L’inquiétude gagne l’opinion publique, la solidarité de tout un peuple s’exprime de toutes ses forces, le PM Pravind Jugnauth transcende admirablement le clivage politique, voilà en quelques lignes l’état d’esprit et l’élan d’ensemble dans le pays à l’égard de l’ancien PM Navin Ramgoolam. Son état de santé précaire [dont nous éviterons d’en nommer les causes, en respect de l’exclusivité réservée aux experts médicaux] rappelle tout un peuple de revenir aux anciennes bonnes valeurs de soutien et de solidarité qui ont longtemps caractérisé les Mauriciens.
La nouvelle a suscité l’émotion tant dans son parti que chez ses adversaires politiques et aussi dans la population.
Nous savons que Navin est un homme extrêmement combatif qui n’abandonne aucune bataille. Aujourd’hui, dans ce combat face à ses troubles de santé, il démontre une force incroyable. De plus, il se plie à un devoir de trans- parence nécessaire pour un politique de sa trempe et le pays en profite pour faire une pédagogie sur la Covid-19 et ses dangers. Mazavaroo et en première ligne sa direction se joint à cette expression de vœux pour son rétablissement. Notre sincère considération pour sa santé relève autant d’une hauteur déontologique qu’un humanisme naturel.
Qu’on ne s’y méprenne pas : notre journal depuis sa parution en septembre 2019 a été l’un des opposants à la politique de NCR, mais il a été Premier ministre durant trois mandats et à ce titre, nous pouvons le combattre politiquement mais nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir à son égard le moindre geste inhumain, le moindre ressentiment quand un drame le touche. Dans le même souffle, nous condamnons sans réserve ces quelques commentaires désobligeants, indécents, lâches sur les réseaux sociaux. Ce comportement est inadmis- sible et profondément condam- nable dans une démocratie. Soignons-les par le plus grand mépris.
Quoiqu’on en fasse, dans l’imagerie populaire, un homme politique fait l’objet de rumeurs et de ragots. Mais, on ne place pas la carrière d’un haut dirigeant du pays sous la loupe déformante d’un passage éphémère de 15 ans au PMO. On ne réduit pas toute son action politique à trois mandats de 15 ans dont l’unité est les années et non pas la contri- bution exaltante au dévelop- pement du pays, au progrès et à la sécurité de la population. Le nom de Navin tout comme son illustre père et SAJ, a été envoyé à la postérité.
Le sort médical d’un homme qui a servi le pays au plus niveau est d’une extrême gravité. Tout comme celui de chaque Mauricien. Ça appelle une prise de conscience de chacun de la façon dont on a de se comporter dignement. Être solidaire de Navin, c’est honorer la République. Digne et exemplaire.
Aucun désaccord politique ne justifiera jamais l’indiffé- rence, l’insouciance. Le respect des institutions de la République et de ses représentants est un principe cardinal de notre vie démocratique et à ce titre nous saluons la prise de position de P. Jugnauth qui n’a pas calculé pour déclencher un impres- sionnant mécanisme de support financier et logistique. C’est en effet le dépassement de soi, de nos convictions politiques et de nos contradictions, qui a permis cette mobilisation tous azimuts autour de N. Ramgoolam.
Tout cela nous amène à une réflexion profonde d’un point de vue général : si l’on peut se désoler à juste titre des heurts sacrificiels enregistrés, et souvent inhérents aux mutations et adversités politiques majeures, on aurait tort de ne pas se réjouir du bond significatif réalisé après coup, par notre modèle démocratique. Nous y sommes parvenus, dans une large mesure, grâce à l’excep- tionnelle qualité des hommes et des femmes qui animent nos Institutions et l’unité nationale. Nous pouvons nous en réjouir. Il ne fait désormais l’ombre d’aucun doute, que le débat a gagné en hauteur et en profondeur dans notre pays.
Nous pouvons observer en effet, au plan de l’animation de la vie politique, qu’il est désormais de moins en moins question de prébende reven- diquée au nom d’un terroir quelconque, que de choix stratégiques engageant l’intérêt national.
De fait, si l’on ose la prospection, l’on entre- verrait déjà les prémices de l’extinction de l’opportunisme politique malsaine, au profit d’une nouvelle dynamique plus noble, susceptible de faire de nos hommes politiques, les véritables hommes d’État dont notre pays a besoin.
Il se trouve qu’au travers des réactions de grandeur d’âme largement majoritaires relatives à la santé de NCR, se manifeste une forme honorable insoup- çonnée de la posture politique et populaire. Cette sagesse et ce détachement augurent le plus grand bien pour l’avenir du pays. Vraiment, les vertus véhiculées par notre Hymne national, inspirent chacun de nous. Nous ne pouvons que nous en réjouir.
Et c’est principalement la responsabilité de tous d’incarner cette avant-garde qui sanctifie le service à la Patrie. Le temps où la jeunesse et l’inexpérience de notre État et de ses institu- tions pouvaient être invoquées comme excuse à nos contre-performances individuelles et collectives et à notre manque d’éthique est maintenant révolu. La culture du résultat doit se renforcer.
Si par calculs personnels ou par manque de volonté, nous renonçons à faire pour notre pays les choix indispensables à son progrès, qui peuvent être difficiles sur le moment, mais pertinents et bénéfiques à terme, le jugement de la postérité n’admettra aucune circonstance atténuante en notre faveur. Telle est notre conviction à Mazavaroo.