March 28, 2024
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Opinion

L’équation divine…

L’homme propose et Dieu dispose, dicton connu de tous. Dans le cas de Navin Ramgoolam, s’il s’est proposé comme Premier ministre pour un mandat de cinq ans, en vue des prochaines élections générales, le Directeur des Poursuites Publiques vient de lui montrer qui dispose de son futur. En pensant donc se mettre tranquillement en campagne, après avoir mis l’état-major du Parti Travailliste dans sa poche, le leader du Ptr devra donc composer avec un nouveau procès concernant les Rs 200 millions qui se trouvaient dans son coffre, à River Walk.

À coup sûr, Paul Bérenger et Xavier Duval ne s’attendaient pas à ce revirement judiciaire. Et même s’ils ont déjà accédé au vœu de Ramgoolam d’être la « locomotive » d’une future alliance, les deux se rendront maintenant compte qu’il leur sera difficile d’aller expliquer en quoi ce nouveau procès ne sera pas un os pour Ramgoolam et l’alliance. La victoire du DPP donne cependant de l’eau au moulin de Nando Bodha, leader du Rassemblement Mauricien, et de Roshi Bhadain, qui est resté « adamant » sur le fait que Ramgoolam doit être « phased out ».

Souvent insulté sur Facebook, Navin Ramgoolam persiste pourtant et signe :Pas question pour lui d’aller au Réduit. Il veut être encore Premier ministre, et pour cinq ans. Et c’est là où il ne mesure pas le mal qu’il se fait, et fait à son parti et aux possibles partenaires d’une alliance, pour affronter Pravind Jugnauth. Si Patrick Assirvaden, Shakeel Mohamed et Arvin Boolell n’ont pas le courage de le dire à leur leader, nous, nous pouvons nous permettre de lui dire qu’il a tort de vouloir redevenir Premier ministre. Ramgoolam a perdu deux élections « back to back »,et tout bon leader aurait dû tirer les conséquences de ces deux défaites.

En plus, avec ses soucis de santé, l’occasion était rêvée pour lui de tirer sa révérence en douceur, et de laisser la barre du parti à un jeune. Mais visiblement, malgré ces deux défaites électorales, il est clair que Navin Ramgoolam a toujours un problème d’orgueil et d’ego. Comme Paul Bérenger aussi. Même si ce dernier a signifié qu’il ne sera pas candidat aux prochaines joutes électorales. Mais il n’a toujours pas réglé la question de succession au MMM. Ce qui est indigne d’un bon leader. Qui aurait dû s’assurer de cela bien avant son départ du parti. Et si on lui suggèrerait le nom de Joanna, on entendra dire : »Dan MMM pena sa. ».S’il n’y a pas de dynastie dans ce parti, pourquoi ne pas nommer Reza Uteem, Ajay Gunesh ou un jeune de l’aile jeune comme leader du MMM ? En laissant le temps au temps, Bérenger ne permet pas à son parti de respirer.

La même problématique se pose au PMSD. Quoique Xavier Duval est encore jeune. Mais pour lui aussi se posera la question de la succession à la tête du parti. Et c’est là que Bodha et Bhadain entrent en jeu. Eux voulaient mener toute future alliance, L’Espoir ou avec le Ptr, du fait qu’ils ne forment partie d’aucune dynastie politique. Et les deux ont compris aussi que le peuple en avait marre des « dinosaures » des partis mainstream. En croyant faire fi de cette volonté populaire, Navin Ramgoolam croyait avoir le vent en poupe, après la salle pleine de l’auditorium de Trianon. Mais, le DPP en a décidé autrement.

Un leader sage aurait immédiatement fait savoir qu’il laisse les rènes du parti à quelqu’un d’autre, pour mieux défendre son dossier en Cour. Attendons voir ce que fera Ramgoolam. Mais le connaissant, c’est sûr qu’il ne lâchera pas du lest. Car, sans le Ptr il n’est rien. Il subira donc les conséquences de son ego. Et devra s’attendre à que le contenu de son coffre revienne au centre de toute campagne politique, tant pour les municipales que pour les générales.

En clair, cette affaire embarrassera le parti. Les cyniques trouveront que Satyajit Boolell met encore une fois une épine dans les pieds de Ramgoolam, lui faisant comprendre qu’il écrase trop le petit orteil d’Arvin Boolell. Mais ce serait réduire le bureau du DPP à une affaire de famille. Toujours est-il que toute bonne Cour de justice ne pouvait banaliser le fait que Rs 200 millions se trouvaient dans un coffre chez un ancien Premier ministre. Et même s’il a donné des explications quant à la provenance de cet argent, il est difficile d’avaler la couleuvre des dollars neufs qui s’y trouvaient.

Si dans l’opposition Bodha et Bhadain peuvent se réjouir de ce jugement, au gouvernement, Pravind Jugnauth doit se frotter les mains. Ramgoolam out, c’est donc un boulevard qui s’offre à lui. Mais, son gouvernement est impopulaire. Et si des mesures correctives ne sont pas prises, lui aussi aurait tort de s’emballer.

Car, ce qui s’applique à Ramgoolam peut tout aussi bien s’appliquer à lui. L’homme propose oui, mais n’escamotez jamais l’équation divine dans tout calcul politique !

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