March 29, 2024
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Opinion

Les séquelles de Batsirai

Tout cyclone tropical intense effraie. Batsirai nous a contraints d’être sur le qui-vive. À mesure qu’il s’approchait de nos côtes. Dieu merci qu’il est passé à plus d’une centaine de kilomètres du littoral nord. Sinon, en ce 3 février, l’île Maurice se serait réveillé sous le choc, la consternation, la désolation. Tant cette violente perturbation atmosphérique était très forte et capable de tout détruire sur son passage.

Nom zimbabwéen signifiant aide, Batsirai l’aura été pour nos réservoirs et nos nappes souterraines. Mais pour ce qui est de ses rafales, l’alerte 4 imposée par le service national de météorologie aura été une première pour nos enfants et de nombreux adolescents. La dernière fois que la station de Vacoas avait émis un bulletin de cyclone de Classe 4 remonte à février 2007 lorsqu’un météore baptisé Gamede avait fait des siennes dans les Mascareignes. Deux morts à Maurice et autant à La Réunion avaient été déplorés à la suite de son passage et des inondations qui s’ensuivirent. Hyacinthe toutefois, qui avait frappé Maurice, Réunion et Madagascar en janvier 1980, reste le détenteur du record mondial de la pluviométrie plus de 40 ans après son établissement.

Qui dit cyclone intense dit dégâts et séquelles. Même si Batsirai s’éloigne des îles sœurs et menace désormais les Malgaches, nous sommes sous l’alerte des pluies torrentielles depuis ce jeudi matin. Les grosses averses abondantes représentent un danger pour la population. Le public est donc avisé de ne pas s’aventurer près des cours d’eau et des rivières en crue tant le risque de fatalité est réel. Avec des poches de brouillard sur certaines routes et des débris pas encore déblayés, la plus grande prudence est recommandée. Tout manque de concentration et toute négligence ou maladresse peuvent avoir des conséquences graves. Tous les usagers des voies publiques doivent faire preuve d’attention et de prévoyance parce qu’un malheur arrive vite dès que l’on néglige les conseils et les précautions, oubliant que les conditions cycloniques prévalent même si Batsirai n’est plus dans nos parages immédiats.

Les répercussions sur la corbeille ménagère ne seront pas nouvelles. Surtout quand il s’agira de se procurer légumes et fines herbes tout particulièrement. La qualité de l’eau sera un autre sujet de préoccupation et il faudra la bouillir avant de la consommer. Autre risque pour la santé est la prolifération de moustiques. Avec autant de soucis que transporte un cyclone sur son passage, de telle calamité n’est jamais la bienvenue chez nous où des citoyens vivent encore dans des bicoques et des maisons en tôle. Et où les sans-abris font pitié car condamnés à toujours subir les intempéries. La situation de ces hommes, femmes et enfants qui vivent dans l’extrême pauvreté est très critique quand sévissent de mauvaises conditions climatiques.

Enfin, terminons sur une note tragique qui doit servir de leçon aux décideurs. Ramjeet Gosto, chauffeur de Triolet Bus Service, a rendu l’âme tôt ce matin en allant au travail. Cet homme de 55 ans roulait sur sa moto à Trou-aux-Biches lorsqu’il a heurté un arbre qui n’a pas résisté aux vents violents de Batsirai. Quand l’on sait que la fourniture de l’énergie électrique a été interrompue dans plusieurs endroits et que les rues et routes n’étaient pas éclairées suite aux dégâts causés par le cyclone, quelle urgence y avait-il d’enlever l’alerte cyclonique 4 à 4h du matin, contraignant les chauffeurs, receveurs et des ‘frontliners’ à se rendre au travail dans le noir avec le risque que l’on a vu ? La station météorologique de Vacoas se doit d’être plus responsable et consciente des éventuels dangers avant de laisser parler son amateurisme et son insouciance. Les prévisionnistes font un travail remarquable et responsable, il est vrai, pour informer la population. Mais la direction a le devoir de veiller et d’assurer la sécurité maximale des Mauriciens avant de se prononcer sans penser à plaire à qui que ce soit ou à obéir au diktat venu d’ailleurs.