations qui s’ensuivent par la Financial Crimes Commission :Tous ceux « invités » par les enquêteurs de cet organisme sont bien appareillés académiquement. Les médias ont même parlé de la Sorbonne pour l’ancien ministre des Finances, Renganaden Padayachy.
Et c’est comme si que le plus vous avez fait de « grandes » études, le mieux vous êtes traité. Et d’ailleurs, pour ne prendre l’exemple que de Kareena Neisius, personne n’a parlé de ses qualifications académiques lors de ses allers et venues à la FCC. Et c’est le même schéma qui s’est répété pour Harvesh Seegoolam, Jitendra Bissessur, et tant d’autres. Ils étaient de facto ménagés dans l’opinion publique, parce qu’ils sont issus des « grandes écoles ».
Par contre, il suffit qu’un « ti-malere » soit arrêté, sa vie privée est immédiatement jetée en pâture dans les médias. Et il s’en trouvera des plateformes en ligne pour disséquer tout ce qui peut l’être sur cette personne. L’exemple d’Izna Gulzar vient en tête. Quoi qu’ait pu fait cette femme, elle ne méritait pas ce lynchage médiatique. Les uns la traitaient de « p*tin », les autres disant que « so lagel sal », ou que « li pena ledikasion ».
C’est certain que la dame n’a pas sa langue dans sa poche, et qu’elle sait dire des vertes et des pas mûres. Même contre les policiers qui l’avaient arrêtée. Mais admirez le contraste avec ceux qui défilent à la Financial Crimes Commission, presque attendus sur tapis rouge, tandis que le traitement réservé à Izna et aux “ti-dimoun” dans leur ensemble est parlant. D’ailleurs, Kareena Neisius a eu beaucoup de chance durant son « malaise » à la FCC. Elle a eu droit à ambulance et clinique. Et dans son état « malaisé », elle a pu trouver du temps pour se cacher le visage.
La pauvre Izna n’a pas eu cette chance. Filmée sous tous les angles, la Tiktokeuse a dû subir les foudres de ceux qui la haïssent. Ce racisme académique dure depuis un bon bout de temps maintenant. Ce comportement envers les riches et les pauvres s’est d’ailleurs normalisé, surtout dans une société qui aime mettre ses « idoles » sur un piédestal. Et si tu portes costume et cravate, tu as plus de chance d’être perçu comme un dieu. Et quel que soit le crime à col blanc que tu aurais fait, l’opinion aura toujours une haute idée de toi.
Mais cette même opinion publique se montrera hargneuse, haineuse envers les petites gens. Ne leur trouvant aucune circonstance atténuante pour ce qu’ils aient pu faire. Comme si venir du bas est l’exacte opportunité pour certains de faire encore ramper plus bas que terre ceux qui ont eu le malheur de transgresser les règles de la bienséance.
D’ailleurs, on ne verra pas beaucoup d’éditoriaux sur ce phénomène sociétal. Dans une société à multiples vitesses, rien n’est pardonné aux lents, à ceux qui n’ont pas de Cabinets de consultants, de société offshore ou d’entreprises. On s’excuserait même d’ailleurs de les avoir dérangés dans leurs phonèmes d’exploitation des plus faibles qu’eux. Et, de toute façon, comme le soulignent les clairvoyants, malgré leurs arrestations spectaculaires et leurs va-et-vient en Cour, leurs cas seront rayés. Et puis, la Cour est même prête à écouter leurs plaidoiries à des heures indues, tandis que le petit malheureux ne pourra toujours pas sortir sous caution, la caisse étant fermée pour lui dès 15h30 !
Et ne pensez pas que ce racisme académique se cantonne juste à notre île. Donald Trump est devenu président des Etats-Unis, pour la deuxième fois, parce qu’il avait la couverture de l’immunité pour lui. En France, Pierre Palmade, supposément « humoriste », mais qui ne fait pas du tout rire avec ses frasques sur les routes et avec la drogue, est de nouveau en liberté, avec même un petit bracelet de l’Etat en cadeau. Comme pour tonton Sarkozy.
On le voit, ce schéma est le même pratiquement partout dans le monde. C’est pour cela qu’ils disent à leurs enfants : »Etudies ».Car, ce sont les résultats académiques qui détermineront leur place dans la société. Et puisque ce sont aussi ceux qui étudient qui font, et défont, les lois, on comprend mieux la justice « oublie » de punir les gros et les grands. Pas parce qu’ils ont leurs armures de requins de la finance, mais parce qu’entre eux, ils ne se mangent pas. Ils ne voudront jamais mourir empoisonnés par leurs propres sangs de pourris !
Sedley Assonne
