May 10, 2024
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Opinion

Uju Anya

Uju Anya. Il n’y a pas de visage sur ce nom, mais c’est celui d’une universitaire d’origine Africaine de l’université Carnegie Mellon qui, apprenant le décès de la Reine Elizabeth, a souhaité qu’elle meure dans « d’atroces souffrances ».

Cruel, n’est-ce pas ? Mais, quand Nelson Mandela, pour ne citer qu’un exemple, était mort, il n’y avait que louanges pour lui. Le deal, pour les puissants de ce monde, n’est-il pas de faire le bien autour d’eux, pour éviter d’être écharpés de leur vivant, mais aussi vilipendés après leur mort ?

Pourquoi un roi, une reine, un président ou un Premier ministre ne peuvent pas diriger un pays en éradiquant la misère, faire cesser la guerre et partager les richesses de leur pays équitablement ? Pourquoi fallait-il que la Grande Bretagne vole leurs terres aux Palestiniens, pour faire de la place aux Juifs d’Europe ? Si ce pays aimait tant les Juifs, pourquoi ne pas les avoir casé quelque part entre l’Ecosse, le pays de Galles et les deux Irlande ?

Et pourquoi les Etats-Unis ont lâché deux bombes atomiques sur le Japon ? Et pourquoi les Belges ont exterminé 20 millions de Congolais, Hitler 6 millions de Juifs, les Chagossiens déportés de leurs îles, et ainsi de suite ? Pourquoi la Terre ne peut pas être un long fleuve tranquille, où ses habitants vivraient en toute quiétude, sans frontières, et sans haine ?

Si tout cela avait été fait, pensez-vous qu’un Uju Anya aurait formulé ce vœu atypique ? A sa mort, Sir Anerood Jugnauth a lui aussi reçu son concert de louanges, mais il s’est trouvé des Mauriciens pour faire éclater des pétards. Nous avons condamné cela. Mais, tout cela mérite interrogation. S’il n’y avait que justice pour tous, c’est certain que l’on aurait pleuré en toute sincérité pour ceux qui quittent ce bas monde. Mais comment demander aux gens d’être tristes, surtout si leurs vies ont été impactés par un tyran, un dictateur, un mégalomane ? Oscar Wilde a parlé de l’importance d’être constant. Lui qui a vécu en un temps cerné d’interdit, et qui lui a valu de connaître l’enfer de la geôle et l’humiliation de la misère. Aujourd’hui, on sait que Wilde ne méritait pas un tel sort. Mais l’interdit dont il fut victime se trouvait dans les livres sacrés.

La religion et la politique ont, en fait, transformé l’être humain. Pour l’une, on a eu des « haschichins », des assassins, des terroristes, prêts à tuer leur prochain pour avoir accès au ciel. Et pour l’autre, seuls les qualificatifs ont changé. Mais pour obtenir les faveurs d’un leader, un président, d’un Premier ministre, d’une Reine ou d’un Roi, on était tout aussi prêt à larguer des bombes sur un pays et à trouver des « armes de destruction massive » chez son voisin. Faudrait-il, à la mort des représentants de ces deux extrêmes verser des larmes de crocodile, et faire comme s’ils n’avaient rien fait de mal ?

Le monde a connu l’Inquisition, les deux guerres mondiales, la bombe atomique, le racisme, le trafic de drogue, le communalisme, la famine, la pauvreté, les maladies, et bien d’autres méchancetés encore. Si tout l’effort entrepris pour éreinter la Terre avait été mis au service du bien-être de l’humanité, peut-être que Uju Anya n’aurait pas proféré ces paroles à l’encontre de la Reine Elizabeth ?

Pour tout vous dire, je ne sais pas. Et même si je le condamnais pour ce qu’il a dit, je suis sûr que les grands de ce monde continueront de se faire insulter, tant qu’ils n’auront pas compris qu’ils sont là pour faire la justice pour tous. Pas pour s’enrichir aux dépens des autres. Aux Etats-Unis, il y a vingt bébés qui s’appellent Thanos. Pourtant, à parcourir la Terre, on trouvera difficile un Judas ou un Hitler. Mais on sait maintenant qu’il y a au moins une Uju Anya !

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