March 29, 2024
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Lutte contre la drogue : Une approche consensuelle pour une action plus efficace

Jamais depuis que le pays est confronté au problème de la drogue a-t-on vu un tel consensus au sein de la classe politique pour en finir avec ce fléau. La reprise des débats sur le Dangerous Drugs Bill, à l’Assemblée nationale, hier, est venue confirmer, si besoin était, qu’opposition et gouvernement peuvent faire taire leurs différends quand il s’agit de sauver le pays d’un mal qui le ronge insidieusement. Car c’est bien de cela qu’il s’agit puisque la drogue, on ne le dira jamais assez, détruit la vie de nombreux jeunes et plonge de nombreuses familles dans le désarroi le plus total, alors même que c’est sur notre jeunesse que repose l’avenir du pays, dont l’image est ternie par cet odieux commerce.

Alors que jusqu’ici l’opposition se contentait de rendre le gouvernement responsable de la présente situation concernant la drogue et que ceux au pouvoir se glorifient qu’il y a actuellement plus de saisies que sous leurs prédécesseurs, c’est, semble-t-il, l’intérêt du pays et de sa population que l’on veut faire primer d’un côté comme de l’autre. Et c’est tant mieux, car la drogue touche aujourd’hui tant les villes que les villages. Au-delà des critiques habituelles, on aura noté, avec satisfaction, que l’opposition de même que des membres de la société civile, qui sont généralement très critiques envers le gouvernement quand il s’agit du trafic de drogue, font cette fois d’intéressantes suggestions pour aider à combattre ce fléau de manière efficace.

Trafic de drogue et corruption

C’est sans doute l’approche plus humaine du gouvernement sur cet épineux dossier qui explique ce changement d’attitude des uns et des autres car, avec le nouveau texte de loi, le gouvernement accepte enfin l’utilisation du cannabis à des fins médicales, la réhabilitation des consommateurs de drogues plutôt que la punition tout en augmentant les peines prévues pour les trafiquants. Il était temps que nos politiques, à quelque bord qu’ils appartiennent, comprennent qu’on ne peut faire d’un sujet aussi important un enjeu politique. Tous les parlementaires qui sont intervenus dans le débat sur le projet de loi ont jusqu’ici fait preuve de sobriété dans leurs propos comme pour montrer leur volonté de sortir le pays de cette mauvaise passe d’autant, que le trafic de drogue va de pair avec la corruption qui permet d’acheter le silence de ceux chargés de le combattre tout en favorisant l’omerta.

On retiendra en particulier la proposition de Xavier-Luc Duval pour la tenue, en janvier de l’année prochaine, des assises de la toxicomanie qui réunirait tous les acteurs concernés, notamment les dirigeants politiques, la force policière, le service des douanes, des sociologues, des psychologues, des travailleurs sociaux, des responsables de centres de réhabilitation, des responsables de l’éducation nationale, voire des parents de toxicomanes pour dégager une approche holistique afin de débarrasser le pays, à tout jamais, de ce fléau.

Le député Kushal Lobine propose pour sa part que des amendements soient apportés à la loi régissant les certificats de caractère afin de faciliter la réhabilitation et la réinsertion des toxicomanes trouvés en possession de produits illicites. L’ancien commissaire du Bureau des Narcotiques, Ajay Daby, avocat de profession, propose, lui, la création d’un tribunal spécial, une «Drug Court» avec échanges de «particulars» entre la défense et la poursuite comme dans les affaires civiles afin que d’activer les procédures légales pour que les procès puissent commencer trois mois après l’arrestation des suspects et que le verdict soit connu au bout de six mois. Autant de suggestions, parmi d’autres, qui méritent d’être prises en considération si l’on veut vraiment démanteler les réseaux de drogue et libérer notre pays des griffes de ceux qui vivent du commerce de la mort.

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