April 20, 2024
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Grève de la faim : Quelques vérités bonnes à dire

Nishal Joyram sera-t-il le Bobby Sands mauricien, ce nord-irlandais, membre de l’IRA (Irish Republican Army) qui entama une grève de la faim dans la prison de Maze, où il était incarcéré, jusqu’à en mourir au bout de 66 jours de jeune, en mai 1981 ? Sans doute ne faut-il pas souhaiter qu’on en arrive là mais force est de constater que la détermination de cet enseignant de 44 ans à s’engager pour une cause qu’il considère juste suscite non seulement l’admiration mais aussi le soutien de nombreux Mauriciens toute classe sociale et toutes communautés confondues. Jamais de mémoire de journaliste une grève de la faim n’a duré aussi longtemps à Maurice quelle que soit la justesse de la cause pour laquelle elle avait été entreprise.

Ce qui pouvait être perçu au départ comme un moyen de pression pour faire céder le gouvernement sur une demande de baisse de prix des carburants est devenu, au fil des jours, un acte sacrificiel qui interpelle, non seulement par le courage et l’esprit d’abnégation du gréviste de la faim, mais aussi par la finalité et les conséquences de son geste. Des conséquences qui font craindre le pire, même si son état de santé est suivi de près par un médecin de carrière. Nishal Joyram ne suscite pas seulement de l’admiration mais aussi du respect au point où des organisations neutres, comme le Conseil des religions, ont commencé à s’en émouvoir et à lui témoigner leur sympathie. La présence du cardinal Maurice Piat aux côtés de Nishal Joyram pour lui témoigner son soutien en dit long sur la tournure que prend l’action du gréviste de la faim.

Des propos qui choquent

Les autorités se sont jusqu’ici montrées insensibles à l’action et à la demande de Nishal Joyram. La réaction du Premier ministre et du directeur-général de la State Trading Corporation irrite tous les biens pensants de ce pays. L’attitude condescendante du gouvernement n’arrange certainement pas les choses. L’élan de solidarité que suscite cette grève dépasse le cadre de la politique partisane et devrait amener le gouvernement à comprendre qu’il ne sert à rien de raidir la ligne. Les propos blessants du Premier ministre à l’encontre de Nishal Joyram et de ceux qui le soutiennent, a de quoi choquer.

Parler de «cinéma, de gréviste de la faim qui figurera au Guinness Book of records et de gréviste manipulé par l’opposition» alors que le comité de soutien tente par tous les moyens de trouver une sortie honorable pour tous, ne peut aucunement aider à mettre un terme à une situation qui deviendra plus difficile à gérer si la grève de la faim se poursuit. Rester insensible et ne pas répondre aux propositions de dialogue du comité de soutien ne peut en aucune façon aider le Premier ministre dont l’image sortira davantage terni par son manque d’humanisme. Il est des choses dont une population se souvient à l’approche des élections.

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