April 20, 2024
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Opinion

Je suis Paki !

L’Inde et le Pakistan étaient un seul et même pays. Jusqu’à ce que le colonisateur Britannique ne décide de les séparer. Mohandas Karamchand Gandhi fut assassiné à cause de cette partition. Et Mohammad Ali Jinnah fut, lui, haï, pour avoir pactisé avec l’ennemi. Toujours est-il que les deux pays, devenus indépendants, se sont faits des amis de par le monde. Dont notre île. Et l’on aura remarqué que si l’indépendance de l’Inde a été célébrée avec faste ici, nous n’avons pas eu l’impression que le voisin Pakistanais ait été célébré de la même manière.

L’on arguera que la géopolitique le veut ainsi. Si on est proche de l’Inde, on doit ignorer son voisin. Et faire pareil aussi avec la Chine. Cependant, l’occasion était belle pour le gouvernement mauricien de montrer sa solidarité avec le Pakistan, eu égard au coup de massue climatique qui s’est abattu sur ce pays. Un tiers du territoire Pakistanais est ainsi noyé, et 30 millions de ses habitants sont touchés. Et il y a 1000 morts. Si nous ne voulons pas trop nous « rapprocher » de ce pays, il y avait quand même un prétexte qui aurait pu être utilisé. A savoir le changement climatique.

Car, les experts sont unanimes à reconnaître que ces pluies de mousson sont les pires enregistrées au Pakistan. Et que ce serait le changement climatique qui en serait la cause. Et ils ajoutent qu’aucun pays ne sera épargné. Nous avons eu notre lot de peine quand onze personnes périrent, suite aux pluies torrentielles qui s’abattirent sur la capitale. Nous ne sommes pas certains que les autorités compétentes, et le secteur privé, ont pris la mesure du sinistre. Car, après les pelletées de boue retirées du souterrain du Caudan, les détritus s’accumulent toujours au Ruisseau du Pouce. Et la mairie de Port-Louis n’a pas encore démoli les plaques de béton qui recouvraient ce pont, œuvre des Français, et qui permettaient à l’eau de pluie d’aller directement à la mer.

Pour l’heure, le bilan Pakistanais est de 3 millions de personnes affectées, dont 184,000 déplacés dans des camps de réfugiés dans le pays. S’il faut urgemment aider ce pays, comme il faut aussi aider les Malgaches, dont le sud du pays souffre encore de la famine, l’Etat mauricien doit montrer que la géopolitique n’a pas sa place dans de telles situations. S’il faut plaire à l’Inde, qui, il est vrai, nous aide beaucoup, on ne doit cependant pas oublier que le Pakistan a aussi beaucoup aidé notre île. Notamment pour la propagation de l’ourdou. Beaucoup d’étudiants Mauriciens partent également dans ce pays.

Pour dire que le Pakistan ne doit pas être ignoré. Surtout quand il se trouve à genoux, mis à terre par la colère de la nature. La communauté internationale a été appelée à la rescousse, mais nous aurions dû promptement proposer une aide financière. Tout comme les politiciens, tous partis confondus, auraient dû montrer leur solidarité au peuple Pakistanais. Mais il est vrai que les « dinosaures » ont d’autres préoccupations !

D’ailleurs, pour donner une idée de l’ampleur du désastre qui a frappé le Pakistan, plus de 150 kilomètres de routes ont été détruits durant les dernières 24 heures, et plus de 82,000 maisons ont été soit partiellement ou totalement détruites. La mousson a débuté en Juin dernier, endommageant plus de 3000 kilomètres de routes,130 ponts et 495000 maisons endommagées. C’est surtout le sud du pays qui a été ravagé, dont la province du Sindh. Chez nous, la pluie était tombée pendant toute une semaine, causant onze morts. Au Pakistan, cela fait donc trois mois que le ciel déverse ses larmes sur les humains.

Cela peut aussi nous arriver. Et devrait effectivement arriver un jour, car nous figurons sur un territoire à risque. Avec les Maldives se noyant en premier quand la catastrophe surviendra. Alors, ne restons pas indifférent. Non seulement au sort des Pakistanais, ou des Malgaches. Mais aussi à la menace représentée par le changement climatique. D’ailleurs, lors des congrès organisés par les partis politiques, on n’a pas entendu leurs orateurs disserter sur ce sujet. Et dans leur velléité de « rupture », on n’a pas entendu les Travaillistes non plus prendre la mesure de cette menace. Ne pas oublier que même un coffre bourré de billets peut être emporté par les eaux !

Pour toutes ces raisons, les Mauriciens doivent faire abstraction de leurs « penchants » communautaires et religieuses. Et juste montrer leur solidarité à ceux qui souffrent. Nous l’avons fait en maintes occasions. Avec ce qui se passe chez le voisin Indien, n’ayons donc pas honte de dire « Je suis Paki ! ».

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