May 14, 2024
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Opinion

Le fascisme banalisé

L’Europe s’était « émue » de l’arrivée de l’extrême-droite en Italie, et l’éditorialiste d’un quotidien local s’était même permis de parler du nouveau visage qui représentera l’Italie sur la scène internationale. Cependant, s’il faut effectivement dénoncer la montée du fascisme, il faut aussi dénoncer ceux qui banalisent cette hydre raciste. Et qui ferment les yeux sur ce qui s’est récemment passé en Israël.

Benjamin Netanhyahou est retourné au pouvoir grâce au coup de main d’un parti d’extrême-droite religieux. Et des Etats-Unis à l’Europe, on n’a entendu personne mettre en garde contre cette faction sioniste. Comme si ce fascisme-là était « tolérable »,du moment que ses représentants étaient dans le même camp. L’Occident avait ainsi fermé les yeux sur l’arrivée de Jair Bolsonaro au pouvoir, au Brésil, et on connaît les dérives qui découlèrent de son mandat.

Bien entendu, pour les Palestiniens, rien ne changera. L’Armée Israélienne continuera de tuer des enfants et des femmes, et traitera les hommes comme des terroristes. Sans que quiconque en Israël n’ait à rendre des comptes. Et il ne faudrait pas oser critiquer cette façon de faire, qui dure depuis 1948.Car, Israël brandira son argument favori : l’antisémitisme. Et c’est ainsi que malgré les rapports accablants d’organismes de défense des droits humains, dont Amnesty International, et même des représentants des Nations Unies, Israël continue impunément de « get away with murder ».

C’est comme cela que le fascisme est banalisé. Et dire que notre gouvernement aura à négocier le dossier Chagos avec la Grande Bretagne, le pays qui est à la source de tous les problèmes des Palestiniens. Et son autre allié, les Etats-Unis, continueront eux aussi de soutenir Israël, malgré ses années de dérive humanitaire et son arsenal nucléaire. Ces pays ont, pendant longtemps, fait le lit du racisme et du fascisme, et il n’est donc que normal qu’ils ne voient rien de mal à l’arrivée d’un parti fondamentaliste religieux à la tête d’Israël. Pourvu que Netanhyahou reste toujours leur rempart contre les pays Arabes.

Enfin, pas tous, car l’Arabie Saoudite, lui aussi pointé du doigt sur les droits humains, est toujours admis dans le club des pays « démocratiques ».Alors, Reporters Sans Frontières continuera de publier sa liste des pays où les journalistes risquent d’être assassinés, mais les meurtres de Jamal Khashoggi et Shireen Abu Akleh restent, à ce jour, impunis !

Et c’est dans ce contexte banalisé que l’on apprend que les vies des journalistes Al Khiz et Nawaz Noorbux seraient menacés. Vrai ou faux ? Difficile de vérifier une telle information. Et l’avocat Rama Valayden pourrait aussi être accusé de sensationnalisme. Mais la liberté de la presse est fondamentale. Nous ne sommes pas sur la même ligne éditoriale que ces deux journalistes, mais ils ont le droit de faire leur travail. Dans les paramètres légaux s’entend. Et de toute façon, comme souvent souligné, quiconque se sentirait diffamé par un article de presse peut toujours avoir recours au judiciaire. Introduire la menace physique contre un journaliste basculerait notre pays dans le camp du fascisme.

De ce fait, il est important que le Commissaire de police prenne les dispositions nécessaires, pour la protection de ces deux journalistes. Et fasse en sorte que la presse puisse opérer en toute sérénité. Personne n’est parfait. Il est arrivé que tel journaliste soit allé trop loin, mais en écrit seulement. Et si ses erreurs ont pu faire du tort à ceux concernés, ces derniers pouvaient toujours chercher réparation en faisant appel à la police et à la justice. Mais, apprendre que deux journalistes feraient l’objet de menaces de mort n’est pas une bonne nouvelle. Ni pour la presse, et encore moins pour le pays !

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