April 27, 2024
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Opinion

Gouverner pour le plus grand nombre

Nous avons été parmi les premiers à parler de remaniement au sein du gouvernement. Et ces jours-ci, ce sujet revient sur la table. Pravind Jugnauth, s’il s’attèle à cette tâche, redonnerait du sang neuf à son Cabinet, mais boosterait aussi la confiance de ceux qui l’entourent. Mais au-delà de cette redistribution interne des cartes, il doit dorénavant s’assurer que le MSM, et son gouvernement, soient perçus comme gouvernant pour le plus grand nombre. Et non pas seulement pour les circonscriptions 5 à 14.En somme, ce qui est attendu de ce gouvernement, c’est qu’il ratisse large, tant à la campagne qu’à la ville.

A cet effet, il est symptomatique qu’une Sandra Mayotte, habitant en région urbaine, mais élue en région rurale, n’ait jamais été considérée pour être ministre. Alors qu’en portant cette double casquette urbaine et rurale, elle a le potentiel d’affirmer encore plus la présence du MSM, tant dans les villes que dans les villages. Pour simplifier, elle « passe partout », mais aussi incroyable que cela puisse être le MSM n’a jamais pensé à profiter de ce double avantage. Et s’il est vrai que les places sont chères, Sandra a aussi l’avantage d’être du sérail Orange. Mais il est vrai que le MSM ne tient pas vraiment ce critère en ligne de compte. Sinon, ce parti n’aurait pas continuellement fait les yeux doux, jusqu’à les accueillir au sein de son comité central ou au bureau politique, à ceux et celles qui s’éloignent de leurs partis d’origine. Il est donc dit que les MSM « pur-sang » ne voient pas d’un œil ce jeu de « saute-muraille » !

Fort du succès de ses « congrès », le MSM est donc galvanisé. Et comme souligné, si Pravind Jugnauth rappelle le pays aux urnes, il peut bien refaire le coup des 37%,tant l’opposition reste aujourd’hui une proie facile, avec ses divisions internes et ses guerres d’ego. Mais c’est aussi là où le bât blesse. Pravind Jugnauth ne peut plus se permettre de diriger le pays avec un pourcentage de 37%.Bien sûr qu’il peut s’en contenter, électoralement parlant, et tant que le présent système électoral profite au « winner takes it all ».Mais nous insistons que son gouvernement se doit de prendre en compte tous ceux, surtout les villes, qui ont été « punis » par le MSM. Nous pensons aux musulmans et aux Créoles. Des efforts sont faits actuellement pour ramener ces deux communautés vers la rive Orange, mais la méfiance est encore prégnante des deux côtés. Mais les récents bains de foule, tant pour l’Eid que pour le pélérinage du Père Laval, démontrent que Pravind Jugnauth sait ce qu’il a à faire pour faire revenir les éléments de ces communautés dans le giron MSM.

Maintenant, qui nommer comme nouveaux ministres ? En privilégiant la jeunesse comme candidats lors des dernières élections, le Premier ministre et leader du MSM s’assurait de la bonne santé de ses ministres, PPS et députés. Mais force est de reconnaître que tous n’ont pas « deliver the goods ».Et jouent juste sur leur « body language », alors que le langage et les actions sont tout aussi importants. En 2022,qui peut se permettre de dire « cacaphonie », alors que tout est scrutinized sur les réseaux sociaux ? Si la rumeur laisse entendre qu’Ivan Collendavelloo reviendrait au conseil des ministres, fort du renouvellement de son allégeance au gouvernement lors du « congrès » de Rose-Hill, quid des autres ? Alan Ganoo pousserait pour Tania Diolle comme ministre, mais le MSM a déjà largement récompensé Ganoo, Ramano et Obegadoo. Il serait donc temps de penser au sérail Orange. Dorine Chukowry, PPS, et Sandra Mayotte, tiennent la corde. La seconde pour les raisons expliquées plus haut, et la première, depuis son saut du MMM, ayant prouvé qu’elle est bien ancrée maintenant au MSM. S’il y a deux femmes, il doit aussi y avoir deux hommes. A cet effet, les deux musulmans du Mouvement Liberater ne seraient pas oubliés, toujours dans l’optique de donner du vent dans les voiles de ce petit parti. Mais aussi de penser à l’équation ethnique.

Vrai ou faux, supputations d’éditorialiste ou bruits de couloir ?En tout cas, Pravind Jugnauth ne peut continuer à diriger le pays avec 37% et « contre » les autres. La rue gronde, même si elle ne montre pas encore sa colère. Et coffre-fort ou pas, le Parti Travailliste a une certaine assise dans la campagne. Le gouvernement ne peut donc se permettre de voir son pourcentage de 37% s’effriter au profit du Ptr, et d’une possible alliance des partis d’opposition parlementaire et extra-parlementaire. S’il organisait les élections maintenant, il peut gagner. Mais pour ce faire, il faudrait un minimum de six mois pour que la Commission Electorale mette la machine en branle. Et dans ce laps de temps, tout peut arriver. C’est pour cela qu’un remaniement peut faire redémarrer la machinerie gouvernementale. Pour peu que celui qui est chargé de faire cet exercice fasse les bons choix. Et dans l’intérêt du plus grand nombre !

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