En attendant que les WAPs soient délivrés, les entreprises mauriciennes ont encouragé leurs employés à faire du télétravail. Si cette formule a vite été jetée aux oubliettes l’année dernière après la levée du premier confinement, cela ne semble plus être le cas cette année. Parole aux entreprises qui se sont mises au télétravail.
Pendant le premier confinement de 2020, les entreprises étaient peu enclines à avoir recours au télétravail. Aujourd’hui, la donne a changé. Depuis l’annonce du second confinement, beaucoup d’employeurs ont, en effet, incité leurs employés, et notamment ceux en attente du Work Access Permit (WAP), à adopter le concept «Work from Home». L’objectif est double : conserver la rentabilité du business mais aussi les emplois.
Un avis que partage Georgina Ragaven, directrice de Star Connexions et Chairperson de WE Empowerment. «La formule ‘Work from Home’ permet de sauvegarder de nombreux emplois et contribue à la survie de certaines entreprises.» Si elle abonde dans le même sens, Sadna Goolaup, directrice d’Account Outsourcing Ltd, fait toutefois comprendre que c’est «loin d’être suffisant pour booster l’économie».
Toujours est-il que le télétravail compte bon nombre d’avantages. « C’est un gain de temps pour l’employé du fait qu’il n’a pas besoin de se déplacer et de faire face au stress du trafic», observe Sadna Goolaup. Georgina Ragaven de renchérir que ce concept permet à l’employé de développer de nouvelles compétences, comme organiser des réunions via zoom et d’autres plateformes en ligne. L’employeur est aussi gagnant, poursuit Sadna Goolaup, car il n’a pas besoin de payer de loyer et d’autres charges.
Bien définir les modalités
Mais il y a toujours un revers à la médaille. Sadna Goolaup et Georgina Ragaven mettent notamment en garde contre certains abus, dont ceux perpétués par des employeurs. C’est la raison pour laquelle Adilla Diouman-Mosafeer, directrice de Talent Lab — l’une des entreprises ayant adopté le «Work from Home» depuis l’année dernière — soutient qu’il est impératif d’établir les modalités dès le départ, à l’instar des heures précises d’opération, une flexibilité pour aussi accommoder les tâches et relations sociales, et, surtout, savoir fixer des objectifs journaliers en termes de performance et de rendement. «Le tout repose sur le concept d’auto-responsabilité de chaque collaborateur», précise-t-elle.
Georgina Ragaven acquiesce et explique qu’en respectant les engagements, les employés pourront tous être plus productifs. Certains employeurs seraient tentés de penser que leur personnel sera disponible 24/7, d’où le fait, poursuit la directrice de Star Connexions, qu’il faut une planification des horaires de travail.
Du reste, le télétravail doit être basé sur la confiance entre l’employeur et son employé, souligne Sadna Goolaup. Il faut donc une communication entre les deux parties. Elle ajoute aussi qu’il est important de créer un environnement positif et motivant chez soi pour que le travail soit effectué dans les meilleures conditions. Elle avance que Maurice peut prendre exemple sur la France pour le télétravail. En effet, les firmes françaises se sont dotées des ressources et des principes nécessaires.
Il n’empêche que le télétravail n’est pas applicable à tous les secteurs. Selon la directrice d’AOL Outsourcing Ltd, le «Work from Home» est plus applicable aux entreprises évoluant dans le secteur des TIC, notamment le BPO. Georgina Ragaven est sur la même longueur d’onde. Elle avance, dans la foulée, que ce ne sont pas tous les aspects de son travail qui sont adaptés aux services en ligne.
Dans les mœurs ou pas ?
Reste à savoir si avec ce second confinement, le télétravail fera dorénavant partie de la culture d’entreprise à Maurice. Pour Georgina Ragaven, il ne fait pas de doute que les entreprises à Maurice devront revoir, voire repenser leurs structures de travail afin de permettre au télétravail de bien s’établir. «Il faudra examiner les résultats des employés et avoir la certitude que le travail est effectué correctement.»
De son côté, Adilla-Diouman Mosafeer fait ressortir que le «work from home» est certes intéressant pour certains postes mais il nous faudra du temps pour l’adopter hors d’un contexte de crise. Tout comme Georgina Ragaven, elle estime que c’est toute la culture d’entreprise qui nécessite un renouveau. «Nous sommes bien loin des cultures d’entreprises américaines ou françaises, sans doute car nous sommes majoritairement issus du cursus britannique / anglo-saxonne… hyper formalisé, formaté et très académique. Le costume et la cravate prennent le dessus sur la performance et l’intelligence professionnelle bien souvent.» Pour elle, il est temps de revoir tout cela.