Les défaites écrasantes du PTr et du MMM lors des deux dernières législatives en 2014 et 2019 ont poussé Navin Chandra Ramgoolam (NCR) et Paul Raymond Bérenger (PRB) à s’engager dans une importante opération psychologique au niveau de leur parti respectifs. Ainsi, ils ont apporté aux cadres de leur parti respectif un ‘moral boost-up’, susceptible de relancer l’opposition même sans NCR au Parlement. Ceci afin de permettre un rassemblement de tous les responsables nationaux et régionaux de leur parti respectif, créant l’illusion que le PTr et le MMM sont des partis structurés, où les deux leaders respectifs sont entourés et soutenus par les membres de leur parti respectif.
Contrairement aux deux partis susmentionnés, malgré les difficultés que connaissent le pays en ce moment, le MSM est parvenu à placer Pravind kumar Jugnauth (PKJ) à un peu plus d’un an des municipales dans la position qui lui sied le mieux : acculer les adversaires à la défensive.
Parallèlement, cet état de situation a laissé une large fraction de l’électorat du PTr amère, en proie à de sombres états d’âmes et s’interrogeant rétrospectivement sur la responsabilité des uns et des autres dans tous les événements qui ont conduit les rouges où ils sont aujourd’hui : « dans caro canne ». L’hommage rendu à feu Sir Satcam Boolell (SSB) qui a marqué et conduit le PTr aux côtés de SSR va bien au-delà du témoignage d’un attachement profond, teinté d’admiration qui semble devoir installer définitivement SSB dans le panthéon des « chefs historiques » des rouges auxquels leur électorat pardonne à peu près tout, quelles qu’en soient les conséquences.
Dans l’autre camp, Pravind Jugnauth demeure le pilier du MSM même s’il est aujourd’hui encadré par une équipe peu homogène, et malgré l’acharnement que mettent ses adversaires nommément l’opposition parlementaire PTR/MMM/ PMSD, TOP FM, LEXPRESS ET WEEK-END, sans parler de l’utilisation des réseaux sociaux par des bandes d’écervelées, à le démolir vis-à-vis du peuple. Mais malgré tout malgré leurs efforts, les ennemis du MSM n’arrivent pas à leur fin, pire cela a exactement l’effet contraire escompté : incitant le peuple à faire davantage bloc autour de PKJ pour sortir le pays des difficultés qu’il connaît en ce moment.
La manifestation de samedi dernier à Mahébourg a réinstallé le MSM comme une force de propo- sition, en l’obligeant à abandonner le terrain de la critique systématique pour se défendre des attaques de ses ennemis, et à réveiller ses facultés endormies d’analyse et de réflexion. Si l’opposition fait de la récupération politique en surfant sur la vague Bruneau Laurette sans proposer des changements de fond pour améliorer la vie des Mauriciens, le MSM sous le leadership fort de Pravind Jugnauth propose des mesures concrètes pour soulager dans un premiers ceux touchés par la catastrophe écologique du Wakashio et de la Covid-19 mais surtout mettre en place une politique qui favorisera la relance économique tout en veillant à la sécurité sanitaire du pays … ce qui n’est pas une mince affaire.
De plus l’émergence de courants à première vue socialiste mais bel et bien antagoniste, la préparation et la réflexion qui suivront pousseront sans doute le MSM dans le sens d’une quête d’originalité et d’identité qui ne pourra que clarifier le débat à venir, à mesure que l’alliance de l’opposition elle, glisse vers des positions contraires, celles de la démagogie et des palabres.
Mais ce qui aura rehaussé la crédibilité de Pravind et qui constituera le temp fort de sa réaction demeure l’autocritique consentie et sans laquelle, au vrai, tout le reste aurait eu peu de sens et serait apparu comme simple exercice d’autocongra- tulation. Pravind Jugnauth l’a fait avec franchise, sans complaisance et elle n’en eut que plus d’impact.
Mais, si PKJ évolue en surmultiplié, pour faire face aux coups du sort et aux salves de l’opposition, le MSM ne soigne plus la qualité de ses adhésions. On y entre comme au moulin. N’importe quel petit oppor- tuniste ambitieux, assoiffé de pouvoir et à qui il suffirait de faire un peu de bruit et de montrer ses muscles y est accueilli à bras ouvert, choyé et se voit aussitôt offrir un poste important, souvent au détriment d’activistes dévoués et loyaux, mais jugés moins portés sur les choses intellectuelles ou sans attaches socio-culturelles. Ces « Roder bout » sont de sortie, rodant dans les parages des partis de l’opposition, et à voir l’empressement avec le lequel ces partis se disent toujours prêts à accueillir en leur sein tous les « brebis égarés » on peut parier qu’on n’a pas fini d’en voir.
