April 19, 2024
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Opinion

Les manœuvres infectes de Navin Ramgoolam

Écoutez la différence et le décalage s’immensifie entre deux leaders totalement aux antipodes. D’un côté, le savoir-faire, la maîtrise, la franchise, l’élégance ; et de l’autre côté la dérobade, le faux-semblant, le recours au moyen détourné et artificieux. Alors que chez Pravind Jugnauth, c’est le trancher net avec ceux qu’il avait pris le soin de pas aligner comme candidats, dans un esprit de compromis et de compromission ; du côté des rouges Navin Ramgoolam, à la mesure de sa manque de finesse et de sa lâcheté, qui se débarrasse d’une façon indigne de ce lot d’aspirants-candidats (après les avoir longtemps enivré avec des promesses sans lendemain. Durant sa carrière, Navin n’a jamais eu le courage de faire face à ces prétendants à l’investiture, jetés en pâture, et leur apporter un certain réconfort. Quand il était PM, il imposa honteusement cette sale besogne d’annoncer aux délaissés la mauvaise nouvelle, à sa secrétaire confidentielle.

Après avoir confisqué tous les appareils du parti depuis son retour au pays en 1991, NCR n’a jamais concédé, renoncé ne serait-ce qu’une infime partie de ses pouvoirs. On ne comprendra jamais l’entêtement de ces inconditionnels à courir cette course aux tickets, tout en sachant que le résultat ne sera autre qu’asservissement, injures, insultes et mépris. L’auteur de ses lignes a été un témoin de l’usage de ces pouvoirs de manière autoritaire et abusive, excessive et s’estime digne de n’avoir jamais fait partie de ces coteries lesquelles pour des faveurs, des honneurs, acceptaient de marcher à quatre pattes, de perdre leur honorabilité, leur dignité d’homme devant le grand manitou.

La plupart du temps, ceux qui ne sont pas retenus jouent au drame de l’indignation inutile et s’imposent une cure du silence. Souvent, pour la simple raison de ne pas compromettre les perspectives d’une nomination. Toute réaction s’apparenterait à un saut périlleux dans le vide. Mais, le maître du jeu disposant d’un pouvoir sans partage, ne se soucie plus depuis belle lurette des sensibilités des autres. Rarement, quelqu’un (au cœur et à l’esprit intrépide) se soulèvera contre NCR, pour se faire respecter et faire respecter certaines valeurs.

L’affable Monsieur va bien et entend diriger sans entrave, sans leçon de morale, sans la moindre gène. Il fait argent de tous prétextes et manipuler la conscience, il ne s’en porte que mieux. De sa liste de rejetés, deux noms sautent aux yeux : Ashraf Dulull et Eric Ng. Cela fait quelques années qu’il aura fait leurs éloges, se confiant souvent à eux et leur promettant ciel et terre. Aujourd’hui, il les efface d’un trait de plume et son renoncement coutumier aux promesses déclamées avec passion ne lui pose aucun problème.

Et, ajoutons à sa perfidie le coup de grâce au Dr Rashid Beebeejaun. Il n’a jamais eu Salim le fils en odeur de sainteté. Pour neutraliser toute démarche d’un ticket auprès d’un autre parti, il emberlificote le père avec un soi-disant poste de Président. Et, à la veille du Nomination day, le nom de Sir Hamid Moollan est cité comme le successeur d’Ameena Ghurib-Fakim. Un ancien PPS résume parfaitement l’infecte manœuvre de Navin : « Il a su éliminer et le fils et le père traîtreusement ».

Navin Ramgoolam a les mains liées depuis 2015 à des bailleurs de fonds dont les réputations ont été souillées par des histoires de pot de vin et d’entorse professionnelle. Et, aujourd’hui ils sont candidats, au détriment de compétences. Il l’a tout faux, ses yeux s’étant déplacés plus haut, au point où il ne voit que l’épaisseur du porte-monnaie. Tout va pour le mieux et dans le meilleur des mondes.

Heureusement que des partisans éclairés commencent à s’insurger contre les choix frelatés du leader. Ils passent même à l’acte impensable qui est celui de brûler les drapeaux du parti. Les discours deNCR avec des trémolos dans la voix pour amadouer les rouges vifs du parti ne passent plus. Ils en ont assez de marcher au pas cadencé du chef. Quand même, ailleurs, d’un tel mal il sort souvent un bien. Chez Navin, il n’y a plus de raison et de lucidité pour se ressaisir. Ou plutôt, il raisonne à la mode Astérix. Cependant, la fiole de potion magique est vide.

À qui Navin Ramgoolam va-t-il faire avaler ses couleuvres qu’il gagnera les élections ? Paul Bérenger avec son sens de la répartie marquant a trouvé la phrase juste pour jauger les chances infimes de NCR de reprendre le pouvoir : « ki sann la dan biro vote pou blier sa zimaz kpfor pe vomi bann billets… ». Oui, l’inscription est sur le mur.