La goutte d’huile frelatée qui a fait déborder le vase pollué, souillé est constitué par la récente nomination de Atish Boyjonath à la tête du Mutual Aid (au même poste que Navin Ramgoolam l’avait parachuté). Monsieur a réussi à tromper le PM qui a cru que le mouvement local du BJP de Modi (dont Atish est le fer de lance, ce même Atish qui a vilipendé PKJ aux côtés de Navin lors des élections 2019) est capable de réunir une grande faction de la communauté hindoue.
Erreur grossière et on n’a pas tiré la leçon de l’effet boomerang de la nomination de Somduth Dulthamun lequel a été laminé lors des élections de la Mauritius Sanatan Dharma Temples Federation. Ces Atish B., Somduth D. ou autres Vinod B. sont des caméléons qui changent de couleur chaque jour que Dieu donne et sont des scorpions qui piquent aveuglément. Et, essentiellement, ce sont des personnages indignes et en disgrâce au sein de leur propre affiliation socio-ethnique.
En plus, qu’ils sont les pourfendeurs de l’unité nationale, celle-ci étant la seule force qui puisse fédérer notre pays en ces moments difficiles. Voilà le mal qui ronge le réseau du Premier ministre, de mauvais conseils qui mènent à la rédemption de ces fainéants.
Pravind Jugnauth, touche là à deux séries de situation qui trouvent leur origine dans une même disposition d’esprit de la direction du parti : un souci de trop composer sur l’essentiel pour des gains tactiques aléatoires, la recherche constante de la quantité au détriment de la qualité : qualité des hommes, qualité et force des mouvements socioculturels.
Le fait brutal est, en effet, que la direction du MSM et les conseillers avec, jouant à fond la tactique et apparemment confuse quant à la stratégie et à la finalité s’est souvent trompée grossièrement dans ses jugements des hommes et des situations depuis nombre d’années. Sacrifiant parfois sur l’autel de l’opportunisme, des principes qui firent son originalité, allant de compromis en compromissions, notamment sur le fait communal, jusqu’à pratiquer de choquants dosages de quotas et sous-quotas, en ne réalisant même pas qu’à ce jeu-là, les adversaires traditionnels du MSM l’emporteront toujours sur les oranges, expert en la matière. Il ne faut pas que le MSM se batte sur le même terrain communal malsain de ses adversaires mais plutôt sur celui de la méritocratie tout en respectant les sensibilités de chaque groupe ethnique.
Entre-temps dans l’autre camp, l’alliance PTr-MMM-PMSD les masques commencent à tomber, car chasser le naturel il revient au galop. Hormis les couacs et l’incapacité flagrante de cette alliance contre-nature à travailler pour le bien du pays, le melon qu’a pris le trio NCR-PRB-XLD frustre déjà les partisans. Cette soif de pouvoir cristallisée par ce besoin d’être au-devant de la scène politique est évidente. Cependant, le MSM ne tire pas profit de cette alliance hétéroclite. Car, le fait central, duquel découleront bien d’autres situations, est que la direction du MSM semble ignorer que le retour dans l’opposition après 10 ans de lutte au gouvernement, consacrera l’échec d’une certaine stratégie pour une conquête du pouvoir mal assuré à long terme. Il y a dix ans ou plus, un profond débat animait le MSM sur les conditions de la prise du pouvoir et de l’exercice du pouvoir. Personne ne voit venir une chute brutale et les résultats catastrophiques définitifs qui en découleront. Il est temps de sortir de sa tour d’ivoire.
Rétrospectivement ceux qui maintenaient alors, qu’acquérir le pouvoir pour le pouvoir sans travailler à la qualité de la victoire ne valait pas la peine auront eu tort, en fin de compte. Et le MSM doit revoir sa copie et changer de fusil d’épaule à ce sujet. À trop penser tactique, à trop vouloir se servir des gens, à trop courir derrière un pouvoir, qui ne vaut finalement que par la volonté politique et la sincérité qu’on met à l’exercer, à trop composer avec les acquis et à trop s’exciter devant le premier venu, le MSM va finir par tout perdre, le pouvoir lui-même.
Peut-être, y a-t-il des défaites salutaires et fait peut-être partie de l’autocritique des partisans, mais la question reste que : est-ce que le MSM y puisera-t-il l’élan d’une remise en question qui le ramènera à l’essentiel: savoir rester lui-même face à la perspective du pouvoir. Qu’à cela ne tienne le MSM doit « stick to basics » en politique et éviter tout calcul communal, laissant cela aux expert en la matière, mais plutôt écouter le peuple mauricien, le soutenir dans les difficultés qu’il traverse. Nombre de mesures prises par le gouvernement est fort louable et il faudra dorénavant éviter tout faux pas dans des situations rappelons le exceptionnelles : Covid-19 et naufrage du Wakashio.
Pima-Rouz